Antoine Vignac ou l’Amillésime : un grand cru toujours à l’équilibre

Antoine Vignac ou l’Amillésime : un grand cru toujours à l’équilibre

Arnoa signifie « vin » en basque. On pourrait juste raconter que si Antoine a ajouté un T c’est parce qu’il avait déjà imaginé exposer les copains dans son bar à vin, mettre en valeur les gens, les choses et les causes qui lui tiennent à cœur ; parce que, dans un bar, le principe c’est le partage et qu’on parle et qu’on cause. Mais en racontant ça, simplement, on ne dirait pas tout, on manquerait l’essentiel, parce qu’à l’Artnoa on partage, on échange mais avec engagement, passionnément.

Le projet d’Antoine a 25 ans c’était ça déjà. Depuis, tout n’est qu’histoire de suite dans les idées, de poursuite d’un rêve, d’un but, d’être cap’ tout en gardant le cap.

C’est ce qui arrive souvent avec les gens bien ancrés, solides sur leurs fondations et leurs valeurs : ils savent d’où ils viennent et où ils vont.

Antoine Vignac est un Jack Kerouac avec la sensibilité de Cognetti, la malice de d’Ormesson et le cœur de Mère Thérésa. Oui ! Tout ça à la fois. Et tout à chacun qui a croisé son chemin vous le confirmera. Il est de ces gens qui font l’unanimité, que tout le monde aime car personne ne déteste l’Authenticité et la Simplicité.

Au cours de son portrait, il nous a beaucoup parlé de Henri Jayer, cet homme du terroir qui disait notamment :

« La grandeur c’est l’équilibre et l’équilibre c’est la base, c’est ce qui fait qu’un vin est grand« .

On peut donc dire qu’Antoine est un grand cru. Toujours juste, toujours ponctuel, droit mais avec cette pointe de folie qui rend la vie plus jolie, Antoine nous donnerait presque envie d’inventer un mot : l’Amillésime.

Mais, tout comme l’océan qu’il aime tant, Antoine est un paradoxal, un tempétueux mesuré. Il aime le noir et le blanc, le rouge surtout, le vert et le bleu. Il aime la solitude et le sauvage mais aussi la convivialité et le partage. Il est à l’équilibre de ceux qui ont compris que les paradoxes sont des éternuements de l’esprit, que les certitudes ne servent à rien dans la vie car finalement « La vie, c’est la route » et que si tout change et que rien ne dure, il faut simplement s’adapter, faire avec et … surfer !

Il est de ceux qui ont les yeux grands ouverts, le cœur qui bat très fort et qui accueillent en tendant la main avec générosité, curiosité et (vraie) présence … Rencontrer Antoine c’est rencontrer la sobriété de l’ivresse et tout ce que l’on peut vous dire de ces moments partagés c’est que, dans le Petit Larousse illustré, à l’expression « l’Art de recevoir », on y retrouve son portrait.

Forme Libre

Antoine ou L’Amillésime. 

« Si tu étais un Pays…Tu serais…

C’est une question difficile, j’aime beaucoup la France et son art de vivre … enfin j’aime le Pays Basque. Mon pays. Toutefois, si je devais être un pays je crois que je serais un pays nordique. Mon premier coup de foudre de voyageur a été la Finlande … ce qui est étonnant parce que ce n’est pas un pays de producteurs. Mais quelque chose m’a frappé, touché là-bas : le respect des gens, la beauté de la nature, la fierté de ce peuple : ils ne se sont jamais perdus malgré les invasions, les mises sous tutelle, ils sont restés eux, vrais, droits dans leur identité de Finlandais. C’est quelque chose qui me parle et me touche beaucoup … c’est grand et c’est beau comme leurs grandes étendues. Tu sais qu’il y a 50 000 lacs en Finlande ? De quoi prendre une belle barque et aller pêcher ! C’est cette quiétude là qui m’a plu là-bas.

« Si tu étais une Couleur… Tu serais…

Le bleu de l’océan … tumultueux et calme à la fois.
L’eau est mon élément bien que je sois un terrien qui aime le vert foncé, celui que tu vois sur les murs de l’Artnoa.

Mise en place de la nouvelle expo de l’Artnoa par Franck Cazenave et César Ancelle Hansen ; Ici une représentation japonisante du Tamaris par Lucia Wainberg. 

« Si tu étais une robe… Tu serais…

Le Rouge. La douceur chaude, le vin que l’on partage. Il est à la fois chaud et froid. C’est une couleur qui me plait, qui m’évoque la passion, l’engagement et l’intensité.
J’aime beaucoup la pureté du blanc mais le blanc ne tolère pas l’imperfection. Il doit être droit. Et dans la vie, rien n’est jamais vraiment parfait, non ? Et c’est ce qu’on aime !
Le blanc reflète la lumière, un truc un peu sacré … mais c’est dans le rouge et le noir que l’on trouve le plus de profondeur, d’authenticité et de vérité.

« Si tu étais un Cépage… Tu serais…

Un cépage qui enivre… qui donne autant de souvenirs qu’il enivre.
Un cépage qui porte une histoire… Le pinot noir !
Il y a une prouesse dans sa vinification liée à la climatologie de son terroir. Toutefois, malgré cette dureté du chai il y a une fraicheur, une gourmandise en bouche qui ne déçoit jamais. Le pinot noir c’est le respect de l’équilibre pour moi.

« Si tu étais un Mot… Tu serais…

Connard !

C’est un mot aussi affectif que vulgaire pour moi et il me fait penser à Cheche, un très bon ami parti beaucoup trop tôt… C’était son mot préféré.

« Si tu étais un Artiste… Tu serais…

Je vais encore te faire le coup du contraste ! Comme avec les pays scandinaves et les couleurs !

Je serais un Paolo Cognetti
qui chante du System of a Down
et j’organiserais des concerts avec des chèvres
en pleine nature !

Cognetti, le garçon sauvage pour sa sagesse et son amour de la montagne et de la nature. J’aime sa lecture du sauvage. Enfin son écriture du sauvage. En disant cela, je pense à mon ami Romain Quesada. C’est lui qui m’a offert mon premier Cognetti. Nous partageons, entre toutes autres choses, cette passion pour le brut, le naturel, la nature. Son livre – « Itsas Mendi, ou la nécessité du sauvage » – est une pépite. 

Quant à System of a down, j’aime le fait qu’il est difficile voir impossible de les classifier. C’est un groupe californien originaire d’Arménie. Leur musique a une diversité d’influences assez dingue. Ils ont expérimenté des mélanges, des mix de riffs de guitare, de chants mélodieux, des structures sonores inhabituelles. C’est très progressiste. Et engagé aussi : les paroles sont souvent dadaïstes et indirectes. Elles fustigent la guerre, la société de consommation et la mondialisation. Sans parler d’engagement politique, il y a une forme d’humanisme dans cette musique qui me parle.

« Si tu étais un peintre… Tu serais…

Je serais un pinceau qui travaille la couleur et la forme comme celui de Matisse ou de Miro.

« Si tu étais un acteur… Tu serais…

Bourvil. Définitivement pour la sensibilité de son rire.

« Si tu étais un aliment… Tu serais…

Un légume racine. Un radis noir, un rutabaga, quelque chose de racinaire, qui vient de la terre. Un légume de la famille des navets.

Si tu m’avais demandé un fruit, je t’aurais dit une pêche plate !

« Si tu étais un animal… Tu serais…

Surtout pas un chat !

Je ne serais pas un animal terrestre, quitte à être un animal autant découvrir un univers qui m’est inconnu, explorer l’immensité de l’océan ou voler avec la liberté d’un oiseau. Allez pour la liberté je choisis le bartavelle … et aussi pour la Gloire de mon père, une référence à Pagnol !

« Si tu étais une plante… Tu serais…

Le jonc.
Le jonc de mer. Est-ce que tu sais que le jonc est un super indicateur de la qualité de l’eau ? Si tu en vois c’est que l’eau est propre. Du coup j’adore en voir, on fait n’importe quoi avec les océans, ça a tendance à me rendre fou. Du coup, le jonc de mer me rassure.

Oh tiens, je dis rassurer et je pense à ma grand-mère … sa fleur préférée était la belle de nuit.

« Si tu étais une partie du corps humain… Tu serais…

Je ne peux pas te répondre sans être vulgaire ou que tu ajoutes un hashtag me too à ton article !

Disons élégamment que je serais une partie charnelle…

« Si tu étais une pièce de la maison… Tu serais…

La cuisine ou la salle de bain. Une pièce d’eau. Bon autant te dire qu’il y en a une où je passe plus de temps que l’autre… et je ne parle pas de la salle de bain !

© Thomas Lodin.

« Si tu étais un sport… Tu serais ?

Le surf ou le snowboard, dans la vie faut qu’ça glisse !
Mais le surf quand même … si j’aime autant mon métier, si j’ai ce sentiment à la fois de chance et de bonheur au cœur c’est parce que je peux à tout moment et quand je veux enfiler ma combi, prendre ma planche et descendre à la Côte des basques prendre des vagues ! Enfin je devrais dire quand les conditions le veulent. Le positionnement de l’Artnoa est magique pour ça et j’ai aussi une super équipe qui tourne et en qui j’ai toute confiance qui me permet d’avoir ce luxe là.

Mais je dois préciser que le surf n’est pas qu’un sport, c’est un mode de vie, un art de vivre, une manière de penser, d’apprécier la vie, les choses et les éléments. C’est un sport ingrat : tu peux avoir la sensation de voler sur l’eau un jour et prendre un bouillon le lendemain. Le surf apprend l’humilité, le lâcher prise et permet de réaliser que rien n’est acquis ; que c’est là, tout de suite maintenant que tout se passe et qu’il faut apprécier le moment. C’est grâce à mon ami Clovis Donizetti et à la beauté de son surf que j’ai compris la philosophie de cette discipline.

« Si tu étais un sportif… Tu serais ?

C’est une question difficile, j’ai tellement d’admiration pour les sportifs de haut niveau. Leur abnégation et leur discipline.
Je pense que je serais un surfeur mais un Ancien, de ceux des années 50/60 qui ont tout créé : la magie du sport, le lifestyle, les codes et les règles … je serais Phil Edwards.

Ou un snowboarder des années 90/2000, Peter Line ou JP Walker qui ont tout explosé en free style ! La grande classe. Ou Mathieu Crepel, mon grand copain, seul français à avoir été champion du monde du circuit pro.

Et si tu devais passer 24h avec quelqu’un ?

 

Henri Jayer pour lui parler de sa vie, sa vigne, son vin. Il a contribué à l’évolution du vin tel qu’on le conçoit aujourd’hui : Propre et Grand. D’ailleurs il disait qu’un grand vin est grand vin, qu’il soit jeune ou vieux, il est bon tout le temps, dès l’origine et jusqu’à la fin. Il naît grand.

Henri Jayer était un précurseur et un avant-gardiste : il a défendu avant tout le monde le labour en s’opposant à l’utilisation intensive de produits chimiques. Il ne filtrait rien, recourait à l’éraflage mais, en fait, il n’avait aucun filtre dès lors qu’il s’agissait de s’engager pour la promotion et le développement des techniques de vinification. 

Pour la viticulture Bourguignonne, c’est un personnage légendaire. Pour la viticulture en général d’ailleurs. Il a influencé de nombreux vignerons notamment sur l’importance du travail dans les vignes, sur le respect de la terre. En bref, il est de ceux qui considéraient qu’un grand vin est conçu dans le vignoble ; pas dans la cave.
Aujourd’hui, ses vins se vendent à prix d’or comme son Richebourg 1978 ou son Vosne 1er cru Cros Parantoux. Il en est a l’origine d’ailleurs alors même que le Vosne Romanée est réputé très difficile à cultiver. Et je ne te parle pas de Echézeaux et Clos de Vougeot, des Brûlées et des Nuits Saint Georges Les Murgers. De l’art dans le respect et les règles de l’art. Tout ce que j’aime.

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si Antoine était unE CITATION, Il serait…

« La BONNE HUMEUR A QUELQUE CHOSE DE GENEREUX : ELLE DONNE PLUTOT QU’elle ne REçOIT. »

Alain

Une petite surprise pour Antoine en message d’amis : 

Marie-Astrid sommelière à l’Artnoa nous avait suggéré avec la validation de Jenny : 

 » La modeste et douce bienveillance est une vertu qui donne plus d’amis que la richesse et plus de crédit que le pouvoir « 

Quant à Romain Quesada, il proposait celle-ci : 

« Savoir partager son temps c’est savoir jouir de la vie » en hommage à ta curiosité et ton sens de la ponctualité (Rire)

Mais finalement celle qui te représente est peut-être celle que tu dis souvent : 

« Ce que je préfère dans le sport, c’est l’apéro !  » 

Retrouver Antoine à l’Artnoa,
Cave et Bar à vin au cœur de Biarritz
56 Rue Gambetta 64200 Biarritz
Du mardi au samedi 10-13h 16-23h 

Et si Antoine n’est pas là, demandez Marie vous pourrez lui parler de Forme Libre, elle est une de nos plus fidèle lectrice et amie. Et si Marie n’est pas là, y’a Damien qui sait lire, lui aussi et puis il y a Amaïa et Eloïse.
Une équipe de passionnés.

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Crédits Photos :

© Thomas Lodin 

Un immense Merci à Thomas Lodin pour ces sublimes images offertes de surf et d’Antoine qui viennent illustrer cet article. Le talent de Thomas se retrouve ici : thomaslodin.com et sur instagram @thomaslodin

© Antoine Vignac & L’artnoa. Merci à Jenny Baricault pour son choix d’images.  

© Romain Quesada. Pour ceux qui auraient été piqués dans leur curiosité et qui souhaiteraient lire cette merveille d’œuvre qu’est Itsas Mendi : De la nécessité du sauvage, le site de Romain Quesada est par ici : Romain Quesada