Faites-lui sa fête !

Je parle de votre mère, votre mammas, mamà, mamma, walidati, oumma, mamoushka, mummy chérie.

Oui parce qu’aujourd’hui c’est sa fête : La fête des mères.

« C’est tous les jours sa fête » me direz-vous et vous auriez raison sans croire si bien dire.

Être mère c’est bosser à temps plein.
C’est dormir un œil ouvert, c’est être de garde comme un chien.
De permanence en toutes circonstances.
Paraît qu’elles ont un 6ème sens (Je n’’y croyais pas jusqu’à ce que ma mère m’appelle tout pile au bon moment la dernière fois).
Être mère c’est être ponctuelle. C’est tomber à pic (je n’ai pas dit harpic alors tu me feras le plaisir de ranger ta chambre. merci) et c’est avoir un pic à glace entre les dents pour protéger sa marmaille des chamailles.

Être mère c’est faire des petites nuits, c’est courir au moindre bruit, toute sa vie. C’est crever de fatigue. Aussi.

Être mère c’est souvent s’oublier, sacrifier sa jeunesse, sa beauté (enfin c’est ce qu’elles croient). C’est manquer de temps pour tout faire alors même que ça fait ce ça peut, une mère, et que ça fait de son mieux.

En faisant tout à la fois.

En tout cas, la mienne est comme ça.

Elle, elle vous dira qu’elle n’a pas tout réussi, que le résultat n’est pas parfait, qu’elle s’est parfois trompée, qu’elle ne m’a pas donné assez d’assurance et de confiance mais j’ai vieilli et je sais aujourd’hui que seule dans son lit, autrefois, à la tombée de la nuit elle faisait des choix et des to do (tout doux) list ; qu’elle tranchait, bataillait, arbitrait. Ses enfants, sa bataille.

Ma mère est un parfait mélange de force et de douceur, d’authenticité et de générosité, de peurs et d’audace. Je l’ai vue toute ma vie réparer ce qui devait l’être à la maison à coup de marteau tout en ayant une manucure impeccable. Ma mère fabriquait des objets en bois à la scie sauteuse sur lesquels elle écrivait des pensées positives et délicates.
Elle dit que c’est pour que les gens se sentent bien accueillis. Ma mère a toujours laissé la porte ouverte, son cœur aussi. Elle a le sens du don et de la dévotion. Elle se sert de sa tête mais fait tous avec les tripes. Ça lui a valu pas mal d’emmerdes… sûrement pour ça que dans la transmission elle a pris bien garde à me rappeler que le plus dur dans la vie ce n’est pas de donner … mais de ne pas tout donner.

Et pourtant elle m’a tout donné, tout transmis. La vie d’abord, tout le reste après : 
La liberté en ADN, l’indépendance en fer de lance, l’optimisme et le positivisme en guise d’énergisant.
Elle m’a appris à courber l’échine tout en gardant le dos droit, à serrer la mâchoire en tendant la main, à pleurer en souriant et à aller de l’avant, à être fière sans avoir d’ego et que si un air hautain ne sert à rien, prendre de la hauteur est souvent la clef du bonheur.
Elle m’a aussi appris qu’on n’avait jamais assez d’abdos, qu’il faut être gainée pour encaisser et que savoir se serrer la ceinture est la clef du succès ; elle m’a expliqué qu’on peut être culottée et effrontée sans enlever sa culotte et que mon intégrité n’avait pas de prix. Aucun. Jamais. Elle m’a appris à me méfier mais à faire confiance à la vie.
Elle m’a appris que ma chance c’était ma naissance. Que rien ne serait jamais facile mais qu’il y aurait des moments jolis et que chaque victoire ne serait que la mienne et que moi seule ne devait en connaître le prix. 
Elle m’a mis un frère dans les pattes aussi. Un pilier un allier, un mur porteur qu’on a envie de dégommer parfois pour aérer la pièce mais qui rassure lors des coups durs. Une fondation de plus. Elle m’a donné de l’amour sans trop m’expliquer ce que c’était, faut dire qu’elle a tout appris seule à ce sujet ma madré.

Et elle continue de m’apprendre. Elle me dit qu’il faut que je sois douce et qu’être indépendante ne veut pas dire être sauvage. Elle est encore présente et patiente peu importe mon âge.

D’ailleurs, elle vient de se réveiller. Je l’entends demander au soleil s’il va faire la gueule longtemps. Je vais aller lui faire un café.

Maman,
Tu es ma reine de cœur, de pique, de carreau et mon trèfle à 4 feuilles. Arrête de t’auto-flageller, de te faire des reproches, de te dire que tu ne m’as pas assez dit que tu me trouvais jolie et trop dit qu’il fallait remplacer les « pas de chance » par l’intelligence. Maman, tu avais raison. Je n’ai pas encore tout compris de tout ce que tu m’as dit mais chaque jour, les leçons, les clefs, les pièces du puzzle s’assemblent et sache que je suis fière quand les gens disent qu’on se ressemble.

Maman,
Merci de m’avoir fait jouer avec les mots depuis petite et de m’avoir autoriser à plus écrire que parler … c’est tellement plus simple pour moi de coucher les sentiments plutôt que de les exprimer.

Je t’aime tu sais.

PS: J’avais commencé à te faire un collier de pâtes mais faudrait voir à pas me prendre pour une nouille : tu les as tous jetés, au moins cet article, il va rester. 

PS 2 : Bonne fête à toutes les mamans.