Se réinventer

Se réinventer

« Il faut Se réinventer. »

L’allocution est partout. Une rengaine devenue presque aussi rocailleuse que le « je vous ai compris » du Général à Alger. Presque aussi glaçante aussi. Parce que, pendant qu’à Alger, on nous comprenait (nous disons nous parce qu’il s’agit de l’humanité et que Algériens, pieds noirs, Français, Argentins, Tibétains, Biélorusses ou Inuits, on a tous deux bras, deux jambes, un nez et une viscérale envie de liberté) ; à Oran on se (faisait) tirait•er dessus à bout portant. 

Alors il faudrait voir à ne pas nous prendre pour des Orang-Outans (quoi que cet animal soit des plus sensibles & intelligents mais … vous aurez compris la singerie) à lancer une phrase générale à la ménagerie (pas ménagée du tout pour le coup).

Se réinventer.  Oui mais encore ? … Encore et encore … – C’est que le début d’accord d’accord (pardon.)
Comment ? Où ? Comment ça ? Avec qui ? Pourquoi ? Dans quoi ? … Là Comme ça ?! 

(…)

Là maintenant ? Parce que c’est le moment à cause de CoCo-motus-et-bouche-masquée ? ou que c’est dédouanant pour ceux qui prennent des décisions dont l’incohérence n’est elle-même pas masquée ?
JPP de cette phrase ( JPP = « j’en peux plus » en frais langage des temps modernes qui a le temps d’écrire mais ne le prend plus).
Se réinventer. Justement ça en demande (du temps). Chez Forme Libre nous avons essayé. Enfin « je » (Mel – autant assumer) a essayé en prenant de l’élan (ils ont dit d’anticiper aussi). 
 

Se réinventer donc !

Allez c’est parti !

Donc, Passé le « Mais Où Et Donc Or Ni Car » récité à des gosses-en-école-à-la-maison « JE » sais désormais qu’instit c’est mort. Il en va de la survie du monde car je compte bien sur les nouvelles générations pour réussir là où nous échouons (déresponsabilisation, passe la balle à ton voisin ou ta descendance).
La politique ? Tout le monde en fait (et franchement là je n’ai pas envie de commenter. Précisément). De la déco ? Faudrait tout de même voir à ne pas se prendre pour Ricardo Bofill simplement en peignant un mur en bleu Klein en disant que ça rend serein. Un peu d’humilité par pitié.
Ecrire ? … Allez, ok … les mots défilent. J’aime ça ; peut-être que … ?! … Mais même là « rédaction web » « copywriting » les offres pleuvent de partout par ci par là sur la toile pour vendre encore et encore mais… encore quoi ?

Tout est fermé. Les portes sont closes. Partout, ici et là, la même chose. Le même copié collé, pâle copie souvent d’ailleurs de gens que le doute n’étouffe pas (mention spéciale à la marque Jamini pour les copies de CSAO).
Moi j’étouffe.
Les musées, le théâtre, les expositions me manquent tellement. J’ai envie de me prendre des claques d’émotion face à la création, à l’Art et ses idées bien pensées et tournées. 

Fort heureusement nous vivons une drôle, mais aussi, cool époque où nous pouvons découvrir des choses géniales via Instagram ou autre réseau social.
Résultat je scrolle à un niveau olympique. J’annonce par ailleurs qu’au jour où nous pourrons tous nous retoucher je serai imbattable au jeu du pouce !

Mais … malgré cela … la neurasthénie sociale me butte. Nous manquons d’inspiration.

Même Laura ! (quoi que même quand elle est en manque d’inspiration ça respire l’intelligence).

Tout manque de souffle nouveau , nous nous essoufflons.

Se réinventer. Au-delà de l’élan, demande du rebond.

Rebondir. Parcourir le champ des possibles. Découvrir un champ lexical pas banal que celui du « zone de confort » « potentiel » « appétence » « passion » « prédisposition » « talent » « formation » « reconversion » Un click & collect des mots comme des prises sur un mur d’escalade pour se hisser haut. Santiano. (Pardon. Encore). A croire que « click & collect » est l’allocution jumelle siamoise de « se réinventer » :

Allez ! Tous à même enseigne que les enseignes !

Même les librairies se sont mises au drive parce que ce n’est pas si essentiel de tirer sa loupe et chalouper au milieu des étagères et de se faire séduire et appeler par un titre, une couverture ou un petit conseil du libraire. En même temps, là aussi on peut dire que le surplus a envahi. « Tout le monde » écrit des livres. Pas farouches ou douteux de ne pas faire mouche ou, pire, de moucher Molière ou Rimbaud dans l’alignement des mots. Ça écrit des livres. A ce propos, ça y est ceux torchés au cours du 1er confifi sont sortis, ramassis d’auto-concentration mais toutefois pas mal souvent, brillants parfois.

Et heureusement, au milieu de tout ça il y a des comptes (@perds_pas_ma_page de Edouard Bonnamour ou @laquille de Thomas Louis @th.louis ou @unlivreuncafe) qui permettent de faire le tri au milieu de cette fioriture de confiture étalée … Il y a aussi la meneuse des revues Papier Machine (@revue_papier_machinequi, brillante et coquine, badine avec le langage en partage et il y a les autres qui militent, disent, affirment, et qui, glorieuses (@lesglorieuses) se révoltent et font volte face à tout ce qui reste bien trop souvent en surface.

Et heureusement, au milieu de tout ça, Il y a ceux qui racontent et font voyager @visioncitymagazine et @papier.

Et heureusement, au milieu de tout ça, il y a la mer et l’amour.
(Rapport à la citation « S’il n’y avait ni la mer ni l’amour personne n’écrirait des livres » de Marguerite Duras pour ceux qui suivent … ou pas)

Au milieu de tout ça, de tout ces trucs qui donnent le tournis et le hoquet, qui donnent le sentiment que nous ne sommes jamais assez, que toutes les portes sont fermées, il y a ceux qui osent et qui, en respirant, sont inspirants.

Il y a la bienveillance, l’encouragement, les applaudissements à deux mains de ceux qui ne (vous) soufflent que du bien. 

Attention, ce n’est pas si naturel de donner des ailes ; pas donné à tout le monde. Il faut être bien dans ses basques, être serein/sereine et zen avec soi-même pour encourager et faire de la place à et pour tous. Cela demande de ne pas projeter, de cesser de tirer la couverture sur soi, à soi et d’ouvrir grands les bras (pas les draps hein ça c’est un autre débat) . Ne pas considérer que lorsque l’autre gagne, on y perd et que, d’ailleurs, ce n’est pas un jeu de « tous contre un » mais « un pour tous et tous pour un« .

Se réinventer. Au-delà de l’élan et du rebond, demande de l’entrain.

Oui, se réinventer est un choix personnel, une volonté individuelle, un chemin de croix solitaire. Mais, précisément parce que ce n’est pas une croisière, Se réinventer réclame parfois l’appel à un ami. Le jeu collectif … l’ECHANGE.
De l’entrain ou de l’entraide.
Parce que l’énergie appelle l’énergie, que le positivisme est un truc aussi contagieux que le corona et fait moins de dégât. D’autant que nous avons tous besoin que l’on ait besoin de nous et que, quand j’aide quelqu’un, je me fais aussi du bien (je vous promets que c’est vrai, essayez et si ça ne marche pas , j’assurerai le SAV et vous pourrez demander indemnisation en commentaire – mentions légales incomprises non nécessaires).

Se réinventer n’est donc pas qu’un mot lancé faussement positivement dans le discours de Jean Jean :
c’est un concept,
un chemin.

Alors prenez votre souffle, ma main aussi si vous en éprouvez le besoin, pleurez, riez, craquez, tombez, recommencez, repartez, faites des tours et demi-tours, posez-vous, reposez-vous, dormez, mangez, buvez, savourez, fichez-vous la paix !

Prenez le temps, utilisez le vide. Il est fertile.

Et si vous n’avez pas envie de changer, de vous réinventer. Si l’originale invention vous semble être la tonalité qui vous sied ; c’est ok ! Pas d’obligation ! Non de non ! Quand on se réinvente c’est que quelque chose a cloché, vrillé, c’est qu’il y a eu baleine sous gravillon, grain de sable dans la machine, que le phénix a brulé et que, des cendres, on doit remonter.

Se réinventer … Bordel (comme dirait mon ami Arnaud) Rêver plutôt ! 

La vie, l’amour ; vos vies et vos amours.

Rêver et faites ce que vous pouvez même si cela vous parait trop tard, en réalité ce n’est jamais trop tôt.

Rêver, faites-vous ce cadeau.

© Source photos: 

– Mélanie Lenormand

– David Alan Harvey 

– Camille Enrico

– Compte instagram : Thomas Lelu

– Revue Papier Machine

– Vincent Nageotte 

– Franck Bohboti