Je doute le jour.
Je doute la nuit.
Je doute de l’efficacité de la mélatonine.
Je doute de ma capacité à sortir un magazine.
Je doute de la météo.
Je doute des infos.
Je doute de ce que l’on me sert.
Je doute de l’intérêt de cette guerre.
Je doute d’y arriver, d’être utile
Je doute de ma féminité et de mon sex appeal.
Je doute d’être suffisante et assez présente.
Je doute de ce que je porte sur les épaules et apporte aux autres, au monde, à mes potes. Je doute de mon rôle.
Je doute d’être quelqu’un de bien pour mon prochain, un bon être humain.
Je doute de tout, de moi, de lui, de nous.
Je doute de ma place
Je doute à rebours, au présent, je doute même en avant.

Alors je m’accroche, j’me fais des nœuds à l’estomac et des poches sous les yeux.
Je compte et recompte ; maitrise, anticipe, sécurise, culpabilise, panique, tiens bon, sers les dents. Je ne lâche pas … les doigts bien dans la prise.

Et je m’épuise.

Je fais des plans sur la comète, je me prends la tête, je réfléchis trop, je m’emballe et pédale …

 » Tu descends du vélo !  » (l’Amie en or qui parle en métaphore)
 » Respire  » (le prof de yoga et de boxe. Non ce n’est pas un paradoxe)
 » Vas courir  » (ma mère. Marathonienne de la vie)
 » Arrête de penser, tu penses trop, pète un coup  » … (mon frère. Diplomate russe)

 

« Le doute est constitutionnel, il est à l’origine de tout et de chaque chose qui se crée et qui existe »
(cf. Nils Tavernier – portrait japonais d’un portraitiste sur Forme Libre)

Il coule dans mes veines. Depuis gamine.
J’en ai fait un atout : ne pas avoir de certitudes, être plus Socrate que Descartes ( Comprendre : « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien » plus que  » Je pense donc je suis  » ) a fait de moi une médiatrice neutre, sans jugement, sans a-priori, quelqu’un de tolérant.

 Le problème c’est que désormais j’entreprends.

« Quand tu entreprends tu n’as ni le temps ni la place pour le doute. Si tu doutes, tu te plantes. Regarde tout ce que tu fais au quotidien : tu fais des choix, des arbitrages et tu prends des décisions, des directions, le taureau par les cornes ! Ne doute pas. Jamais. Surtout pas de toi. Tu ne peux pas. Si tu doutes, les autres douteront. Faut que tu sois solide comme un roc« 
Christophe Blanchet (un député pas tout à fait comme les autres)

Février m’a roulé dessus. Littéralement. J’ai tremblé, j’ai eu peur, mal, j’ai vascillé, j’ai failli faire demi tour, reculer, parce que trop c’est trop, j’en avais plein le …. Dos. Je n’arrivais plus à rien, je n’avais plus d’entrain, d’envie, tout était gris.
C’pas faute d’être bien entourée mais … quand on est sincère et entière, un seul être vous manque et tout est dépeuplé … je ne me conçois qu’en état de passion. C’est souvent de bon ton et ce qui me donne l’énergie d’avancer mais là ça m’a sclérosée, clouée sur place et j’ai sorti le martinet : pas assez, nulle, pas à la hauteur, incapable, responsable …

STOP. Débrancher tout. Arrêt sur image. Partir faire un tour et retour … aux racines : la Normandie, la famille, ma mère, mon frère, les vieux copains et copines.

J’ai découvert cette semaine que ne rien faire était parfois nécessaire, que la distance pouvait en réalité rapprocher et que le silence parlait. Qu’il n’est pas nécessaire toujours de courir partout, de s’activer dans tous les sens, que parfois ne pas bouger est le meilleur moyen d’avancer. Qu’y croire est la clef.
Que la confiance est à l’essence. De tout. J’ai ENFIN compris ce qu’il me disait…

Parfois le vide est fertile. Faire un tour en son dedans permet de défricher, débroussailler les mauvaises herbes et pensées pour arracher les peurs, ouvrir la voix du cœur pour qu’y poussent des fleurs.

Lorsque l’on doute, on laisse nos peurs parler : Parce qu’on est bousculée on fait tout pour ne pas tomber mais se faisant c’est le toboggan assurée : Ventre glisse tout shuss … C’est là que nous faisons les mauvais choix : nous réagissons au lieu d’agir, nous évitons le pire au lieu de rechercher le meilleur. En réalité, nous faisons des non-choix : on prend ce qu’on nous offre, ce qu’on nous sert parce que c’est plus facile – du moins ça en a l’air – que de se réaliser, choisir pour s’épanouir. Etre soi.

Et aujourd’hui ?

Y’a plus de vélo.

 

Je suis dans l’avion. Je plane pour rentrer. Il y a de l’à-propos dans cette situation.
Je m’apprête à concrétiser le projet d’une vie. Je vais signer, m’engager, rester là où je suis. Solide sur les appuis.
Je vais aussi assumer mes conneries, les conséquences de mes peurs, de mes erreurs …
Je me suis fait la promesse de ne jamais plu oublier de remplacer l’eau des fleurs et de ne plus négliger mes besoins de solitudes en m’accordant des interludes.
Je vais ouvrir les vannes, le cœur, les bras et vous acceuillir dans un endroit où on papotera de tout ça.

 

J’ai confiance.

J’ai confiance et je fais.
J’ai confiance et je dors.
J’ai confiance en l’utilité de mes projets, dans ce que ça va apporter, je le ferais avec le cœur et, dès lors, je n’aurais pas de regrets.
J’ai confiance en moi, en mes capacités, mon endurance, mon énergie.
J’ai confiance en lui mais je n’en parlerai pas ici.
J’ai confiance en nous, en vous, en toi et en toi aussi qui que tu sois.

En fait être chef d’entreprise c’est lâcher-prise pour éviter la crise.
Et nous avons tous une entreprise à mener … puisque nous sommes nés.

Churchill disait qu’il était optimiste parce qu’il n’y avait rien d’autre et d’intelligent à faire. Le gars a gagné une guerre. Je pose ça là. Comme ça.

Réalisez-vous, Soyez-vous, Soyez-vivant ! Oui VIVEZ bordel !
Et si vous doutez, frappez vous.
(Ceci est un conseil de merde, parce qu’en vrai, je n’ai aucun conseil, ordre ou leçon à donner).

 

Bisous.

 

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram.