Parfois on rencontre des gens qui nous donnent de nos nouvelles.
C’est là tout le talent de Laura Isaaz : nous donner rendez-vous chaque semaine (le mercredi pour être précis) pour nous parler de nous.
Un nous collectif, humain, pas trop genré bien que majoritairement féminin mais qui peut parler à tout un chacun pour un peu que tu ne sois pas fermé.
Lorsque Maag parle de célibat on se dit » Oh mais MERCI »
Lorsque Maag parle de ses parents on se dit avec émotion » Tellement … »
Et quand Maag parle de sororité on se dit … qu’il n’y a que Laura pour l’incarner.
Parce qu’entre Maag et Laura, il n’y a point de différence, tout n’est que sincérité et authenticité bien rédigées.
« Il n’y a pas de différence entre Laura Isaaz et Maag. Tout ce que je dis dans Maag c’est tout ce que j’ai envie de dire, de véhiculer, de partager. Ce que j’aime sur Maag c’est la liberté que j’ai : je peux parler de tout ! Je n’ai aucun problème à parler de moi, même si je reste pudique. Mais je ne fais aucun effort pour ça, je ne le travaille pas, c’est mon tempérament. Toutefois, parfois je parle des autres, je me nourris aussi et surtout des gens qui m’entourent. »
La plume de Laura est libre et ce qui la rend unique en son genre c’est que le « je » qu’elle utilise retentit en nous comme des lignes universelles. Laura réussit la prouesse rédactionnelle de parler d’elle sans jamais tomber dans une forme d’égocentrisme narcissique ce qui est assez rare pour être signalé – preuve en est du nombre de livres, de publications et de billets à base de « mon confinement et moi » sortis ces derniers mois, un brin gênant parfois.
Ses mots tombent alors comme des notes sur une partition jouée au piano; tantôt jazzy tantôt blues , Laura revisite les lettres classiques avec swing sans jamais tomber dans le spleen. Les idées s’emmêlent dans un pêle-mêle qui suscite des réflexions à la pelle.
« J’ai créé maag parce que j’avais des choses à dire, à écrire surtout. Lorsque tu travailles pour un magazine tu dois respecter une charte, une ligne éditoriale précise, tu n’es pas toujours libre dans le ton et … bref … je voulais écrire comme je voulais. (ndrl: Laura a été journaliste au ELLE pendant près de 6 ans)
Donc j’ai lancé un rendez-vous aux gens pour parler avec eux. Après ils adhèrent ou pas mais finalement on échange. Je l’ai fait pour cette raison et, ce qui est cool, c’est que les retours sont plutôt bons. C’est encourageant, forcément.
J’ai des échanges forts, je parle de choses intimes avec certaines personnes qui m’écrivent. Cela me touche que les gens se livrent et se délivrent ainsi. Après l’article que j’ai écrit sur les parents, j’ai reçu des messages bouleversants. Un notamment … qui m’a émue aux larmes ! »
Loin de l’image de la journaliste rédactrice qui balance des billets d’humeur cachée derrière son ordinateur, Laura se livre au travers de ses lignes mais se rend aussi disponible pour échanger, papoter et discuter un petit temps avec les gens. En ce sens, son écriture n’a pas vœux à s’étaler comme de la confiture mais plutôt à faire tomber les murs et les armures vers un dialogue vrai, profond, sans superficialité.
« Dans mes relations je suis très entière. J’aime sincèrement mes amis, mes proches.
Mais, comme je t’ai dit, je suis très pudique.
Plus penchée sur les actes que sur les paroles, je ne fais que très peu de démonstrations verbales. Du coup j’écris plus que je ne parle et je pense être présente.
Il n’y a qu’à ma fille que je dis je t’aime 16 fois par jour ! »
Ecrire pour laisser sortir les choses,
les mots et les émotions et créer des ponts avec les autres.
Comme beaucoup de timides qui se soignent, de réservés qui tentent de faire dans la sociabilité et le partage.
Laura Isaaz est un peu la Emma Bovary version lettre moderne, ou plutôt Colette en fait !
Non pas que Laura fasse dans le mime, mais la journaliste auteure, nous fait penser à Colette dans tout ce qu’elle était de multi-facettes.
Une personnalité riche aux mille visages que Laura partage aussi, toujours avec à-propos, sur les réseaux sociaux.
Au-delà des mots, l’interaction se fait sur Instagram en images bien choisies. Mais là encore, Laura fait dans la subtilité en ne tombant jamais dans la tentation de l’excès.
Pourtant, Laura a le plumage à la hauteur de son ramage et pourrait se laisser prendre à la flagornerie de la flatterie et se raconter toute la journée en story.
Mais ce serait là mal connaitre la brebis basque pas égarée pour deux sous qui a fait de la spontanéité et de l’équilibre en tout sa marque de fabrique.
« J’y prends du plaisir mais jamais je ne dirais tout de ma vie, j’essaie de garder une certaine distance. En suivant mon compte, tu ne sais pas du soir au matin ce que je fais, mange, bois et où je suis ni avec qui. Je partage spontanément en fait sans me poser trop de questions. Et du coup je n’ai rien de négatif à en dire. De toute façon aujourd’hui, on peut dire ce qu’on veut mais on est forcément influencés … parfois j’aimerais déconnecter mais un volet de mon travail m’en empêche. Ma fille me parle de Tik tok et de toutes ces merdes-là … forcément ça m’interroge mais je me dis que mes parents se sont dit la même chose avec facebook. Une fois que tu décides d’être sur les réseaux sociaux, sur Instagram, d’écrire sur internet, il faut assumer le risque et prendre les bons et les mauvais côtés. Quand tu en as conscience, tu arrives à gérer et à te détacher sans prendre tout ça trop au sérieux. »
Ne pas se prendre au sérieux et garder de la distance tout en créant une proximité avec son audience qui lui permet, in fine, d’exprimer et de véhiculer ses idées.
Parce qu’il faut dire que Laura-la-basque a les opinions bien pelotées et pimentées notamment sur la féminité … mais pas que.
D’ailleurs la féminité parlons-en, avec elle elle est libre, individuelle et sans jugement, elle se nourrit des individualités et des chacunes.
« Ma vision de la féminité ?
– Selon moi, une femme est féminine dès lors qu’elle se sent bien dans sa peau, dans ses choix, qu’elle est libre et qu’elle ne tolère aucune censure dans ce qu’elle est ou dans ce qu’elle rêve de devenir.
J’exclue toute implication des artifices dans la notion de féminité.
Ça ne réside pas dans l’attitude ou dans ce que l’on porte comme chaussures,
c’est un truc d’âme. »
Sans commentaire, c’est à 100% qu’on adhère à son regard bienveillant, à ses colères souvent et à ses engagements.
Car si Laura ne fait pas dans la leçon de moral intello narcissique, elle s’engage en incarnant une féminité moderne, affranchie, épanouie, indépendante et en pratiquant la sororité dans tout ce qu’elle dit et fait.
L’un des ennemis du féminisme est la femme elle-même. Parlons vrai et franc-jeu un peu, la jalousie nous étouffe et on se pouffe et se gausse de critiques et de coups de trique les unes sur les autres à longueur de planche mixte en terrasse entre copines fan de « connasse » . L’encouragement systématique et les applaudissements automatiques ne sont pas des modes de fonctionnement de la machine féminine depuis la nuit des temps. La faute à quoi ? Je ne sais pas mais il suffit de parler avec deux trois mâles pour se rendre compte que les prises de bec et le bitching sont quand même plus un truc de gonzesses que de mecs.
La tendance s’inverse cependant, pour notre plus grand bonheur, et désormais les femmes semblent vouloir faire dans le solidaire et cesser de se percevoir comme des adversaires.
En compétition de quoi d’ailleurs ?
• À la chasse à l’Homme ? Pour quoi faire ? Si finalement le rôle d’une femme n’est plus forcément d’être une épouse dévouée la compétition ici n’a plus de raison d’être ou alors elle se multiplie sur autant de terrains qu’il y a de forme d’épanouissement à vivre nos relations et nos amours à notre façon. A se demander du coup si on n’est pas plutôt sur un sport co qui demande beaucoup d’entraînements et d’avoir des sparring partners avec qui partager nos galères.
• À la chasse aux œufs ? les langues s’étant déliées sur la maternité, la fertilité, l’infertilité et sur l’envie surtout d’être mère sans tabou, il y a débat mais plus d’ébats entre nous.
• A la chasse aux trésors ? Il semble que sur ce sujet, nous soyons plus en compét avec nos homologues à braguette puisque depuis le 4 novembre 16h16 nous bossons pour des copec’ du fait de l’écart salarial homme-femme. Sans parler du plafond de verre, de notre manque d’ambition … enfin voilà quoi, il semble qu’ici nous aurions plus d’intérêt à l’union pour faire la promotion de nos droits … à la promotion. Voilà.
L’union fait la force … les mecs l’ont compris depuis bien longtemps et il semble que les femmes en prennent le chemin. En tout cas, avec Maag et Laura c’est certain. Pour tout vous dire ici, Chez Forme Libre, nous avons contacté Laura suite à un article écrit sur le célibat. Sans grande conviction. Toute petite que nous sommes d’attirer un temps soit peu son intention. Le beau préjugé … et la belle surprise dans la foulée quand Laura nous a répondu « oui » sans sourciller et avec un enthousiasme sans sarcasme.
Laura encourage, soutient, fait de la sororité une réalité au quotidien
en incarnant une fémininité affranchie,
libérée sous toutes ses formes.
Elle est une femme, une mère, une fille, une amoureuse.
« Je suis bien seule. Je crois que je suis une romantique dans le fond, une sentimentale en tout cas. Je ne suis pas pressée de trouver quelqu’un, je suis amoureuse de moi depuis peu alors j’en profite. J’ai envie d’un truc simple et léger mais pas chiant, surtout pas chiant. »
Et une sœur aussi. La sœur d’Alice, avec laquelle elle partage des projets à venir :
« J’ai un projet d’écriture en cours avec ma sœur Alice.
C’est un truc qui nous a encore rapprochées. Je ne pensais pas que c’était possible mais OUI.
On a la même vision de la vie et de l’humain… et on est très famille.
Faut dire qu’on est bien tombées :
Nous avons des parents tendres, sensibles, très dans l’AMOUR, le vrai … celui qui te porte. »
Tout ce qu’on souhaite chez Forme Libre c’est que cet amour bienveillant là porte ces deux plumes libres loin très loin et pour longtemps parce qu’au-delà d’avoir le sentiment chaque mercredi d’avoir rendez-vous avec quelqu’un qui a suffisamment de générosité pour se livrer en toute humanité, nous partageons aussi ses colères et ses engagements notamment sur le droit à l’expression des mamans sur leurs états d’âmes et sur les violences faites aux femmes.
Ce sera le sujet de l’expression libre de Laura. Bien que de toute façon, sur ce sujet-là,
il n’y ait pas de débat.
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