Septembre ou l’optimisme

Septembre ou l’optimisme

Septembre ou l’optimisme.

Je n’ai jamais été de ces enfants observés hier qui pleuraient sur le perron de l’école lors de la rentrée, agrippés aux jambes de leur mère, suspectant je ne sais quel abandon.

Tout au contraire, j’éprouvais une telle ivresse à retrouver les camarades, les copains, Audrey, les profs (sauf M. Duval, lui vraiment, il me faisait flipper avec ses tableaux DOC et sa loterie pour savoir qui irait au tableau, il était fou, je vous jure … bref j’arrête), à découvrir de nouvelles matières, lire de nouveaux livres, apprendre … que bien souvent je sautai de la voiture familiale en criant « à ce soir ! » sans me retourner.

Hier, devant ces enfants sanglotants qui occupaient tous les adultes disponibles et devenaient l’objet de tous les soins, je me demandais : peut-être étais-je dépourvu de cœur ? Ou d’à propos …

« T’es née à 9h du matin, l’heure du café et de la curiosité  » Réponse de ma mère à mon message. Me voilà rassurée.

Clairement je n’ai jamais été attachée aux jupons de ma mère ou à la ceinture de mon père. D’une ma mère ne portait pas de jupe et la ceinture de mon père … je ne l’ai jamais vraiment appréciée mais pour des raisons qui n’ont rien à voir … quoi que … mais surtout, de deux, j’ai toujours aimé courir vers l’inconnu, la connaissance.

A la fin de mes études, j’ai craint de ne plus connaître de « rentrée », de ne plus ressentir ce sentiment d’excitation face à la nouveauté : un nouveau monde, une nouvelle aventure, un nouvel âge.

Mais finalement qu’est ce qu’une rentrée ?

La rentrée n’est ni la fin des vacances, ni la reprise du travail, c’est surtout… une promesse… un rendez-vous… des retrouvailles… un désir qui va obtenir satisfaction… un projet qui donne envie d’exister… un mariage avec l’inconnu.

Alors pour moi, il n’y a que les historiens et les comptables qui comptent les années à partir de janvier… Dans mon cœur à moi, il y a chaque année une subite accélération aux perspectives neuves qui s’annoncent. Je veux croire toujours que les deux mois de l’été, comme l’incubation d’une larve, nous offrent une hallucinante poussée de croissance qui nous rend « plus grands » en septembre.

Certes, les rentrées ne sont pas dépourvues d’illusions, telles ces horribles et intenables bonnes résolutions que nous prenons allongés sur les plages, chimères de régime, de sport, de leçon de danse ou de cours d’apprentissage de l’arabe (Emilie je crois en toi !)

En quelque jours, ces vœux pieux, ou plutôt ces vœux formulés dans un pieu, s’évanouiront pour laisser place à l’essentiel :

Les rencontres, les nouveautés, les projets repris avec une énergie reconstituée, les promesses que l’on tient parce qu’on y tient.

Cette année n’échappe pas à la règle. Tout autour de moi, les têtes bouillonnent et les cœurs sont en émois. Ce mois de septembre va vibrer et nous faire carburer… au café ! Il est le mois de toutes les respirations pour les uns, des réalisations et des concrétisations pour les autres.

De mon côté, dans mon calendrier singulier où les mois reçoivent le nom d’une vertu philosophique car les qualités de l’âme aussi ont leur période, leur histoire, leur météorologie, leur almanach,
j’ai décidé que septembre s’appellerait « L’OPTIMISME ».

J’ai fait le choix de faire confiance, de dire oui, de plonger, de voler, d’y croire !
De courir hors de la voiture comme la petite Manou que j’étais qui avait cette certitude au cœur que la vie serait belle … et bordel ce que c’est vrai !

Je vous souhaite de réaliser vos rêves, vos projets, de partager les cafés qu’on vous a promis, de remplir vos agendas de réunions, de rendez-vous qui vous épanouiront …

D’ailleurs cette élucubration me fait penser que je n’ai pas (encore) acheté mon agenda de la rentrée … l’acte manqué … mais ça n’est pas grave parce que cette fois, je le sens, je le sais, ça va swinguer !

Septembre ou l’optimisme

l’optimisme n’est pas une naïveté mais un choix de chaque matinée.

PS : septembre est le mois de naissance de Forme Libre. J’aime à croire que ça n’est pas un hasard … et mon cadeau à ce média qui m’a tant apportée en un an va être de travailler dur à son épanouissement. Cette fois c’est décidé, la plume va s’envoler. A ce propos, si vous avez des envies et des idées, n’hésitez pas à me les partager.

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram.

La cuenta por favor !

La cuenta por favor !

Les fournitures scolaires remplacent la crème solaire.

La fin de la récré a sonné.

Mais avant de tout boucler j’avais envie de mettre un coup de regard dans le rétroviseur. Histoire de faire les comptes.

La cuenta por favor.

Cet été a été intense, vibrant, détonnant, vivant…
Pénible également.

Il a abîmé mes amis. Il m’a puisée en énergie.

Il m’a chargée aussi. Ancrée, centrée.

J’ai pris des coups de souleils aux bains et j’ai dansé.
Le madison avec quelqu’un qui le danse comme personne et avec qui je suis vite devenue copines comme cochon(nes).
Je suis allée à l’eau, principalement en paddle, la faute au « pas de vague » et j’ai ramé avec une lionne qui l’air de rien tient bon la barre et le vent.

J’ai vu beaucoup double; sûrement à cause de mes amis jumeaux.

J’ai vu noir et rouge, la faute au Miguel. Mais j’y ai connu des petites étoiles (et rien à voir avec le vin sélectionné par l’Artnoa).

Je suis partie en voyage détox à Ibiza sans que ça ne soit un paradoxe. Sur la route, à la roots, en mode gipsy et … j’ai un nouveau tatouage.
Un soleil, pas d’étonnement.

Et puis encore et toujours j’ai avancé sur mes deux jambes : la gauche c’est Sophie … rapport à une glissade en scooter et la droite c’est Marie celle où j’ai tatoué une ancre. Petite sœur qui joue souvent le rôle de la grande.

J’ai eu de la visite
Ma mère qui apprécie que ce soit sûrement le dernier déménagement.
Chacha, Mel, … mes boussoles qui m’empêchent de perdre le nord.
On ne peut savoir où l’on va sans se rappeler souvent d’où l’on vient.

Et, voilà c’est à peu près tout.

C’est déjà beaucoup.

Le rythme des saisons je le connais, je l’ai dans les veines, en ADN, une vie en Vivaldi. J’adore ça. On ne s’ennuie pas ainsi et c’est très bien comme ça.

Je vois d’ici Sophie lire ce passage et dire « Ah ça tu m’étonnes, on détonne »
Liouba répondre « Clairement, tu m’en diras tant » et Emilie enchainer avec un « Les rois de la déconne » que Marie ponctuera par un « Tu m’étonnes !« 

Nous sommes une bande de joyeux lurons souvent en foire.
Moins enfoirés que bons vivants (sauf toi Charles, toi t’es un enfoiré), nous avons le sens de la fête, du célébrer ensemble, l’humour et l’amour comme liant et notre vie mériterait d’être mise en série, en sitcom, en télénovela espagnole… 

Nous prenons la vie côté sourire et nous faisons en sorte que chacun le garde. Le sourire.

Enfant j’avais participé à un concours de rhétorique. Le thème était « l’amitié ». J’avais dit que l’amitié c’était de faire les devoirs les uns des autres, de se couvrir pour les bêtises, de partager son gouter et de sauter ensemble sur le lit pendant les soirées pyjama (on ne se refait pas). Finalement je n’ai ni grandi, ni changé d’avis. J’ai juste vieilli. 

Mais si décrire l’amitié m’échappe toujours un peu car je manque de mot pour décrire cette sensation, cette émotion, ce lien d’instinct je pense à chaque fois à Saint Exupéry, au Petit Prince et au Renard..

 » Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. « 

Le Renard

Le Petit Prince, Antoine de Saint Exupery

Voilà l’amitié c’est s’apprivoiser, avoir envie d’être les uns avec les autres, avoir besoin les uns des autres et être tout à chacun et chacune unique au Monde.

Comme diraient les mousquetaires : « Envers et contre tout. Tous pour un et un pour tous.« 

Avant cet été, j’utilisais souvent un proverbe berbère qui dit « On ne dit merci à ses amis que dès lors que l’on n’a plus besoin d’eux« . Un pirate (mon préféré) m’a fait réaliser que c’était tout le contraire en réalité :

Pour rester capitaine de son bateau, nous avons tous besoin de petits mousses, d’une régie pour maintenir le cap et affronter les vagues. Leur dire merci est du coup un bon moyen de leur donner envie de rester, de continuer à ramer, d’être là, de faire front. Cela s’appelle la considération. Ca ne suffit pas, bien sûr, à montrer son affection mais avoir la gratitude comme attitude est une manière de se souvenir que rien n’est jamais acquis et qu’il faut dire, montrer, parler, démontrer, se câliner, s’embrasser parce qu’entre tout ce qui est pensé et non dit et tout ce qui est ressenti et non exprimé, il y a trop d’amour qui se perd. MERDE, on n’a qu’une vie ! 

Alors, merci merci 1000 fois d’être là, d’être vous d’être des humains bancales mais surtout BANCO, tellement extraordinaires et si peu banales ….

Quoi on dit banaux ?

Tu sais quoi l’été ? 

Merci pour les roses
Merci pour les épines

 

Vous savez quoi les copains ?

Je vous aime

VOUS CONNAÎTRE EST UNE FÊTE.

© Source photos: 

Mel Lenormand

 

Le monde est Kaboul

Le monde est Kaboul

Dimanche Forme Libre a eu un an.

Un an de portraits, d’échanges, d’images, de poésie, de gens bons qui rendent la vie plus jolie.

Un an que vous me poussez, m’encouragez à parler de ;  d’elles & eux et que vous me réclamez plus d’expressions libres…

Hasard du calendrier ; aujourd’hui j’ai mal à ma Liberté !

L I B E R T E

Ce mot que j’ai tatoué sur mon avant bras droit, qui guide tout chez moi, qui m’a liée à marraine de bonne fée, Ondine la bien nommée.

Liberté je vis ton nom mais du fond de mes tripes

aujourd’hui je te crie.

 

Pourquoi ?

Parce qu’en Afghanistan les talibans ont pris possession de toi, de tes corps et de tes essences. De force, sans aucun droit, ils ont éteint ta Lumière.
Ils ont fermé les écoles, les rédactions, coupé l’information, des têtes (trop) pensantes aussi et ils ont brulé les livres…

Je brûle. Je hurle.

Pourquoi ?

Je ne suis pas afghane après tout !

Et pourtant …

Je n’ai plus non plus 6 ans mais je pense à toutes ces petites filles qui ne vont pas choisir leur cartable pour la rentrée. J’essaie de visualiser le mien mais la vérité c’est que je ne me souviens pas de quelle couleur il était, c’était un détail pour moi… enfant bien née.

Je n’ai plus non 12 ans mais je pense à toutes ces adolescentes à qui on ne dira pas qu’elles ont le droit de dire non, de prendre leur temps, de disposer de leur corps et de leurs sentiments.

Je n’ai plus non 18 ans mais je repense à ce sentiment de fierté que j’ai eu en posant pour la première fois mon cul dans un amphi blindé qui affichait « Faculté de Droit Sciences Politiques de l’Université de Caen Basse Normandie » . J’étais la première de la famille à faire l’unif’ , et même si chaque dimanche soir, lorsqu’il me raccompagnait sur le campus dans ma chambre d’étudiante de 9m², il me disait que « vraiment les avocats c’est tous des escrocs et les juges des coincés qui se croient au dessus de tout« , je crois que ça rendait fier mon grand-père.

Je n’ai plus non plus 22 ans mais je repense à ce moment où je lis sur mon écran que je suis diplômée et où mon frère me porte de ces deux mètres en me disant « Putain solide Frère » ; j’avais eu 18 en Libertés Fondamentales. « Normal » m’avait dit mon mec de l’époque. Je l’ai quitté. Je le pouvais.

Je ne suis pas une mère et pourtant je pense à toutes ces mamans qui tremblent pour leurs enfants de l’autre coté de la Terre, en Afghanistan.

Je ne suis pas un homme, pas un père et pourtant je pense à eux et à tous ces grands-frères qui vont vouloir se battre, rester droits, protéger leurs filles et leurs sœurs, sauver leur honneur et … sûrement mourir pour ça.

Je pense aussi à tous ces petits garçons, les sensibles, les empathiques, les poètes, les artistes, les solidaires, les humanistes nés que l’on va détruire, casser de l’intérieur … haché menu le cœur pour en faire des durs. A qui on va cuire le cerveau pour en faire des robots au service d’une dictature.

Je ne suis pas prof, pas instit, pas journaliste, pas scientifique, pas médecin mais je pense à eux aussi réduits au silence, à qui on va forcer la main, le trait et l’esprit pour prêcher du vomi.

Je ne suis pas afghane ; Et pourtant …

Comme dirait la Grande Sagan «  Si l’on est tant soit peu sensible, on est écorchés partout et tout le temps » . Encore que écorchée n’est pas le bon mot. Je me sens « Percutée » voilà ! J’ai l’impression qu’un rouleau compresseur m’est passée dessus, je me sens oppressée dans la poitrine, j’ai la mâchoire contractée prête à mordre …

PAS TOUCHE à MES SŒURS, PAS TOUCHE à MES FRANGINES !

Mais au-delà de la colère, je ne sais quoi faire, la frustration domine face à ce sentiment d’impuissance. Alors depuis dimanche, je suis sans mot, sans voix, je lis, je regarde, je capte l’info, j’essaie de l’intégrer mais lorsqu’un ami reporter sur place me dit qu’il a vu des têtes tombées, c’est ma langue qui se trouve coupée.

J’aimerai être pilote de ligne pour aller les chercher une par une plutôt que de simplement écrire des lignes.

Et pourtant, j’écris quand même ce soir. Pour eux. Pour elles. Notamment celles qui avaient lancé des magazines féminins en conjuguant au pluri-elles les sujets édités pour construire un Afghanistan de demain plus diversifié et dont les rédactions ont brulé.

Un magazine féminin ca peut sembler anodin, n’être rien, une chose superficielle, pas essentielle.

« On ne mène pas une révolution en parlant chiffon !« 

Mais mon gars t’as rien compris ! Ce qui compte ici c’est d’écrire, de publier ce qu’on veut, d’être libres justement loin du regard des hommes, sans leur jugement ou leur aval. Il en va de même pour la mode. Le vêtement ne semble pas important et pourtant le fait que je puisse passer ma vie en short en jean trop court et t-shirt blanc cheveux au vent est peut-être un détail pour vous mais en fait ça veut dire beaucoup.

C’est ce que m’avait dit Mémère, mon arrière grand-mère, avant de partir. Lorsqu’elle a senti son moment venu, elle m’a faite venir pour me dire tout un tas de trucs et notamment que je ne devrais jamais considérer la Liberté comme un acquis et ne jamais laisser un homme me mettre au tapis.

En parlant de tapis, je sors du yoga et après un enchainement petit cobra, chien tête en haut, chien tête en bas sur le sol j’ai posé mon front … en position de l’enfant. Je ne suis pas afghane, pas musulmane et pourtant, ce faisant, j’ai fait un vœux, un souhait, certain diront que j’ai prié … pour l’Humanité. Pour que Demain, qui s’annonce compliqué ne soit pas fait d’amalgames, j’ai prié pour qu’on me préserve les oreilles de ces discours infames et stéréotypés : 

–  » En même temps les arabes et les femmes …  »

–  » En soi, la burka ça n’a pas l’air de les gêner puisqu’en France elles revendiquent le droit de porter le voile »

– TA GUEULE.

J’avoue c’est moins yoga ça. Mais franchement, d’avance, Ta gueule l’idiot sectaire qui aurait l’idée de me balancer ce genre de commentaire. Je suis pas d’humeur, que ce soit clair.

Je ne suis pas d’humeur parce que j’ai peur. J’ai peur des divisions, j’ai peur pour elles, j’ai peur pour cette génération.

Alors oui, ici avec ma vue sur le rocher de la Vierge à Biarritz je ne risque pas grand-chose mais pendant qu’on célébrait ce week-end son assomption au ciel, les droits des femmes sont tombés six pieds sous terre de l’autre coté de la Terre.

Alors cet article c’est un cierge pour Kaboul, une bouteille à la mer maladroitement jetée qui veut simplement rappeler que si le monde est maboule, il ne tient qu’à nous de le changer, de ne pas accepter, nous incliner. 

La Liberté est une bataille quotidienne : elle consiste à être soi et à faire ses propres choix. 

Chez Forme Libre, nous faisons le choix d’être Kaboul puisque le monde est maboule ! 

Nous refusons le silence, le noir, l’obscurantisme et le fatalisme. 

Le monde c’est nous après tout  alors … 

Faisons en sorte que le monde soit Kaboul.

 

#weareone #lemondeestkaboul

Crédit Photos : 

– The Guardian – édition en ligne du 16/08/2021.

– Le Monde – édition en ligne du 16/08/2021.

– Mel Lenormand 

– Jake Simkin Photos : @jakesimkinphotos : qui vend ses clichés de voyage en Afghanistan pour acheter des tentes de sorte à pouvoir accueillir des réfugiés politiques aux frontières et construire des écoles nomades. 

Oh hisse c’est l’été !

Oh hisse c’est l’été !

Juillet est passé, août est arrivé avec son chassé croisé de vacanciers …
Déjà un mois d’été. Un mois à vivre au rythme des cigales… et des timbales.
Un mois de saison, de transats, de plages, de « bons moments »…

Et finalement, pour nous, habitants de stations balnéaires, une vie en suspens …

J’aime l’été.

 

J’aime son parfum et ses matins.
J’aime ses marchés colorés, ses siestes et ses lectures. Souvent c’est Sagan à l’ombre des persiennes parce que l’Humour, parce que l’Amour, parce que l’ironie entre les lignes ; Bref, la vie.

J’aime les rayures de l’été, ses ratures.

Celles des marinières,

des cabines de plage de Biarritz …

ou de Trouville-sur-mer.

J’aime le blanc, le bleu et le vert.

Les embruns rafraichissants de l’océan.

J’aime me nourrir de pastèques sans jamais prendre le melon.

J’aime l’été.

J’aime aussi les nuits de l’été, ses ivresses, ses apéros à répétition. Trop nombreux ;

Ses retours de soirées nu-pieds et ses réveils à moitié nue sur la couette à compter les verres de rosé.
Trop nombreux aussi eux.

J’aime ses excès, ses légèretés, ses impressions que rien n’est grave parce que l’été rien ne dure… que c’est deux mois et basta.

J’aime rêver l’été.

Préparer la rentrée. Planifier, Imaginer demain dans le fidèle carnet jaune toujours jeté au fond de mon panier.

J’aime être bronzée, les marques de maillot de bain, l’odeur de la fleur d’oranger et tout tâcher parce que j’ai trop d’huile d’argan sur les mains.

J’aime me baigner, nager, surfer, glisser.

J’aime me marrer à écouter les discussions de la serviette d’à côté.

Surtout quand elles parlent de relations, de dates, de rencontres dans l’avion, le train ou en boite.

 

J’aime les scènes de plage façon Martin Parr et penser à Guy (Birenbaum) pour qui la vie est une plage.

J’aime les glaces … menthe-chocolat, cette passion que personne ne partage.

J’aime me balader à la nuit tombée avec mon cornet, flâner dans les lacets et écrire à la lueur des couchers de soleil tout rosés. 

Mais cette année, il y a quelque chose que je n’aime pas.

Cet été manque de fougue et de panache,
de parfum de monoï chaud sur la peau,
de regards croisés et de draps froissés, d’émois, d’envies.
Cet été manque de vie.

Cet été « bon an, mal an » manque de Sagan.

BONJOUR TRISTESSE !

Cet été manque d’Arnaud et d’Audrey. De Seb, de Clm…
Cet été manque de Normandie, de course de poneys, de placés, de gagnants, de rosés. Cet été manque de lambada, de moulaga, de chachacha.

Encore que, pour moi, ça va. Mais je vois bien que tout autour quelque chose ne tourne pas rond, que ça, ce qu’on vit là, c’est pas vraiment toi, l’Eté.

ça se sent que c’est pas toi. ça s’entend.

Sur la serviette d’à côté, sur les terrasses du marché, dans la file des supermarchés, …

ça se sent que tu nous as farcé l’Eté … que t’es pas vraiment là …

Tu manques de température, de chaleur … surtout dans les cœurs.

Surtout dans celui de la jeunesse qui laisse partout traîner ses déchets sans rien ramasser. A croire qu’on ne leur a jamais dit de ne rien laisser derrière eux, aucune trace parce que l’été ne fait que passer, justement, et que la rentrée c’est la promesse d’aller de l’avant.

A croire qu’à force de ne plus savoir de quoi demain sera fait, ces jeunes semblent avoir oublié d’avoir un peu de respect pour l’environnement.

Histoire d’une génération d’engagement.

Mais n’allez pas croire que je vais ici dresser une généralité et accuser la jeunesse… la Zola en moi critique et accuse déjà tout un tas de choses depuis un mois et je reconnais que cela me met d’humeur morose. Les stations Balnéaires se sont cette année teintées d’un spleen à la Baudelaire… Moins Comtesse de Ségur que Shopenhauer, on aimerait tous fuir ailleurs.

Et pourtant nous avons l’habitude de la saisonnalité. Des attitudes colonialistes des touristes, des congés-payés de masse, de ses marasmes… Mais là … ce n’est pas « comme avant ».

… Si l’été est en général une parenthèse, comme un film de Godard, cette année nos vies semblent comme suspendues à un fil. Les mauvaises nouvelles nous prennent au dépourvu, rien n’est léger, tout est lourd, on ne danse plus, on manque d’entrain, on ne sait d’ailleurs sur quel pied danser, pour rien. Tout semble n’être que foutaise et le romantisme que représentaient l’été et ses légèretés ont laissé place à un agnosticisme qui prend tout par-dessus la jambe comme si le doute et la peur avaient pris le pli sur tout, sur nous et que plus rien ne valait le coup *.

 

Pas même la promesse de septembre.

Et bien moi je m’en fous, je me fous de la météo et de ses sautes d’humeur, je me fous du pass sanitaire et des nausées causées par le vaccin, je me fous de cette plaie sur ma jambe qui fait mal le matin, je vais lire Sagan !

Parce que la vie est belle, parce que même si les cons osent tout et que c’est même à ça qu’on les reconnait, ils ne sont pas la majorité. Parce que bien sûr que les nouvelles ne sont pas toujours bonnes mais que si on y regarde bien la vie est faite de belles surprises … celles-là même qui se planquent dans un sourire, dans un regard qu’on croise, dans des mots que l’on a entendu, dans une phrase glissée dans une conversation, une phrase qui ne paie pas de mine, dans un geste comme ça … qui ouvre la porte, la fenêtre à quelque chose qui peut changer un mois de juillet, d’août, une vie ou juste un été.

Je crois qu’il y a deux types de personnes :

Celles qui décident d’apprendre à sourire des yeux puisqu’il faut porter un masque et celles qui font le choix de ne plus se brosser les dents.

Bref il y a les jaunis, les ternis et les heureux.

Alors, même s’il me tarde d’être en septembre,
mais genre VRAIMENT,
j’ai la ferme intention d’aimer Août coûte que coûte !

Du coup si vous voyez une idiote lancer un madison sur une musique qui n’a rien à voir, vous avez 8 chances sur 10 que ce soit moi et ne me chauffez pas sur un David et Jonathan parce que je serai, je pense, toujours en avance au rendez-vous de nos promesses !

MUXU

 • A ceux qui s’en foutent de tout,
Méfiat quand même … aux déchets que vous laissez, aux conséquences de vos absences : le karma ne prend jamais de vacances alors gare aux excès de confiance.

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram. 

Avant que le café ne refroidisse

Avant que le café ne refroidisse

Vendredi je vous ai dit que je n’avais pas d’inspi.
C’était un gros mensonge. Je n’ai jamais autant écrit que la semaine dernière.
La vérité c’est que je n’ai pas osé publier mes élucubrations pourtant écrites compulsivement, avec passion.
Je vous dois donc des excuses. Les plus plates.
Evidemment, après ce « je vous prie de bien vouloir m’excuser » je vais ajouter un « mais« . Ce fameux « mais » qui annonce, après le Grand Pardon, l’arrivée de la liste de toutes les excuses que je me suis trouvée pour ne pas oser appuyer sur le bouton publier.

Donc : Je vous prie de bien vouloir m’excuser mais…

Il y avait trop de personnel, trop d’intimité, trop d’engagement, trop de « vrai » là-dedans…

Non pas que je parlais de moi mais de la vie ; et forcément il s’agissait un peu de ce que je vis, vois, bois, absorbe, observe, ressens. Je ne vous cache pas que j’avais réussi à rendre ça plutôt marrant. L’histoire de l’explosion de ma chasse d’eau, notamment. Mais je me sentais trop « à vue » , trop à nu et j’ai eu peur de perdre le contrôle des interprétations que vous pourriez faire, entre les lignes, de mes mots. Je me méfie des projections. Déformation professionnelle. Et puis … il s’agissait forcément un peu aussi d’elles et eux, mon cercle de joyeux lurons philosophes amateurs de bons flacons. Elles et ils nourrissent mon inspiration mais j’ai eu peur d’être maladroite, malhabile, malaisante… alors :
==> « sélectionner tout »
==> « suppr »
==> ok.

Page Blanche.

« Bordel Mel ! Ecrire c’est se montrer ! Arrête de te cacher, cesse de minauder, de faire à moitié, de te poser 40 000 questions, prends ton risque ! Fais avec tes tripes, ton cœur. Là où tu vois de l’étalage et du déballage, moi je vois du partage avec, toujours, beaucoup de pudeur. Oui tes mots font écho parfois mais c’est ce qui fait qu’on aime ça. Sinon continues d’écrire des contenus de site internet de service de comptabilité, t’as raison avec ça tu ne te mouilles pas, tu restes dans ton rôle, en contrôle ! « 

Bref, je me suis faite engueulée.
J’ai pris ce que l’on appelle communément un coup de pied au cul.

Celui là même qui, sur le coup, fait faire la moue et bougonner mais qui, après coup, donne l’impulsion pour passer à l’action.
Pour oser, faire, sortir de sa zone de confort, dire sans avoir peur des remords parce que les regrets c’est pire …
Celui-là même qui donne du courage. Le courage d’essayer, de prendre le risque de se planter, d’agir.

Pour tout vous dire (puisqu’il est question de ça), après ce sermon et un café préparé pour me donner l’énergie d’écrire, j’ai commencé un article qui s’appelait « Si je devais mourir demain » et puis … je l’ai laissé refroidir (le café) et à trop réfléchir, j’ai renoncé à partager cette liste de mes envies et fuit mon ordi pour aller surfer. J’ai pris un bouillon. Le second de la journée. On ne peut pas toujours tout comprendre du premier coup … la bête est mûle et un peu nulle…

Frustrée de cette session à la con, j’ai retrouvé mon ordi et mon café froid et c’est en buvant ce jus de chaussette que je me suis souvenue de ce bouquin de Toshikazu Kawagushi  » Avant que le café ne refroidisse  » qui traite du rapport entre le passé et le présent mais aussi du contrôle que l’on veut exercer sur l’avenir, du rapport au temps.

« Si vous pouviez revenir en arrière,

qui voudriez-vous rencontrer ? »

C’est la question centrale de l’histoire qui se passe en huis clos dans un café d’une ruelle de Tokyo où se trouve une chaise qui permet de voyager dans le temps, dans le passé plus précisément. Les règles non négociables du voyage sont définies dès le début du récit :
– Vous ne pouvez être transporté-e qu’à partir d’un siège particulier,
– Vous ne pouvez rencontrer que des personnes avec qui vous avez pris un café,
– Vous devez revenir avant que le café ne refroidisse et,
– Surtout, vous ne pouvez absolument pas changer le présent par cette petite excursion.

Mais du coup, A quoi bon ? Si tout ce qui peut-être fait au cours de ce voyage n’a pas d’impact sur la réalité, quel intérêt ? Dans le récit c’est ce qui donne le courage au personnage de s’asseoir sur ce siège magique … mais quel courage puisque, de toute façon il a la certitude au cœur qu’il n’y a aucun risque, que sa vie ne basculera pas, qu’il pourra reprendre les rames de la barque et continuer sur le long fleuve tranquille …

Parce qu’on n’est pas bien là ? Heureux, pénards, pas emmerdés ou dérangés ? Quand tout file comme prévu, sans être pris au dépourvu…

J’aime la littérature japonaise. D’ailleurs, j’aime bien la culture japonaise. Sûrement rapport au fait qu’au Japon, on ne dit jamais non. J’aime bien cette idée : toujours dire oui … même dans le doute, même quand on n’a pas compris. Dire oui spontanément, instantanément. Dire oui à la vie finalement par politesse ou délicatesse, avec ivresse. Dire oui au monde, aux gens, aux matins, même le lundi. Ou alors peut-être est-ce à cause des samouraïs (je viens de réaliser l’anagramme en écrivant et je ris, bêtement).

Un jour une amie m’a dit que ce qu’elle recherchait en premier chez une personne c’était le courage, parce que finalement il était à la base de tout (J’avais dit que c’était l’humour pour à peu près les mêmes raisons). Elle avait complété sa phrase en disant que le problème était que, si le courage était un nom masculin, il semblait que les hommes en soit dépourvu et que c’était surement pour cette raison que le mot bravoure était féminin. Ca m’avait faite rire. L’humour …

Le courage se définit comme « La force morale de faire, d’agir, malgré les difficultés« , comme « l’énergie dans l’action, le fait de ne pas avoir peur« , comme « la force devant le danger ou la menace par opposition au laisser aller ou à la trop grande prudence » (source : Larousse).

Ne pas avoir peur, ne pas laisser aller, ne pas être trop prudent … c’est donc ça être courageux ? Et pourtant … ne nous dit-on pas tout le temps de faire attention, à soi, aux autres, à sa santé ? Ne nous conseillons-nous pas toujours d’être vigilants, d’anticiper, de planifier les risques, les obstacles, de toujours avoir un plan B ? De nous protéger, de protéger ses biens et les siens ?

Mais à la fin,

Combien de fois vous êtes vous dit « Si seulement je pouvais revenir en arriere ? » « J’aurais du dire / faire … » « Si seulement c’était à refaire ? » Combien de fois vous êtes vous dit que ce n’était pas raisonnable, pas le bon moment ? En restant là immobile, prostré-e, frustré-e … en vous répétant cette phrase qui dit que dans la vie tout finit toujours par prendre la forme que ça doit prendre … Bienheureux qui comme Jacques le Fataliste se cache derrière le sacrosaint optimisme.

Juriste de formation j’ai le réflexe anticipation et objection, médiatrice en pratique j’ai la neutralité comme code déontologique … Limiter son impact toujours … Etre à l’équilibre, en contrôle, trouver la formule adéquate, chercher dans le marc de café les (bonnes) réponses à donner pour anticiper le futur et savoir vers quoi (et qui ?) aller … C’est le problème des runners : on cherche au maximum à maintenir l’électrocardio à plat : ne jamais se mettre dans le rouge pour tenir la distance. Cela s’appelle l’endurance.

Un jour… alors que je m’interrogeai au sujet de ma carrière (la faute à mon 3ème ulcère), mon entraineur m’a dit au cours d’un semi « Le bonheur n’est ni un souvenir, ni une promesse, c’est maintenant. »
Son cœur a lâché le lendemain. 

Si la vie est trop courte pour boire du mauvais café, elle l’est aussi pour le laisser refroidir : le café froid laisse un goût amer, vous ne direz pas le contraire ?

 

Alors, et si on osait ? Si finalement Jean-Paul (Sartre) avait raison et que choisir de ne pas choisir c’est encore choisir ? Si l’attente et la passivité était finalement une forme latente de lacheté ? Si on laissait nos peurs, nos incertitudes, nos insécurités derrière nous pour considérer que la vie vaut le coup ? Le coup d’être vécue, pleinement ; embrassée, amoureusement ? Si prendre des risques était finalement la seule façon de se sentir vivants.

Et si on se retirait les plombs que nous avons dans l’aile ou dans le cœur pour se les mettre dans le crâne ? Si on disait oui avec la tête et oui avec le cœur, si on disait oui à tout ce et ceux qu’on aime et non à nos peurs ?

J’aime les vivants, les animés, ceux qui ont décidé de manger la vie à pleine dents, les goulus, les hurluberlus, les preneurs de risque, ceux qui ne pensent pas qu’au fisc, les fauteurs de trouble, ceux qui foutent la merde, qui nagent en eau trouble et qui disent « merde; après tout faisons ce qu’on veut puisque c’est le seul moyen d’être heureux ».

Kerouac a un jour écrit sur la route « Les seuls gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la force de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout en un seul instant, ceux qui ne savent pas bailler ou sortir un lieu commun mais qui brûlent brûlent » ….

PS : Si je devais mourir demain, je crois que je voudrais revoir la mer, embrasser ma mère et mon frère, faire l’Amour et célébrer l’Amitié et je crois que je vous écrirais un texte qui vous dirait de vivre, avec ivresse ; d’aimer, avec passion ; de vibrer , d’avoir confiance en vous, dans les autres et en la vie et dont la conclusion serait :

« Le bonheur n’est ni un souvenir, ni une promesse, c’est maintenant »

 

PS 2: Je ne publierai pas mes histoires de chiotte. 

 

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Mel Lenormand

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Vitesse de croisière

Vitesse de croisière

Nils Tavernier m’a un jour dit que le doute était à l’origine de tout et de chaque chose qui se crée et qui existe, qu’il est constitutionnel. Pour ne rien vous cacher, dans notre grande névrose de gens débattant de toutes choses, nous avons longuement échangé sur le point de savoir s’il était constitutionnel ou constitutif. Je pose ça là pour le débat. Nous on a choisi constitutionnel mais je veux bien reprendre cette discussion avec n’importe laquelle ou lequel d’entre vous, les terrasses de café servent à cela après tout.

A cela et aussi à aborder nos propres doutes, à poser sur la table nos tergiversations intérieures, à allonger nos bas et hauts le cœurs.

C’est sûrement pour cette raison que j’aime autant le café, il permet de prendre le temps de papoter, de laisser aller nos amertumes sans porter nos costumes. C’est sûrement pour cette raison aussi que je ne bois pas de café avec n’importe qui … mais je digresse, là n’est pas la question, du moins de cet article ci. On y reviendra.

« – Franchement à trop parler ça tourne en rond, faut passer à l’action à un moment » l’Amie qui boit des cafés serrés.
« – Je suis plutôt lente, j’aime bien quand les choses prennent du temps, ça me remue moins, ça me laisse le temps de respirer, de reprendre ma respiration et de ne pas paniquer dans le doute » l’Amie qui boit du thé.

Il ne m’en fallait pas plus pour penser à Sagan « Mon passe-temps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps. » Mais aussi à Ondine Saglio qui un jour m’a dit « Au Sénégal, on dit que N’dank N’dank l’oiseau fait son nid » – Philosophie de vie à la Hakuna Matata. Pourquoi pas ?

Toujours est-il que la question du rythme et de la vitesse était posée à ce café. Cela va sans dire que le cœur du débat était porté sur les questions de cœur. L’été, la saison des relations en fleurs.

Ma réponse de nana qui boit des cafés allongés noirs et sans sucre a été de dire :

« Les relations sont comme des blancs en neige : Lorsqu’on les bat à même constance et température, ils montent et forment une mousse que l’on peut incorporer à n’importe quelle recette, à sa guise et selon ses goûts. En revanche, si nous les battons chaud / froid et à un rythme différent, ça finit en flan. »

Fou rire et un « Tu nous fatigues avec tes métaphores » (Elles m’adorent …) plus tard on se sépare en se disant à plus tard, cette fois au comptoir, un verre de vin à la main.

Mais dans ma tête, le débat a continué … bien gainée sur mon paddle, je ramais à chercher la bonne cadence puis j’ai repensé à un article lu dans la meneuse des revues (ndrl : papier machine) qui traitait de tourniquet, de gyroscope et de la presque immuabilité du moment cinétique.

C’est ce qu’il y a de bien avec la lecture et les sciences c’est qu’elles nous permettent de réunir les choses qui a priori, si on n’y porte pas une attention particulière, n’ont rien à voir les unes avec les autres. Elles nous permettent de faire des liens et de trouver la bonne formule, tout du moins, la bonne formulation et parfois même d’y voir plus clair dans nos relations.

Retour maison. Bibliothèque et note à moi-même pour plus tard : Ranger ce foutu bazar pour trouver les choses plus vite. Page 28 du N°7 de papier machine : « un gyroscope se distingue par une propriété physique bien particulière : il a la capacité de conserver son axe de rotation dans une direction fixe – dans l’univers – à condition qu’aucune action ne vienne le perturber » Rapport au principe d’inertie – Première Loi de Newton ou au Stoïcisme – Première Loi de Zénon de Kition.

En effet, on comprend bien que s’il n’y a rien, ni aucune force, dans le vide infiniment vide de l’espace intergalactique, loin de toute masse, alors qu’est ce qui pourrait bien impacter la cadence du gyroscope ou du tourniquet ?
Dans notre vie de terriens pas toujours bien solides sur nos appuis, le vide n’existe pas : « Tout est Energie » . Nous nous faisons percuter ici et là constamment, nous sommes remués, secoués, perturbés. Plus girouettes que gyroscopes, c’est un fait.

Pour continuer sur les métaphores (comme mes amies adorent), prenons celle du vélo. Lorsque l’on est à bicyclette, seul sur un petit chemin qui sent bon la noisette, plus on va vite, plus on est stable et tout devient un jeu d’enfant. On peut lever les bras, les jambes, ne pas toucher le guidon sans mettre un genou au sol et garder la même direction. Mais dès lors que l’on se retrouve en ville (parole de provinciale qui a failli se faire découper 4 fois lors de son dernier passage cyclable à Paris) alors les choses se défilent. Coup de guidon, gauche, droite, klaxon, pied sur la pédale, deux mains sur le frein, on ne comprend plus rien… désorientés, désaxés.

Bien sûr, notre niveau d’absorption de tous ces éléments extérieurs et notre capacité de réaction dépend de notre personnalité et de ce tout ce que nous sommes à l’intérieur. Comme dirait la Grande Françoise (oui encore) :

« Il m’arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. Si l’on est un tant soit peu sensible, on est écorché partout et tout le temps. »

Si l’on est un tant soit peu – ou trop – observateur ou empathique façon Bob l’éponge, on se fait percuter par tous tout le temps et c’est là, à ce moment précis que la vitesse devient une variable scientifiquement non négligeable. Je vous fais l’impasse sur l’explication formulaire, pas besoin d’avoir fait math sup’ / math spé pour comprendre que plus on est lancé à grande vitesse, plus l’impact fait mal et puis j’ai fait un Bac L donc bon, CQFD.

Papier Machine n°7, p. 28:

« Plus la masse qui tourne est importante (plus l’objet est lourd, donc), plus la répartition de cette masse est loin de l’axe (plus l’objet est gros, en gros), plus la vitesse de rotation est grande, plus le gyroscope aura facilité à conserver la direction de son axe de rotation envers et contre tout ; bref plus il sera stable et fiable ! »

Ouf…

Peut-être est-ce mon optimisme ou ma naïveté qui me porte à lire entre les lignes de cette affirmation scientifique une règle qui permettrait de remettre les pendules à l’heure lorsqu’on est bousculés dans nos petits cœurs ; mais Toujours est-il que je ne peux m’empêcher ici de faire un lien avec les relations et de dire que plus une relation est forte, évidente, importante pour les protagonistes, moins elle risque la sortie de piste.

Mais je vous vois venir avec cette fameuse règle absolue de psychologie relationnelle de PMU « Si ça n’est pas simple, ça ne vaut pas le coup ! Quand c’est la bonne, il n’y pas ni hic ni question » Not True ! Non ! Arrêtez avec cette leçon, elle est con-sa-mère (l’emploi du masculin ici est volontaire)

Comme dirait mon amie qui fume des roulées avec son café :

« Une relation c’est du boulot ! Ce n’est jamais cool Raoul, en voiture Simone et Roule ma poule, ça réclame de l’attention, des ajustements, des remises à niveau, de l’huile de coude » (passion métaphore avec ce petit trésors)

Sur la route, il peut donc y avoir des embuches, des nids de poule, des virages et, certes, parfois des mirages. Dans tous les cas, toute relation, qu’elle que soit sa nature, demande du courage. Celui de l’honnêteté, de la sincérité et de l’engagement. Enfin je crois. C’est ce que je me dis, surtout quand ça vaut le coup. Mais pour reprendre le fil conducteur, quelle est la bonne vitesse à suivre ? La cadence à tenir au compteur ?

Instinctivement, j’avais répondu le matin avec ma métaphore des blancs en neige et du flan que c’est moins la cadence qui compte, que la constance. Si les choses qui valent le coup réclament du temps, la vitesse n’a, je crois, rien à voir là-dedans. Autrement dit, peu importe que l’on soit sprinteur ou marathonien, pourvu que le cardio se maintient car finalement c’est de la constance que nait la confiance. C’est la constance qui forme (forge?) l’endurance. C’est lorsque l’on a le sentiment de savoir sur quel pied danser que nous nous sentons prêts à nous dévoiler, nous découvrir et nous confier. Que nous ouvrons la porte. C’est en confiance que l’on cesse de s’interroger et se questionner pour communiquer et dialoguer…

C’est ainsi que les choses prennent, que la réserve laisse place à l’échange, que l’on cesse d’interpréter pour parler et que la relation grandit selon vos appétits, que dis-je ? Vos appétences !!! Vos préférences ! (gardons cohérence avec ce qui a été écrit là : https://forme-libre.com/appetence/)

Je n’ai pas la science infuse mais j’ai le sentiment que c’est à ce moment là que la fluidité se diffuse, que la recette entre deux ptites têtes bien faites trouve son équilibre parce que, finalement, Nils a raison, nous sommes tous faits de doutes et d’interrogations. Ils font notre constitution, nos humeurs et nos émotions et c’est ok parce que nous sommes humains. Nous portons tous nos bagages, nos peurs, sentiments … et, dès lors que l’on parle d’histoires qui touchent au cœur, nous sommes tous un peu dépourvus jusqu’à ce qu’on nous tende la main pour nous montrer le chemin et que l’on nous donne les bons ingrédients pour mieux se comprendre et réaliser la recette ensemble,

Histoire de mettre des pruneaux dans le flan et le transformer en phare breton…

… Histoire de trouver sa propre vitesse de croisière
et d’avancer dans la même direction. 

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Mel Lenormand

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