Nina Bonomo ou la Formule de délicatesse

Nina Bonomo ou la Formule de délicatesse

« Dis Nina, dessine-moi un mouton ? »

Ou plutôt Nina, dessine-moi un nouveau monde, un monde né de tes mains talentueuses en dessin, de ton esprit vif et curieux et de ton regard doux et bavard !

Le monde de 2021, celui de demain …

Rencontrer Nina Bonomo est un cadeau. Ses mots – vous le verrez – tombent comme des notes au milieu d’une partition de musique : justes et ponctuant une mélodie universelle qui fait du bien, qui enveloppe et porte à réfléchir sur soi, les autres, la vie et sur notre place à nous au milieu de tout ça.

Nina, elle, se place « EntreDeux » . Elle aime le vert et le vin et déteste tout ce qui divise, sépare et fait frontière. Elle est une humaniste. De celle qui crée, réinvente, interroge les concepts et donne du sens aux choses. Sous l’effet de ses créations, nos espaces deviennent un peu plus de ce qu’ils sont : un pont vers là-bas. Nos murs deviennent alors scénographies, nos fenêtres s’ouvrent vers un ailleurs parées de palmiers et de fleurs et nos canapés deviennent le cadre d’envolées d’oiseaux des toiles de Haby Bonomo.

Autrement dit, Nina est le phénix de nos homes et de nos « chez-soi ».

Cette fibre artistique et cet amour du voyage Nina l’a reçu en héritage : c’est au travers d’un sensible et subtile mélange du travail de peintre de son papa (Haby Bonomo) et du savoir-faire en matière de textile de sa mama (Geneviève Levy Bonomo) que Nina fait de la poésie griffée Maison Levy.
Nina dit qu’elle édite des objets d’évasion. Nous on dit qu’elle fait tomber les frontières entre la décoration et l’art, entre le design et l’artisanat. Par l’apposition d’une toile de son papa sur un fauteuil ou un abat-jour, elle fait entrer la lumière, la couleur mais aussi la culture, l’histoire et l’art dans nos intérieurs.

Nina a un sol où poser ses pieds, mais, bien ancrée, elle a les yeux grands ouverts et un cœur qui bat. Très Fort. Une rythmique qui la pousse a toujours aller un peu plus loin et à ne jamais s’arrêter de faire des liens entre ici et là et entre avant et maintenant.

Son portrait est une ode à l’universalité et pour commencer l’année nous n’avons pas trouvé mieux que de vous offrir comme formule de politesse et bons vœux une formule de délicatesse car tout ce que nous vous souhaitons pour 2021 c’est un coussin Maison Levy où poser votre tête et rêver et d’avoir des amis comme elle avec qui partager un verre de vin et trinquer à la Magie de la vie !

Rêvez !

Forme Libre

Nina Bonomo ou la formule de délicatesse

« Si tu étais un mot…Tu serais…

Bienveillance.
C’est un mot très important pour moi car il incarne une posture vis-à-vis du monde et des autres qui est le point de départ de tout, la porte ouverte à l’univers des possibles.

Les mots ont un réel pouvoir. Ce qu’on peut être méchants ! Parfois sans le vouloir, on prononce un mot et ça fait l’effet d’une gifle à l’autre… Parfois en le voulant … et là il y a une malveillance mais souvent c’est une histoire de maladresse et de manque d’empathie. L’enfer est pavé de bonnes intentions en somme !

Donc la bienveillance. Poser un regard doux sur les autres, tous, quels (quelles) qu’ils ou elles soient, sur leurs actions, leurs mots et leurs maux et sur nous aussi – mais ça c’est encore une autre histoire ! – alors on ouvre sa porte et on laisse place à la surprise. Il faudrait nous défaire de nos certitudes. Elles sont chimères. Elles n’existent pas et sont autant de blocages au vrai voyage. Celui qui compte le plus : la rencontre avec l’autre, avec la vie et sa magie ! Bien sûr le cadre est important, nous avons tous nos fondations et avons tous besoin de repères. Avoir un sol où poser ses pieds est primordial. Ce sont nos racines mais, les pieds ancrés, j’aime l’idée de garder des yeux d’enfants grands ouverts sur le monde.

« Si tu étais un pays …Tu serais…

Là j’ai le cul entre deux chaises ! Cette question est compliquée, pour moi c’est un peu comme de me demander où va ma préférence entre mon père et ma mère.
Je n’aime pas la notion de pays. Elle enferme je trouve. Il y a quelque chose de l’Appartenance dans le concept de pays, de patrie. Un pays pour moi est un endroit où l’on se sent chez soi et je peux me sentir chez moi partout.

Je serais plutôt un interstice comme l’Atlantique, l’océan, la mer entre les continents. Mon père se disait appartenir au Rio de la Plata* ! Le fleuve entre deux rives…deux pays…

Je t’ai montré le livre de mon père sur son travail de peintre?
Il s’appelle littéralement « Entredeux ». Entre deux parce que toute sa vie il a questionné cette notion. Avec ce livre, il s’est donné la liberté de ne pas cataloguer, d’être ici et de là, d’un peu partout à la fois. J’ai grandi et me suis construite avec ses oeuvres. Mon père n’est plus là mais le sens qu’il a mis dans ce livre, me permet encore aujourd’hui de mieux comprendre ce sentiment tel que lui l’a vécu. . 

Je suis née dans l’entre deux ; deux pays, l’Argentine et la France, deux langues, l’espagnol puis le français. Je n’ai jamais pu choisir et je crois que je ne veux jamais choisir ! Les deux langues, cultures, sensibilités sont moi.

Je suis arrivée en France pour l’année de CP. À la réunion de pré-rentrée, je me rappelle de la directrice d’école qui disait à mes parents « Bon on va essayer », ce qui sous entendait,  » elle ne parle pas français alors je ne garantis rien !  » Plus lente que les autres élèves, pendant quelques temps j’ai été privée de récréation pour accéder à la langue de Molière, l’écrire et la parler ! Je m’interroge sur ce qu’est un pays… qu’est-ce qu’être d’ici plutôt que de là ?

Je serais donc « entre » ou « autour », j’aime l’idée d’être de l’eau qui court. Nous sommes faits d’eau. En mouvement perpétuel et permanent, nous glissons en suivant le courant ou en le remontant, notre mémoire garde tout ce que l’on a croisé en route.

*Ndrl: Le Río de la Plata (littéralement « fleuve de l’argent ») est l’estuaire commun aux rios Paraná et Uruguay, formant sur la côte atlantique sud-américaine une entaille (muesca) triangulaire de 290 kms de long. C’est un espace maritime dont les limites sont définies par l’Organisation hydrographique internationale. Le Rio de la Plata est considéré comme un fleuve, un estuaire, un golfe ou une mer épicontinentale ; c’est selon … selon que l’on parle à un géographe, un marin, un historien, une Paraguayenne ou un Uruguayen. Ah et vers la fin du XIX siècle, ses deux rives ont été le berceau du tango !

« Si tu étais un Aliment… Tu serais…

Le vin Rouge ! Une vraie franchouillarde pour le coup !

Du vin rouge parce qu’il symbolise le lien et le partage !

Je déteste tout ce qui peut diviser, cloisonner, séparer … restreindre … La liberté est une chose fondamentale mais on ne peut être vraiment libre à mon sens qu’en étant dans la tolérance et on ne peut être tolérant que si on prend le temps de rencontrer vraiment les gens, en buvant un coup par exemple !

« Si tu étais une couleur… Tu serais…

Le vert qui est aussi la couleur préférée de mon fils.
Mais j’aime les couleurs en général, comment ne pas aimer la couleur ?!

La couleur exprime tellement de concepts et de réalités, elle laisse place à l’interprétation et fait écho en nous et en tous. Elle est culturelle, symbolique, émotionnelle, énergétique même!

Le vert m’inspire spontanément la nature, l’espoir mais dans l’histoire de notre culture, le vert n’a pas toujours été une couleur positive et a longtemps représenté la maladie. Cela vient du fait en très autre, que le vert était une teinte instable chimiquement et difficile à fixer sur les textiles. Les adjuvants utilisés rendaient malade…Le vert est pour beaucoup de croyances une couleur à l’opposé de la nature. Certains disent même que si l’humain ne peut reproduire cette couleur sans procéder à un mélange c’est parce qu’on ne peut pas copier la nature, que ça porte malheur ! C’est ce qui est amusant d’ailleurs avec les superstitions car, souvent, derrière une fantasmagorie il y a une histoire explication plutôt rationnelle ! Et D’ailleurs, le vert porte la poisse au théâtre !

« Si tu étais un animal… Tu serais…

Le phénix ! Sans hésiter … !
Cet animal me fascine… cette capacité de réinvention constante, cette renaissance systématique.
Il incarne une icône, une image que j’ai beaucoup croisée tout au long de ma vie. Il m’a permis de m’autoriser à hurler pour la première fois. Il faut dire qu’il meurt en un cri, brûle puis renait de ses cendres. J’aime cette violence qui se transforme en poésie. Je crois que, comme souvent dans la vie, si cette image m’a autant interpellée c’est parce qu’elle faisait écho en moi. J’aime créer et recréer, faire et recommencer. Je ne me lasse jamais d’aller plus loin. Je ne sais pas laisser les choses comme acquises, c’est un peu épuisant mais je crois que je ne saurais vivre ma vie autrement : renaître, recommencer, exploiter les champs du possible encore et encore. Il y a tant à découvrir et à faire … pourquoi se contenter d’une seule forme ?

Une des premières phrases que nous avait appris notre institutrice en CP était « Maintenant je suis à la grande école, je ne dois plus rêver », je me souviens de la révolte que ça avait créé chez mes parents ! Je ne comprends pas pourquoi grandir et devenir un adulte devrait revenir à supprimer le rêve …

Nous devrions dire à nos enfants, nous dire,
tout le temps, à chaque étape, tout le long :
rêve, vis, ose !

« Si tu étais une piece de la maison… Tu serais…

La chambre. Être dans mon lit avec tout à portée de main est ce que j’aime. J’adore dormir depuis petite !

Le rêve, tout faire depuis mon lit ! Lire, créer, parler, penser, être !

Le sommeil est ma régénération. Comme le phénix ! Pour renaître, je dors !

Haby Bonomo « Nina au réveil »

« Si tu étais un objet… Tu serais…

Un doudou. J’adore l’idée de l’objet transitionnel !

C’est doux à la vue, au phrasé, au toucher, à l’émotion évoquée. Ça porte si bien son nom ! 

Un objet n’a pas de raison d’être pour moi s’il n’est pas lié à une émotion…

J’aime les objets s’ils ont du sens, c’est pourquoi je n’aime pas en avoir trop.

Les objets existent pour (nous) raconter une histoire, nous évoquer quelque chose de plus. Ils sont plus que ce qu’ils sont ou ils ne sont pas.

« Si tu étais une personnalité, un personnage… Tu serais…

Je ne veux pas être quelqu’un d’autre que ce que je suis. Mais j’admire tellement de personnes, j’ai envie d’être un peu de tous ! Mais n’est-ce-pas d’ailleurs ce que nous sommes ? Faits de morceaux de ceux qui nous entourent ?

Je sais ! La Pachamama !!! Une figure universelle, rayonnante, généreuse … en tous cas dans ce que moi je mets et attache de valeurs à cette cosmogonie andine de la Terre-Mère. Loin de moi l’idée d’être une déesse si ce n’est pour représenter quelque chose de liant, de fraternel entre tout et tous. Tu sais, la figure de Pachamama est particulièrement forte chez les peuples Aymara et Quetchua et pour la culture pré-inca Tiwanaku parce qu’elle incarne un lien entre la nature et l’Homme, entre les hommes, entre les objets et les figures. C’est le principe incarné de la connexion énergétique entre toute chose. J’aime cette idée car elle est à la base de tout : le respect, la tolérance, la bienveillance et la liberté aussi. Cette idée rayonne par-delà tous les rivages et les clivages.

Il nous appartient à tous d’être des pachamamas ! Nous sommes tous les choix que nous faisons, toutes les actions que nous réalisons et un peu tous les gens que nous croisons dans ce que nous prenons et laissons chez eux. Cette prise de conscience nous investit chacun d’une forte responsabilité, tout en étant source de grande force.

Et si tu devais passer 24h avec quelqu’un ?

 

Nan Goldin
Son travail me travaille !

C’est intéressant de voir les cheminements, les attachements et les liens qui se font entre la vie et la production artistique.
L’œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie : ses arrières grands-parents, juifs arméniens, ont fui la Turquie pour les Etats-Unis lors de ce que l’on a toujours pas droit d’appeler un génocide ; ses parents étaient assez bourgeois et elle avait des rapports complexes avec eux, elle a également été marquée par le suicide de sa sœur en 1963 … Enfin sans rentrer dans les grands détails c’est en photographiant sa famille qu’elle a entamé son œuvre photographique et elle est toujours restée très proche de l’album de famille, par sa technique comme par ses sujets.
Comme si la photographie était comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant de faire naître une deuxième mémoire.

« Si tu étais une personnalité, un personnage… Tu serais…

Et bien … Je crois que je serais sûrement la rencontre incongrue entre un téléfilm de Noël et l’univers de Nan Goldin.

Une des oeuvres qui m’a le plus touchée est une installation de Nan Goldin, Soeurs, Saintes et Sibylles justement.

Elle m’a tellement émue et même si c’est sombre, je crois fort qu’on est fait de toutes nos brisures et rencontres ainsi que des morceaux des gens qui nous entourent… 
J’ai vu cette exposition à la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière en 2004 avec mon père. Ce moment m’a marquée à vie.

Beaucoup d’œuvres m’ont construite, le travail de peintre de mon père bien sûr, le dessin en lâchés et vides de Toulouse Lautrec dont j’aime tout, Francis bacon quand j’ai appris à regarder son travail, Giacometti dont l’art du gribouillé, du fragile me fait pleurer !
J’aime les gueules cassées quoi.

« Si tu étais une partie du corps humain… Tu serais…

Les yeux of course!
Ceux qui brillent, qui aiment, qui noircissent comme l’orage et s’éclaircissent comme un sourire !

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si Nina était unE CITATION, elle serait…

« Le seul, le vrai, l’unique voyage
C’est de changer de regard »

Marcel Proust

La poésie de Maison Levy

* Se lit ici : Maison Levy – Le site

* Se regarde là : @MaisonLevy 

* Se montre au 20 Rue Taylor Paris

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© Crédits Photos :

Maison Lévy
Haby Bonomo
Mélanie Lenormand
Pinterest

Suliane ou l’Anticonformiste

Suliane ou l’Anticonformiste

Suliane Valadié ne peut se résumer. Si elle était un mot ce serait indicible. Ça l’embête parce qu’elle ne le trouve pas beau ce mot. Et pourtant Suliane a ce petit je-ne-sais-quoi qui ne se décrit pas. 

Hôte de Etxe Goria, Maison de charme située dans le centre de Biarritz, elle est aussi l’artiste qui se cache derrière SVEG, des céramiques qui attirent l’œil. Le 3ème pour être précise. 

Mais puisqu’avant de s’introduire au delà du patio pour entrer dans cette maison passion, il nous faut faire les présentation en introduction, nous dirons juste que Suliane porte un oeil taquin, coquin, malin sur les choses, les gens et la vie mais surtout qu’elle saupoudre celle-ci d’humanité, de finesse et de poésie. 

Suliane est à la fois à l’accumulation et à la mesure de toute chose donnant à sa maison une osmose qui donne envie de se peloter à la basque blotti sous la varangue en parlant d’amour, de pastèque, de Niki de Saint Phalle et du douanier Rousseau avec celle qui, si elle devait être une citation serait « Une femme libre est tout le contraire d’une femme légère ». 

Rencontre.

Forme Libre

Suliane ou l’anticonformiste

« Si tu étais une Couleur…Tu serais…

Un rose beige, un rose subtil, délicat … un beige roseté avec une teinte de jaune.

Mais je dois dire que le Vert me nourrit. Attention pas n’importe quel vert, j’ai une aversion pour le vert anis ! En revanche, j’ai un côté herbivore, le vert herbe est puissant pour moi. C’est une couleur forte en énergie, je me recharge avec le vert herbe.

« Si tu étais un pays …Tu serais…

La France ; du Nord au Sud ; de la Bretagne en passant par la Corse ; des Causses au Pays Basque en faisant un pont vers Avignon et en buvant un pot en Bourgogne ou à Bordeaux. Tout est beau … j’ai l’œil qui se perd totalement rien qu’en visualisant la France tellement c’est riche, tellement c’est puissant cette diversité de nature aussi bien travaillée et construite que sauvage ou en friche.

« Si tu étais un Mot…Tu serais…

Indicible.

C’est un jeu de mot par rapport à ce que tu me dis et me demandes. Un clin d’œil en réponse à ta question. Mais ce n’est pas un joli mot, ça m’embête. Tant pis c’est peu esthétique mais ça a le mérite d’être humoristique ! C’est déjà ça si ce doit être moi.

« Si tu étais un Aliment…Tu serais…

La Langoustine ! C’est très simple car ça se suffit à soi-même. Ca ne réclame rien d’autre, c’est d’ailleurs brut et nature que ça révèle le mieux ses saveurs… Mais… le paradoxe là-dedans c’est que ça coûte une blinde !

« Si tu étais un objet… Tu serais..

Un casse-noisette.

Le mien, celui qui est dans le salon dans le panier à noix. Cet objet en laiton ; si chic et décalé ! Je l’adore !

Et … force est de reconnaître que je suis sacrément « casse-c… noisettes » !

Blague à part, je me retrouve également beaucoup dans la symbolique de la théière ; sauf que, si j’aime ce que représente ce moment de pause au cours duquel on ose arrêter le temps pour papoter ou prendre l’air, je n’aime pas le thé !

… Ah mais ! Je sais ! C’est évident !

Je serais une Porsche 911 mais pas n’importe laquelle … La Type G 1974.

D’une couleur bien spécifique: ni kaki, ni marron, ni jaune.

J’aurais adoré être pilote automobile, j’aime la vitesse, la sensation de liberté que tu éprouves en accélérant, l’adrénaline engendrée. Ce truc excitant de voir l’aiguille monter sur le cadran …

J’aurais adoré pouvoir vivre ça plus régulièrement , mais comme nous sommes limités à 130 max j’ai une vieille caisse qui me mène d’un point A à un point B et je m’éclate en scooter et en moto … en attachant bien mon casque !

« Si tu étais une piece de la maison… Tu serais…

La chambre. J’aime être au lit. En bonne compagnie. Avec un livre ou un bon petit déjeuner. C’est le cocon… Oui ; je suis très lit !

« Si tu étais une personnalité, un artiste … Tu serais …

C’est TRES réducteur ton truc !

Spontanément j’ai Niki de Saint Phalle qui me vient à l’esprit. Je n’aime pas son art mais j’en admire la puissance et par ricochet admire la femme forte qu’elle était. Pour tout te dire, je l’ai redécouverte au Guggenheim à Bilbao où j’étais allée à reculons … mais … Quelle intelligence … Quel parcours :
Elle est une femme dont on a beaucoup dit qu’elle avait toujours su jouer de sa beauté pour attirer l’attention des médias sur elle. Elle avait été mannequin à New-York, le raccourci était simple. Et puis à plus de 70 ans elle a publié un livre, révélant qu’elle avait été violée enfant par son père, qu’à 22 ans elle a été soignée en hôpital psychiatrique suite à une grave dépression nerveuse et que les électrochocs qu’elle y a reçu ont sévèrement altéré sa mémoire.

« J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie. » 
Niki de Saint Phalle

Le truc qui calme de suite les médias et les critiques systématiques… Mais bon, si les médias se sont fait avoir par son apparente désinvolture et légèreté en la considérant à tort comme un buffet, son travail a très vite été reconnu par ses contemporains et notamment Jean Dubuffet justement ! Elle n’a suivi aucun enseignement artistique académique, mais s’est nourrie d’abondants échanges avec ses aînés. Elle a fait de l’art brut et de l’art outsider, comme quoi il n’y a pas de hasard ! Elle est une des rares femmes à être pleinement intégrée aux  » Nouveaux réalistes  » avec Christo, César, Memmo et Yves Klein. Sa rencontre avec son mari Jean Tinguely a libéré son art, elle s’est émancipée à ses côtés. Pour moi, elle incarne une forme de libération par l’expression artistique et le couple qu’elle forme avec Tinguely est une référence. Même si je n’aime pas l’Œuvre qu’ils laissent.

En revanche, je suis fascinée par le travail sur la lumière de James Turrell. Avec lui, tu as cette sensation physique hallucinante d’entrer dans la couleur. C’est absolument fascinant !

Pour la couleur je pourrais te dire Calder, Gauguin, le Douanier Rousseau …  et si tu pouvais ajouter Hockney Goya et Schiele … et puis Ahhhh les dessins d’Ellworth Kelly ! 

Tu sais quoi tu n’as qu’à écrire  » etcetera etcetera etcetera  » parce que là je ne parle que des artistes peintres, sculpteurs … je n’ai pas encore parlé musique … et ça pourrait prendre des heures !

C’est assez perturbant ton exercice parce que je crois que nous sommes tous fait de multiplicités, que nous sommes un peu la somme de tout ce qu’on a ramassé sur le chemin de rencontres, d’inspiration… donc nous sommes tous un peu de quelqu’un qu’on a creusé un temps soit peu. Je dis peut-être que nous sommes tous comme ça pour me rassurer … parce que … clairement on est 600 dans ma tête … et que, parfois, je trouve que ça fait beaucoup … on peut avoir l’impression de se perdre au milieu de toutes ces facettes accumulées. Ce n’est pas toujours simple d’être à la baguette et de faire en sorte que toutes ces voix s’harmonisent pour faire une symphonie et pas une cacophonie.

Mais même multifacette, je dois dire que je suis très défensive dès lors qu’il s’agit de défendre mon identité parce que je crois qu’elle est assez unique quand même. Je crois que c’est lié à mon prénom: Suliane qui est un prénom assez rare. C’est une anecdote rigolote mais tu vois, je n’avais jamais entendu mon prénom jusqu’à ce que je découvre en 2009 qu’une certaine Suliane Brahim a intégré la Comédie Française, je l’ai rencontrée un jour et bien j’ai eu un sentiment tout à fait désagréable d’usurpation d’identité !

Et si tu devais passer 24h avec quelqu’un ?

 

Vigo Mortensen ! Il est complet … il est artiste, poète … il a une puissance absolument fantastique !
Il incarne l’ultra virilité, il est fauve, animal et en même temps il a un truc dans le regard … une tendresse, un petit truc en plus qui suscite l’intérêt. Clairement, il m’intéresse et m’intrigue mais la vérité est que je n’aurais rien à lui dire.

En fait, je ne vais pas répondre à ta question en te disant quelqu’un qui n’est pas public – ça n’aurait pas de sens et ferait très discours de Vanessa Paradis aux Oscars qui remercie ses parents, le truc bateau – mais la vérité c’est que les coulisses ne m’intéressent pas. Je n’ai pas forcément envie de rencontrer toutes les personnes que j’admire. Ce qu’ils me donnent me suffit. La part de mystère est là justement. C’est ce qui aiguise l’intérêt, la curiosité, le fantasme. Si tu les rencontres et les connait alors tu ne laisses plus place ni à la surprise ni à l’émerveillement. Vigo je préfère qu’il continue à faire partie de la fantasmagorie, de ce monde intouchable.

Du coup, je choisirai peut-être Léonard de Vinci pour passer 24 heures, histoire d’être sûre de revenir plus instruite !

« Si tu étais un animal … Tu serais…

Vigo Mortensen ! Je t’ai dit , il est félin !

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si Suliane était unE CITATION, elle serait…

   » Une femme libre est tout le contraire d’une femme légère « 

Simone de Beauvoir