Le monde est Kaboul

Le monde est Kaboul

Dimanche Forme Libre a eu un an.

Un an de portraits, d’échanges, d’images, de poésie, de gens bons qui rendent la vie plus jolie.

Un an que vous me poussez, m’encouragez à parler de ;  d’elles & eux et que vous me réclamez plus d’expressions libres…

Hasard du calendrier ; aujourd’hui j’ai mal à ma Liberté !

L I B E R T E

Ce mot que j’ai tatoué sur mon avant bras droit, qui guide tout chez moi, qui m’a liée à marraine de bonne fée, Ondine la bien nommée.

Liberté je vis ton nom mais du fond de mes tripes

aujourd’hui je te crie.

 

Pourquoi ?

Parce qu’en Afghanistan les talibans ont pris possession de toi, de tes corps et de tes essences. De force, sans aucun droit, ils ont éteint ta Lumière.
Ils ont fermé les écoles, les rédactions, coupé l’information, des têtes (trop) pensantes aussi et ils ont brulé les livres…

Je brûle. Je hurle.

Pourquoi ?

Je ne suis pas afghane après tout !

Et pourtant …

Je n’ai plus non plus 6 ans mais je pense à toutes ces petites filles qui ne vont pas choisir leur cartable pour la rentrée. J’essaie de visualiser le mien mais la vérité c’est que je ne me souviens pas de quelle couleur il était, c’était un détail pour moi… enfant bien née.

Je n’ai plus non 12 ans mais je pense à toutes ces adolescentes à qui on ne dira pas qu’elles ont le droit de dire non, de prendre leur temps, de disposer de leur corps et de leurs sentiments.

Je n’ai plus non 18 ans mais je repense à ce sentiment de fierté que j’ai eu en posant pour la première fois mon cul dans un amphi blindé qui affichait « Faculté de Droit Sciences Politiques de l’Université de Caen Basse Normandie » . J’étais la première de la famille à faire l’unif’ , et même si chaque dimanche soir, lorsqu’il me raccompagnait sur le campus dans ma chambre d’étudiante de 9m², il me disait que « vraiment les avocats c’est tous des escrocs et les juges des coincés qui se croient au dessus de tout« , je crois que ça rendait fier mon grand-père.

Je n’ai plus non plus 22 ans mais je repense à ce moment où je lis sur mon écran que je suis diplômée et où mon frère me porte de ces deux mètres en me disant « Putain solide Frère » ; j’avais eu 18 en Libertés Fondamentales. « Normal » m’avait dit mon mec de l’époque. Je l’ai quitté. Je le pouvais.

Je ne suis pas une mère et pourtant je pense à toutes ces mamans qui tremblent pour leurs enfants de l’autre coté de la Terre, en Afghanistan.

Je ne suis pas un homme, pas un père et pourtant je pense à eux et à tous ces grands-frères qui vont vouloir se battre, rester droits, protéger leurs filles et leurs sœurs, sauver leur honneur et … sûrement mourir pour ça.

Je pense aussi à tous ces petits garçons, les sensibles, les empathiques, les poètes, les artistes, les solidaires, les humanistes nés que l’on va détruire, casser de l’intérieur … haché menu le cœur pour en faire des durs. A qui on va cuire le cerveau pour en faire des robots au service d’une dictature.

Je ne suis pas prof, pas instit, pas journaliste, pas scientifique, pas médecin mais je pense à eux aussi réduits au silence, à qui on va forcer la main, le trait et l’esprit pour prêcher du vomi.

Je ne suis pas afghane ; Et pourtant …

Comme dirait la Grande Sagan «  Si l’on est tant soit peu sensible, on est écorchés partout et tout le temps » . Encore que écorchée n’est pas le bon mot. Je me sens « Percutée » voilà ! J’ai l’impression qu’un rouleau compresseur m’est passée dessus, je me sens oppressée dans la poitrine, j’ai la mâchoire contractée prête à mordre …

PAS TOUCHE à MES SŒURS, PAS TOUCHE à MES FRANGINES !

Mais au-delà de la colère, je ne sais quoi faire, la frustration domine face à ce sentiment d’impuissance. Alors depuis dimanche, je suis sans mot, sans voix, je lis, je regarde, je capte l’info, j’essaie de l’intégrer mais lorsqu’un ami reporter sur place me dit qu’il a vu des têtes tombées, c’est ma langue qui se trouve coupée.

J’aimerai être pilote de ligne pour aller les chercher une par une plutôt que de simplement écrire des lignes.

Et pourtant, j’écris quand même ce soir. Pour eux. Pour elles. Notamment celles qui avaient lancé des magazines féminins en conjuguant au pluri-elles les sujets édités pour construire un Afghanistan de demain plus diversifié et dont les rédactions ont brulé.

Un magazine féminin ca peut sembler anodin, n’être rien, une chose superficielle, pas essentielle.

« On ne mène pas une révolution en parlant chiffon !« 

Mais mon gars t’as rien compris ! Ce qui compte ici c’est d’écrire, de publier ce qu’on veut, d’être libres justement loin du regard des hommes, sans leur jugement ou leur aval. Il en va de même pour la mode. Le vêtement ne semble pas important et pourtant le fait que je puisse passer ma vie en short en jean trop court et t-shirt blanc cheveux au vent est peut-être un détail pour vous mais en fait ça veut dire beaucoup.

C’est ce que m’avait dit Mémère, mon arrière grand-mère, avant de partir. Lorsqu’elle a senti son moment venu, elle m’a faite venir pour me dire tout un tas de trucs et notamment que je ne devrais jamais considérer la Liberté comme un acquis et ne jamais laisser un homme me mettre au tapis.

En parlant de tapis, je sors du yoga et après un enchainement petit cobra, chien tête en haut, chien tête en bas sur le sol j’ai posé mon front … en position de l’enfant. Je ne suis pas afghane, pas musulmane et pourtant, ce faisant, j’ai fait un vœux, un souhait, certain diront que j’ai prié … pour l’Humanité. Pour que Demain, qui s’annonce compliqué ne soit pas fait d’amalgames, j’ai prié pour qu’on me préserve les oreilles de ces discours infames et stéréotypés : 

–  » En même temps les arabes et les femmes …  »

–  » En soi, la burka ça n’a pas l’air de les gêner puisqu’en France elles revendiquent le droit de porter le voile »

– TA GUEULE.

J’avoue c’est moins yoga ça. Mais franchement, d’avance, Ta gueule l’idiot sectaire qui aurait l’idée de me balancer ce genre de commentaire. Je suis pas d’humeur, que ce soit clair.

Je ne suis pas d’humeur parce que j’ai peur. J’ai peur des divisions, j’ai peur pour elles, j’ai peur pour cette génération.

Alors oui, ici avec ma vue sur le rocher de la Vierge à Biarritz je ne risque pas grand-chose mais pendant qu’on célébrait ce week-end son assomption au ciel, les droits des femmes sont tombés six pieds sous terre de l’autre coté de la Terre.

Alors cet article c’est un cierge pour Kaboul, une bouteille à la mer maladroitement jetée qui veut simplement rappeler que si le monde est maboule, il ne tient qu’à nous de le changer, de ne pas accepter, nous incliner. 

La Liberté est une bataille quotidienne : elle consiste à être soi et à faire ses propres choix. 

Chez Forme Libre, nous faisons le choix d’être Kaboul puisque le monde est maboule ! 

Nous refusons le silence, le noir, l’obscurantisme et le fatalisme. 

Le monde c’est nous après tout  alors … 

Faisons en sorte que le monde soit Kaboul.

 

#weareone #lemondeestkaboul

Crédit Photos : 

– The Guardian – édition en ligne du 16/08/2021.

– Le Monde – édition en ligne du 16/08/2021.

– Mel Lenormand 

– Jake Simkin Photos : @jakesimkinphotos : qui vend ses clichés de voyage en Afghanistan pour acheter des tentes de sorte à pouvoir accueillir des réfugiés politiques aux frontières et construire des écoles nomades. 

Oh hisse c’est l’été !

Oh hisse c’est l’été !

Juillet est passé, août est arrivé avec son chassé croisé de vacanciers …
Déjà un mois d’été. Un mois à vivre au rythme des cigales… et des timbales.
Un mois de saison, de transats, de plages, de « bons moments »…

Et finalement, pour nous, habitants de stations balnéaires, une vie en suspens …

J’aime l’été.

 

J’aime son parfum et ses matins.
J’aime ses marchés colorés, ses siestes et ses lectures. Souvent c’est Sagan à l’ombre des persiennes parce que l’Humour, parce que l’Amour, parce que l’ironie entre les lignes ; Bref, la vie.

J’aime les rayures de l’été, ses ratures.

Celles des marinières,

des cabines de plage de Biarritz …

ou de Trouville-sur-mer.

J’aime le blanc, le bleu et le vert.

Les embruns rafraichissants de l’océan.

J’aime me nourrir de pastèques sans jamais prendre le melon.

J’aime l’été.

J’aime aussi les nuits de l’été, ses ivresses, ses apéros à répétition. Trop nombreux ;

Ses retours de soirées nu-pieds et ses réveils à moitié nue sur la couette à compter les verres de rosé.
Trop nombreux aussi eux.

J’aime ses excès, ses légèretés, ses impressions que rien n’est grave parce que l’été rien ne dure… que c’est deux mois et basta.

J’aime rêver l’été.

Préparer la rentrée. Planifier, Imaginer demain dans le fidèle carnet jaune toujours jeté au fond de mon panier.

J’aime être bronzée, les marques de maillot de bain, l’odeur de la fleur d’oranger et tout tâcher parce que j’ai trop d’huile d’argan sur les mains.

J’aime me baigner, nager, surfer, glisser.

J’aime me marrer à écouter les discussions de la serviette d’à côté.

Surtout quand elles parlent de relations, de dates, de rencontres dans l’avion, le train ou en boite.

 

J’aime les scènes de plage façon Martin Parr et penser à Guy (Birenbaum) pour qui la vie est une plage.

J’aime les glaces … menthe-chocolat, cette passion que personne ne partage.

J’aime me balader à la nuit tombée avec mon cornet, flâner dans les lacets et écrire à la lueur des couchers de soleil tout rosés. 

Mais cette année, il y a quelque chose que je n’aime pas.

Cet été manque de fougue et de panache,
de parfum de monoï chaud sur la peau,
de regards croisés et de draps froissés, d’émois, d’envies.
Cet été manque de vie.

Cet été « bon an, mal an » manque de Sagan.

BONJOUR TRISTESSE !

Cet été manque d’Arnaud et d’Audrey. De Seb, de Clm…
Cet été manque de Normandie, de course de poneys, de placés, de gagnants, de rosés. Cet été manque de lambada, de moulaga, de chachacha.

Encore que, pour moi, ça va. Mais je vois bien que tout autour quelque chose ne tourne pas rond, que ça, ce qu’on vit là, c’est pas vraiment toi, l’Eté.

ça se sent que c’est pas toi. ça s’entend.

Sur la serviette d’à côté, sur les terrasses du marché, dans la file des supermarchés, …

ça se sent que tu nous as farcé l’Eté … que t’es pas vraiment là …

Tu manques de température, de chaleur … surtout dans les cœurs.

Surtout dans celui de la jeunesse qui laisse partout traîner ses déchets sans rien ramasser. A croire qu’on ne leur a jamais dit de ne rien laisser derrière eux, aucune trace parce que l’été ne fait que passer, justement, et que la rentrée c’est la promesse d’aller de l’avant.

A croire qu’à force de ne plus savoir de quoi demain sera fait, ces jeunes semblent avoir oublié d’avoir un peu de respect pour l’environnement.

Histoire d’une génération d’engagement.

Mais n’allez pas croire que je vais ici dresser une généralité et accuser la jeunesse… la Zola en moi critique et accuse déjà tout un tas de choses depuis un mois et je reconnais que cela me met d’humeur morose. Les stations Balnéaires se sont cette année teintées d’un spleen à la Baudelaire… Moins Comtesse de Ségur que Shopenhauer, on aimerait tous fuir ailleurs.

Et pourtant nous avons l’habitude de la saisonnalité. Des attitudes colonialistes des touristes, des congés-payés de masse, de ses marasmes… Mais là … ce n’est pas « comme avant ».

… Si l’été est en général une parenthèse, comme un film de Godard, cette année nos vies semblent comme suspendues à un fil. Les mauvaises nouvelles nous prennent au dépourvu, rien n’est léger, tout est lourd, on ne danse plus, on manque d’entrain, on ne sait d’ailleurs sur quel pied danser, pour rien. Tout semble n’être que foutaise et le romantisme que représentaient l’été et ses légèretés ont laissé place à un agnosticisme qui prend tout par-dessus la jambe comme si le doute et la peur avaient pris le pli sur tout, sur nous et que plus rien ne valait le coup *.

 

Pas même la promesse de septembre.

Et bien moi je m’en fous, je me fous de la météo et de ses sautes d’humeur, je me fous du pass sanitaire et des nausées causées par le vaccin, je me fous de cette plaie sur ma jambe qui fait mal le matin, je vais lire Sagan !

Parce que la vie est belle, parce que même si les cons osent tout et que c’est même à ça qu’on les reconnait, ils ne sont pas la majorité. Parce que bien sûr que les nouvelles ne sont pas toujours bonnes mais que si on y regarde bien la vie est faite de belles surprises … celles-là même qui se planquent dans un sourire, dans un regard qu’on croise, dans des mots que l’on a entendu, dans une phrase glissée dans une conversation, une phrase qui ne paie pas de mine, dans un geste comme ça … qui ouvre la porte, la fenêtre à quelque chose qui peut changer un mois de juillet, d’août, une vie ou juste un été.

Je crois qu’il y a deux types de personnes :

Celles qui décident d’apprendre à sourire des yeux puisqu’il faut porter un masque et celles qui font le choix de ne plus se brosser les dents.

Bref il y a les jaunis, les ternis et les heureux.

Alors, même s’il me tarde d’être en septembre,
mais genre VRAIMENT,
j’ai la ferme intention d’aimer Août coûte que coûte !

Du coup si vous voyez une idiote lancer un madison sur une musique qui n’a rien à voir, vous avez 8 chances sur 10 que ce soit moi et ne me chauffez pas sur un David et Jonathan parce que je serai, je pense, toujours en avance au rendez-vous de nos promesses !

MUXU

 • A ceux qui s’en foutent de tout,
Méfiat quand même … aux déchets que vous laissez, aux conséquences de vos absences : le karma ne prend jamais de vacances alors gare aux excès de confiance.

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram.