La marée : « Bonjour Monsieur, est-ce qu’il y a assez d’eau pour se baigner ? »

La marée : « Bonjour Monsieur, est-ce qu’il y a assez d’eau pour se baigner ? »

Je pourrais disserter des heures sur la marée.

Sur ce moment qui désarçonne ceux qui ignorent (car il y en a) que la mer, la mienne en tous cas, la Manche, monte et descend. Et remonte. Et redescend. Sur le mouvement précis et cadencé, quotidien de la mer qui suit son parcours et finit par encercler l’imprudent(e) qui n’y a pas pris garde. Sur le changement de paysage, de couleur, d’odeur de la même plage, à marée basse et à marée haute. Chaque jour.

Mais il y a aussi des histoires. En voici une, réelle :
Un jour que je lisais face à la mer, à demi retirée, une dame s’approcha : « Bonjour monsieur, il y a assez d’eau pour se baigner ? ». Peu importe ma réponse. La question se suffit à elle-même pour dire combien la marée peut troubler les esprits.

 

La photo est un cadeau.

 

 

Guy Birenbaum

Guy Birenbaum : La vie est une plage

Guy Birenbaum : La vie est une plage

 » – L’ami : Tu l’as connu où Guy Birenbaum ? 

– Forme Libre : Sur la Plage.

– L’ami : Mais il fait quoi maintenant Guy ? 

– Forme Libre : Des photos. 

– L’ami: Et ? 

– Forme Libre : Life is a beach. « 

Like Martin Parr said …

Forme Libre

© Crédit Photo : Guy Birenbaum . aux éditions Villa Gypsy

Guy ou l’épicier réformé

Guy ou l’épicier réformé

 » Où as-tu rencontré Guy Birenbaum » 

« Sur la plage »

« Et? »

« Life is a Beach »

Forme Libre

Guy ou l’épicier réformé.

« Si tu étais un pays…Tu serais…

La France car je suis très casanier. Je voyage très peu. Physiquement du moins, il faut une remorque pour me bouger ; ou ma femme et mes filles. Donc s’agissant d’un pays, la France mais si tu me demandes quelle ville je serais, je serais Londres.

Pour des raisons que j’ignore, je m’y suis toujours senti comme chez moi. J’aime Picadilly, sa lumière, son électricité, son rythme. J’avais acheté le premier 45 tours des Sex Pistols à sa sortie, là-bas et puis il y a ce magasin que j’adore : Lillywhites ! Tu vois ? Ce shop de 6 ou 7 étages dédié au sport où tu trouves absolument TOUS les maillots de TOUTES les équipes. Trainer mes filles et ma femme au dernier étage de ce magasin est la première chose que je fais systématiquement en arrivant à Londres et je chine des vieux maillots dans les bacs à fripes. Ce magasin représente Londres en fait à mes yeux.

Je ne sais pas tellement expliquer mon attachement à cette ville … c’est plus instinctif qu’autre chose. J’ai dû être un Beatles, dans une autre vie !

« Si tu étais un Animal…Tu serais…

Le chien. Le mien … je te réponds cela très spontanément et naturellement parce qu’il est mon camarade du quotidien, nous avons un rapport très proche.

J’aimerais bien être un chien. On te donne à manger, on te sort, tu peux courir sur la plage, te baigner, donner des coups de dents quand on t’ennuie un peu trop. C’est plutôt sympa une vie de chien.

Mais j’ai été un peu chien dans un sens différent. J’ai été rude et dur dans le travail. C’est tellement naturel de dire du mal. En tout cas, c’est plus facile que de dire du bien, et puis dans mon métier c’est ce qui fonctionne, c’est ce qui buzze, parce que ça fait écho à la peur en tout un chacun. J’ai donc été une machine à clics faite pour claquer, j’avais pour habitude de me décrire en disant que j’étais en Teflon, fait pour cogner. Je donnais des coups de dents et des coups de latte. J’en ai reçus des coups, aussi. Notamment en 2003, lorsque j’ai écrit « Nos Délits d’initié ». Je pensais que cela ne m’atteignait pas. D’ailleurs, je pensais que rien ne m’atteignait. J’étais le plus fort, le plus costaud. Celui qui avait le micro, celui à qui on le donnait, à qui on demandait son avis sur tout et sur du rien ! Tout était du caviar et je surfais sur la vague. De toute façon, je me sentais comme un passager clandestin. J’ai compris après pourquoi j’avais ce sentiment … mais pour faire simple, comme je n’aurais pas dû naître (ma mère n’aurait pas dû survivre aux deux ans entre 1942 et 1944) tout était du luxe, du caviar, du plus. Alors, j’étais un kamikaze et j’adorais ça. Tout allait bien ! Très bien. Je parlais, j’écrivais… Alors que j’étais devenu éditeur et, alors même, qu’en principe on ne voit pas beaucoup les éditeurs, j’étais l’éditeur qu’on invitait pour parler de ses auteurs. J’avais la parole, je donnais la parole, je tenais la parole avec une arrogance assez démente quand je la regarde a posteriori…

« L’horizon dans la gueule » © Guy Birenbaum.

J’en étais même arrivé à un stade où je sciais les branches sur lesquelles je m’étais perché. J’avais le chic pour me faire virer. Comme lorsque j’étais chroniqueur au Grand Journal sur Canal Plus et que j’ai fait le choix d’éditer un bouquin sur un ancien de la DGSE (Pierre Martinet) qui avait espionné les vedettes de Canal (les Guignols, notamment) pour la direction de l’époque de la chaîne … Je les avais prévenus que ça allait swinguer … au final c’est moi qui ait valdingué. Enfin … on m’a demandé de prendre un peu de recul et de distances en me disant « on te rappelle une fois les choses calmées  » … apparemment depuis 2005 il n’y a pas eu d’accalmie ! Mais ça n’était pas grave. Je me faisais virer et puis je recommençais ailleurs. Une sorte de kamikaze ! Il y a quelque chose, un fil continu entre l’interruption brutale et moi.

Jusqu’au jour où, sans que je ne comprenne pourquoi, après une première grosse crise en 2014, j’ai totalement perdu l’envie. C’était en 2017. Le format était pourtant parfait, la situation était rêvée : je bossais avec mon pote Bruce Toussaint et ma « sœur » de toujours, la directrice de l’antenne de France Info, Laurence Jousserandot. Mon ami Laurent Guimier était alors numéro deux de Radio France. Tout était parfait… et pourtant je me suis écroulé une deuxième fois. Tout ça n’avait plus de sens.

« Si tu étais un Mot…Tu serais…

Révolution.

Parce qu’on le comprend tout de suite…

Une révolution ce n’est pas forcément violent, ce peut être doux et cela laisse l’opportunité de tout changer.
Ce peut-être un chemin.
Je pourrais être autre chose que ce que je suis. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que j’ai fait ? Ma Révolution.

« Si tu étais une Couleur…Tu serais…

Le bleu. Le bleu marin.

« Si tu étais une Plante…Tu serais…

Un arbre à fruits rouges parce que littéralement je suis un arbre à fruits rouges. « Birenbaum » signifie arbre à baies rouges. Dit ainsi et de ma part cela pourrait sonner très communiste ! 
Je ne suis pas particulièrement attaché à mon nom mais il est celui de mes parents, en cela j’y tiens et j’essaie d’en être à la hauteur. Comme de mon prénom. Guy était le pseudo de résistant de mon père. C’est son nom de guerre. Tu vois l’ironie du truc. C’est un prénom très difficile à porter. Essayer d’être à la hauteur de ça… ! C’est injouable. 

« Si tu étais un aliment… Tu serais…

Du sucre. Je suis très gourmand donc je cherche quelque chose de précis qui soit à la fois quelque chose que j’aime mais qui soit aussi très sucré pour être honnête avec toi … Du chocolat au lait !!!

« Si tu étais un objet… Tu serais…

Un appareil photo et pourtant je suis techniquement nul ! Je n’y connais absolument rien ! Pour moi c’est un instrument magique ! Lorsque je discute avec des photographes et qu’ils me parlent de la mécanique de leurs appareils, des objectifs, je n’y comprends absolument rien. Je ne conceptualise pas. D’ailleurs c’est un truc qui me poursuit depuis toujours, je ne parviens pas à conceptualiser ce genre de trucs et d’autres, je suis un concret qui se laisse aller à la part d’inexpliqué. Donc c’est une boite magique dont je me sers et puis c’est tout. Je ne sais pas comment elle fonctionne mais finalement est-ce important ?
Pour moi la photo c’est le pouvoir de l’instant présent. Donc en fait… Je serais un polaroïd pour être précis. Je suis un fan absolu de cadrage. J’aime garder les yeux grands ouverts, mes photos sont autant de regards que j’ai portés sur un moment. Immortaliser des situations de vie, des scènes du quotidien. De scènes de plage. Bien sûr il y a de la sociologie là-dedans, on ne se refait pas, c’est ma formation universitaire qui revient par la fenêtre de l’image. Toutefois, j’ai remplacé le bruit par l’image. Je n’ai plus rien à dire mais beaucoup à montrer, à donner aussi, à transmettre. D’où ce carnet de notes dans lequel tu es en train d’écrire. Ce n’est pas un livre de photos de couchers de soleil sursaturées, de plages décolorées par les filtres. Rien n’est trafiqué, fabriqué, mis en scène, c’est un livre de moments observés et pris en flag’ .

Tu vois, il y a sur mon Instagram une photo des deux femmes voilées dans la mer … lorsque j’ai pris ce cliché que j’adore, je ne me suis pas interrogé une seconde sur leur tenue, sur les débats qui agitent certains dans notre pays tous les jours. J’ai vu dans mon objectif deux femmes, deux amies, deux sœurs… heureuses de jouer ensemble dans la mer. Je l’ai publiée. En l’état. Comme ça. Avant j’aurais donné mon avis. Mais pourquoi ? Là je me suis contenté de dire que tout ceux qui abimeraient cette image de bonheur parfait avec leurs commentaires se verraient censurés par leur suppression sans hésitation. Et j’ai supprimé toute tentative de débat … Mon compte Instagram n’est pas un lieu de débat et je n’ai pas envie qu’il le soit et le devienne. ( @guybirenbaum )

 

J’ai été un hyper-connecté, une machine à clics, toujours le nez sur son écran, accro aux réseaux sociaux, à l’info en continu. Je voulais être sur la photo. J’avais envie d’être reconnu. C’était à la limite de la schizophrénie. Ce personnage que je jouais, était devenu moi. Le nombre de like était ma dopamine. Tu sais il y a un truc chimique là-dedans. Au même titre que courir produit de l’endorphine. Le nombre de like, de partages … tout cela envoie des substances à ton cerveau. A force, à l’excès, cela devient une drogue que tu cherches et recherches. J’étais totalement control freak. Je maîtrisais mon image, contrôlais tout … D’ailleurs j’ai couru 7 kilomètres tous les jours pendant sept ans, qu’il pleuve, vente, neige ou sous un soleil de plomb. Il a fallu que je fracasse le mur pour que ça s’arrête.

« Si tu étais unE personnalité, un artiste… Tu serais…

Le génie le plus incroyable de l’Histoire de la Pop : Paul McCartney. Il sait tout faire ! Absolument tout et en toute humilité en plus. Donc lui ou rien.

Cet homme est fascinant et ne peut que susciter l’admiration: à 78 ans, le mec joue 3 heures et boit 2 verres d’eau. C’est Mozart !

Il n’y a même pas de mots pour décrire cet homme là … Un peu de sérieux tu as mieux ?

24 heures avec ?

Lui ! Paul ! Pour trouver les mots justement. Pour mieux apprendre, pour mieux comprendre. Je crois que je filerais tout doux face à lui !

Mais en te répondant je pense à Christophe également. Je l’aimais beaucoup La puissance de ses textes, de ses mots. J’en aurais pleuré ! Mais en principe je ne pleure pas. Jamais. Il était un drôle de personnage, d’une incroyable douceur et d’une sensibilité assumée. Il vivait totalement à l’envers de nous. Lorsque nous nous couchions, il commençait à composer ! Dommage.

« Si tu étais une oeuvre… Tu serais…

The party, le film absurde de Blake Edwards avec Peter Sellers. Je ris bêtement devant ! J’adore ce cinéma anglais totalement décalé, déjanté, ça me fait marrer ! Rien ne me fait plus rire que ça. C’est débile mais j’assume. J’aime le Non Sense.

Dans un autre registre, Lelouch, L’aventure c’est l’aventure … Un peu de british et de la déconne à la française.

« Si tu étais une pièce de la maison… Tu serais…

La chambre. Sur mon lit, je lis, c’est mon cocon, mon lieu de repli. J’adore la sieste.

Forme Libre a pris la liberté, pour clôturer ce portrait, de s’interroger…

Si GUY était unE CITATION, il serait…

« Il n’y a pas d’âge pour réapprendre à vivre. On dirait même qu’on ne fait que ça toute sa vie : repartir, recommencer, respirer à nouveau. Comme si on n’apprenait jamais rien sur l’existence, sauf parfois une caractéristique de soi-même, une endurance, une vaillance, une légèreté. »

Françoise Sagan

 « Révolution: C’est retourner le sablier »

Jean Dubuffet

Amour & Pastèque – La chambre des amis

Amour & Pastèque – La chambre des amis

 » j’aime le silence, les langues étrangères que je ne comprends pas
et l’ennui … Ces moments de flottements où il ne se passe rien
«   

Etrange idée que de parler de silence lorsque l’on parle d’expression libre et pourtant … Comme une déclaration murmurée en état de confinée , Suliane parle avec l’élégance du coeur ici de celles et ceux qui, de chez eux, lui sont proches dans la vie.

Profiter du temps présent et partager … même éloignés un instant … Profiter de cet éloignement pour apprécier ceux que l’on a près de soi, prendre un moment pour leur dire ou leur écrire à quel point ils comptent chaque jour qui soit …

La jolie idée
La douce idée que celle de parler d’Amour & d’Amitié. 

 

Suliane ;
Les portes de ta maison ont beau être fermées, tu ouvres ici les fenêtres sur une Ode à la joie ! 
Merci pour le partage tout en images … Tes amis inspirent et donnent le sourire … Nous avons envie de luncher chez Mélanie en portant les créations de Marie et en écumant les vestiges du travail de Nicolas. 

Tiens donc, cette expression libre me fait l’effet d’une chanson !

Et si on se donnait rendez-vous dans … ?

Bien sur, on ne peut plus se retrouver Place des Grands Hommes à refaire le monde sur table mais plutôt que d’étaler nos lettres au scrabble, si on prenait le temps de s’dire … et si et si … on prenait le temps de s’écrire…?

Chers Lecteurs, ceci est une invitation, à prendre la plume à votre tour … à dire M comme un emblème, à le semer … sur la planète, ici ou là, en public ou en privé, en commentaire ou sur insta …

Notre passe-temps favori est de vous lire … prenons le temps, le temps d’un instant, de vivre à contre-courant et de prendre le contre-pied de la distanciation sociale en faisant dans le sentimental. 

A vos claviers, prêts, partez ! 

 

Forme Libre

 

 Parler des personnes qui comptent & qui sont bien la, 
pres de moi. 

 

Dans le contexte actuel, je serais bien sûr tentée de parler de liberté, d’humanité, de la vie, de la mort, de l’injustice, du droit des femmes, du devoir, de la responsabilité individuelle, collective … mais en fait ce n’est pas le format, il nous faudrait du temps, du temps et quelques pages …

 

Donc j’en suis venue avec une belle évidence à l’envie de parler de ma mère, de mes amis, des personnes qui comptent pour moi et qui sont bien là, près de moi. 

  

Tous ont en commun une ouverture d’esprit, des fragilités et de la force,

j’aime leurs différences et nos désaccords.

 ( … )

© Mélanie (the naked lunch) & Une partie de la fine équipe

 (…) 

Très souvent quand je présente ma mère, on me glisse à l’oreille,  » Ta mère, quelle belle femme !!!  »
J’en suis venue à être jalouse!!!! Plus sérieusement, ma mère n’est pas la douceur incarnée mais elle personnifie à mes yeux la résilience, l’indépendance et l’amour des mots. Je l’aime bien sûr, et surtout je l’admire et la respecte.  

 

© Ma mère, Hélène.

(…)

Mes amies de longue date:

Valérie Grondin, l’amie d’enfance, artiste peintre et art thérapeute, son sérieux et son engagement forcent le respect.

Gaelle Labrouche, céramiste, qui m’a toujours soutenue dans les moments difficiles sans en avoir l’air …  et m’a transmis le goût de la terre, de la céramique et du tournage. Elle est d’ailleurs ma prof et maîtrise à fond son job ! 

Sarah von Saurma, amie de la fac, styliste photo et décoratrice, j’aime le travail au long cours qu’elle a fait sur elle même.

Marie Auniac, styliste ( marie_aux_machines ) illustratrice et peintre, idem pour sa pugnacité et son courage face à l’adversité. Elle a un sens de l’humour formidable et le coeur sur la main.
Vincent Balhadère ( bons baisers de biarritz ) , qui m’a fait découvrir beaucoup de trésors cachés au Pays Basque, je suis très fière quand il m’arrive de lui en montrer qu’il ignore. 

Mes amis de BTZ, 

Julie Morin, beauté solaire et Benoît Mauduech (photographe et artiste peintre), qui se sont rencontrés et aimés chez moi, un beau couple, et 2 fortes personnalités. Benoît peut me faire mourir de rire. Avec Julie, on se prend la tête et on adore ça! être d’accord sur nos désaccords, un vrai plaisir. ( moandmo )

Mélanie Bordas, photographe et très talentueuse aux fourneaux (instagram Naked lunch) et Guillaume Le Cam, son homme, j’aime sa dégaine, son besoin d’amour, l’art de recevoir et de faire la fête !

Eric et Philippe, un couple magnifique, globe-trotters infatigables. 

Stéphane, un ami des années lycée, ultra-sensible et fin gourmet,

Thomas, le frère que je n’ai jamais eu et qui vous embarque pour danser jusqu’au bout de la nuit.

(…)

 

© Vincent et Bibi, avec les t-shirts de @marie_aux_machines.

© Marie à gauche, bibi et Sarah à droite.

(…)

et puis Nicolas d’Olcewww.nicolasdolce.com ), celui qui partage mes jours et mes nuits – au sens propre et figuré – avec qui les silences parlent aussi

et qui est artiste plasticien.

J’attends avec impatience une rétrospective de son travail au Guggenheim !!!

(…)

© Nicolas, dans son atelier.

(…)

Juste une dernière chose

J’aime cette réalité que beaucoup aujourd’hui rejettent en bloc, cette réalité de l’incommunicabilité et de l’étrange étranger en moi et chez chacun d’entre nous.

Cette réalité me permet de comprendre que je ne peux pas tout comprendre et cela limite mes colères !

Et puis j’aime le silence, les langues étrangères que je ne comprends pas,
Et l’ennui
Ces moments de flottements où il ne se passe rien … 

Suliane 

La liberté: Mascarade ou Matière à apprivoiser ?

La liberté: Mascarade ou Matière à apprivoiser ?

 » Think (think) think (think) think (think)
think (think) think (think) think (think)

You better think (think) think
about what you’re trying to do to me
Yeah, think (think, think),
let your mind go,
let yourself be free « 

Pour lire l’expression libre de Jean-Louis Lascoux on vous suggère de mettre Freedom de Aretha Franklin à fond les ballons !!!

Car il ne s’agit pas là que d’une invitation à la réflexion… 

L’actualité nous amène à nous interroger sur la notion de Liberté.

Pour Jean-Louis la question est centrale, vitale même et, en bon professeur, il veut que nous nous posions des questions, que nous échangions, débattions: 

la Liberté : mascarade ou matière à apprivoiser ?

Chez Forme Libre, on a le masque en rade en tout cas et pas juste parce qu’on aimerait retrouver nos rades préférés et pouvoir trinquer avec les copains rassemblés mais, parce qu’on a beau essayer, on ne parvient pas à sourire des yeux ; à ‘smeyeser’ comme disent les ‘modeux’.

Parce qu’on souhaite continuer à ouvrir les bras. A sourire et que ca se voit parce qu’on sait que ce sont les sourires sur les visages qui invite au partage, qui lutte contre les individualités, qui encourage la solidarité et soigne les fractures de la société! 

Mais ça c’est uniquement ce que nous pensons nous et ce que vous pensez vous nous intéresse beaucoup.

Ce n’est pas parce que nous devons nous couvrir la bouche que nos voix s’étouffent.

Nous vous souhaitons donc une bonne lecture de l’expression libre de Jean-Louis Lascoux et nous nous retrouvons en commentaire pour ceux qui souhaitent s’exprimer ou ne veulent simplement pas se taire…

 Le seul protocole sanitaire qui s’applique sur Forme Libre est celui d’Alain: 

« Règle d’hygiène: n’aie jamais deux fois la même pensée » 


Alors n’hésitez-pas à dire ce que vous voulez, rappelez-vous « La forme est libre, l’opinion aussi ». 

Forme Libre

La Liberté, un droit mais surtout un potentiel en Société

 » Dès lors que nous commençons à vivre des états de conscience, à recourir à la réflexion et à pratiquer des raisonnements, une thématique se présente à nous : la Liberté.

La Liberté est l’une des questions centrales des organisations humaines devenues des civilisations. Que s’est-il passé ? La Liberté a longtemps été mise sous tutelle, très floue dans la pensée, un mythe jusqu’à devenir une mystification, une aspiration plus intime avant de devenir une revendication, puis une exigence sociale. C’est nouveau, alors nous en sommes là, mais pas las.

Tout commence par des affirmations péremptoires, d’un état en devenir : « je fais ce que je veux ». Mais alors, qu’en est-il de cette volonté ? « Je fais comme je le sens » : mais alors qu’en est-il de la réflexion et du raisonnement ? Dans les deux cas, les émotions jouent un rôle dans nos choix. L’usage de la raison, au sens de rationalité, peut nous faire désavouer un entêtement ou une impulsion. De fait, nous pouvons constater que notre Liberté n’est pas un acquis, mais un potentiel.

Si les philosophes du siècle des Lumières ont ouvert la voie à des progrès dans les sciences, ils nous ont légué des représentations fausses. Je vais passer ici sur le paradigme du Contrat Social. J’ai déjà repris ce pilier de nos modèles éducatifs et politiques. J’ai démontré l’erreur de réflexion sur laquelle il a été conçu et les leurres qu’il a conduit à adopter dans le champ du Droit et de la notion de responsabilité. Je ne reviendrai pas non plus sur la question de la souveraineté qui va d’ailleurs avec le Contrat Social. Je vais juste m’arrêter sur la première affirmation de la déclaration des droits de l’homme : « Tous les hommes naissent libres… ». Non, je ne vais pas revenir sur l’empreinte du sexisme de l’époque. C’est la manière dont est conçue la Liberté pour toutes et tous, et ce qu’entraîne cette conception, que je souhaite relever.

Le fait de considérer que l’humain est libre de naissance est chargé d’implications. En réalité, cette idée est aussi fausse que le mythe de la fondation du monde. C’est un leurre. C’est a minima le fruit d’une pensée bernée. C’est aussi trompeur que d’affirmer la suite « … et égaux en droit ». La proclamation de l’égalité en droit est fantaisiste puisque les moyens – excluons les aspects génétiques – déjà économiques, ne sont pas les mêmes pour tous. En effet, pour exercer un droit, il faut non seulement en avoir les moyens économiques, et encore faut-il le connaître, ce qui est une illusion au regard des pratiques d’instruction encore au 21ème siècle. Celles-ci se limitent à transmettre des connaissances, voire à les infliger (sans l’usage du doute), et à communiquer une discipline comportementale plus qu’à éveiller et former à l’exercice de la Liberté.

Hé oui, tout cela parce que l’on part de l’idée que la Liberté est un acquis par nature, un acquis dont il faut apprendre à réguler les excès. Pour ce faire, un modèle de gestion a été mis en place, ouvrant la voie à des activités spéculatives. D’une idée, on en fait une pratique. L’idée n’en est pas moins fausse et son postulat tout autant. La pratique est ainsi mal fondée et conduit le monde dans une erreur grossière. Les conséquences sont multiples dans la gouvernance, les rendus judiciaires et le management, mais aussi dans la dynamique citoyenne, avec l’acceptation, la soumission et la servitude. On restreint les libertés et le plus grand nombre de personnes acceptent les mesures comme une fatalité (…)

La Liberté, une attitude et un état en développement

(…)

L’idée que nous naîtrions libres est fondée sur le mythe de « l’état de nature » inventé au siècle des Lumières. A cette époque, les théoriciens peinaient à sortir de l’obscurantisme des conceptions religieuses. Ils devaient faire face à des soubresauts de fanatisme. « L’état de nature » a été une manière de réécrire le mythe de l’Eden. Pour les Lumières, avant toute organisation en société, les humains, bons ou belliqueux, auraient été libres dans une autarcie leur permettant de subvenir à leurs besoins comme bon leur semblait. Partant de là, leurs raisonnements les ont conduits à considérer que, pour vivre en société, il fallait délimiter l’exercice de cet état naturel. Or, par nature, nous sommes dépendants de tout et pour tout. C’est en Société que nous apprenons.
Etre libre, c’est pouvoir décider soi-même pour soi-même. Pour cela, encore faut-il avoir les moyens de cette décision. A considérer quelque chose comme un acquis, il convient d’en définir l’usage. Et si ce n’est pas un acquis ?
Ainsi, quand le postulat est faux, la suite du raisonnement ne peut pas être exacte.
De fait, nous pouvons constater que nous n’avons plus aujourd’hui les mêmes repères culturels qu’au siècle des Lumières.
Certes, la Liberté peut bien être un droit, mais en termes d’acquis, ce n’est pas aussi clair que l’on veut bien l’imaginer. Avec le temps, l’âge aidant, l’individu peut apprendre à devenir plus libre. Dès lors, le constat peut être fait que la Liberté est un potentiel. Quand il est seul, l’individu n’est pas libre, il ne peut le devenir qu’en Société, dès lors que la Société est animée par la promotion de la Liberté. Les implications sont différentes.

En premier lieu, il faut apprendre à être libre. Et cet apprentissage passe par l’intervention sur nos façons de penser. Le premier instrument est ici la réflexion.

Force est de constater qu’en quelques siècles, nous avons déployé de nouvelles manières de réfléchir. De fait, la pensée spontanée peut se faire tromper, tout comme nos perceptions sensorielles. Les illusions intellectuelles sont courantes. Elles s’imposent aux représentations collectives et sont utilisées dans des raisonnements tout aussi erronés. De même, des fictions intellectuelles servent à bâtir des explications. Par exemples, à comparer la vie en société à la vie de famille, l’ensemble des citoyens sont considérés comme des enfants au regard des gouvernants et on raisonne de manière paternaliste. Ce qui semblait être une évidence hier ne vaut plus aujourd’hui. Nous savons que nous pouvons intervenir sur ces mécanismes de pensée et en rétablir la réalité. Non seulement nous disposons de la conscience, mais celle-ci se développe quand nous réfléchissons, avec l’usage des raisonnements et la vigilance que nous pouvons avoir sur leur montage. Cette aptitude réflexive dont nous disposons peut nous permettre d’être en quelque sorte les architectes de notre production mentale et intellectuelle. L’adulte du 21ème siècle n’est pas l’adulte du 18ème. L’évolution des connaissances, les constats que l’on peut faire sur les possibilités communes d’intervenir sur nos représentations de la réalité, sur nos croyances, nos raisonnements, l’analyses de nos expériences, l’utilisation de différentes méthodes pédagogiques, sont autant de ressources. Elles contribuent toutes à nous rendre plus libres. Et c’est en Société que nous développons ce potentiel.

Depuis le XVIIIème siècle, la conscience humaine a évolué. L’usage de la Raison, même encore maladroit, conduit à de nouvelles exigences. Le temps des servitudes devient dépassé. (…)  

 

La Liberté s’apprend et peut s’enseigner

(…)

Et tout est là : la Liberté, ça s’apprend !

 

Pour vivre libre, il est nécessaire de savoir diriger sa pensée.


A reprendre l’idée de Liberté de cette manière, en commençant par l’intervention de la conscience sur notre façon de construire notre représentation du monde, nous ouvrons de nouvelles perspectives relationnelles. Nous cherchons à comprendre, nous inventons et créons. Nous adoptons une posture d’accueil des différences, c’est-à-dire d’altérité, nous promouvons l’échange et l’enseignement de la raison, et de ce fait nous ne nous heurtons plus à la liberté d’autrui. En poursuivant cette réflexion, on peut concevoir que l’humain n’étant pas libre par nature, il peut le devenir par ses relations avec les autres. La Liberté peut s’épanouir dans les relations. La Liberté peut être le fruit de la vie en société. Nous pouvons concevoir que notre liberté ne s’arrête pas à celle d’autrui, mais qu’elle s’étend au travers de celle d’autrui.

 

Nous sommes d’autant plus libres que les autres ne sont pas enfermés dans des modèles de pensée chargés d’interdits.

 

Nous pouvons revoir l’héritage culturel que nous avons reçu et refonder notre imaginaire, en développant une aptitude d’architecte de soi. L’usage de la raison n’est pas une question d’âge, mais de la capacité ouvragée à savoir prendre des décisions. C’est dans ce creuset que peut se former une volonté délibérée et développer une capacité d’anticipation ouvrant la voie à la responsabilité.

Au 21ème siècle, notre humanité s’ouvre à ce nouveau paradigme qui vise à balayer le vieux concept de Liberté asservie par nécessité, avec des chaînes de servitude, de mises sous tutelle et de contrôle. Un vaste changement est en train de s’opérer sur la planète. Certes, il existe des résistances liées à des habitudes. La gouvernance elle-même a du mal à évoluer. Cependant, la Liberté, affranchie des représentations des déterminismes, se définit désormais différemment. Elle s’inscrit dans l’exigence d’une pédagogie de la relation et de la décision. 

 

En initiant la Profession de Médiateur, profession d’accompagnement de la liberté de décision, j’ai participé à ce mouvement de changement profond. Cette profession est une contribution fondée sur l’altérité, c’est-à-dire animer une recherche mutuelle de compréhension de l’autre, et le nouveau paradigme de l’Entente et de l’Entente Sociale. Elle n’a pas les repères des règles traditionnelles de la morale et du droit, puisqu’elle permet à chacun, apprenant le référentiel de la qualité relationnelle, d’identifier sa motivation et de construire sa décision.

 

C’est là que la Liberté commence et s’épanouit. 

A réfléchir pour donner un sens nouveau à la vie en Société

Je vous propose de réfléchir quelques idées :

• La Société peut rendre plus libre chaque personne, dès lors qu’elle l’instruit et l’aide à réfléchir pour exercer sa libre décision, en termes d’attitudes et de comportements ;
• Deux libertés qui s’unissent et se partagent ne se limitent pas, elles s’épanouissent
• L’individu n’est libre qu’avec quelqu’un d’autre, dans les échanges et les découvertes communes et les transmissions intimes ;
• Le sens de la vie s’épanouit dans la contribution que l’on apporte à un projet collectif ;
• L’intelligence est au service de la Liberté, par une mise en pratique de l’altérité, l’usage de la conscience et de la raison ;
• La Liberté est indissociable de l’Entente Sociale, elle est un droit à développer, à épanouir, à promouvoir ;
• Aucune personne adulte n’est plus un enfant qu’une personne à qui des responsabilités sociétales sont confiées n’est un parent ;
• La Liberté nécessite d’être apprise autant qu’elle s’enseigne ;
• La Liberté consiste à être l’architecte de soi pour être décisionnaire pour soi.
• On ne peut plus diriger au 21ème siècle comme on dirigeait au 20ème siècle.

Jean-Louis Lascoux