Femmes

Femmes

Femme sauvage
Femme objet
Femme enfant
Femme de tête
Femme de pouvoir
Fille facile
Femme libérée
Femme forte
Femme de poigne
Femme moderne
Femme au foyer
Femme indépendante
Fille à histoires
Femme à kekettes
Femme de couleur
Femme originale
Femme originelle
Femme mûre
Fille fragile
Femme docile
Femme romantique
Fille de joie

Mère, Sœur, Meuf, Nana, Miss, Zoulette, MILF, Cougar, Pouf, Tchoin, Michto,

Que d’étiquettes !
Que de boîtes dans lesquelles « On » cherche à nous mettre … Sauf que, sauf votre respect, vous m’excuserez du peu, mais il s’agit là d’une organisation, d’une définition bien simplette …

Sur la féminité, nous pourrions en effet dire bien des choses en sommes ; en déclinant le nom, le verbe et le concept… sans se tirer les vers du nez (pour ceux qui n’auraient pas la réf : Cyrano de Bergerac … Je peux ajouter « Femme de lettres » à la liste. Du coup. CQFD)

Crédits Photo : « Déchainée » par Natacha Mojaïsky

Blagues et réf de comptoir à part, si je me suis souvent demandée quel genre d’être humain je voulais être, JAMAIS je ne m’étais (trop) interrogée sur ma féminité. Je l’ai vécue assez spontanément, naturellement, sans me demander dans quelle case j’allais être rangée. Mais ça c’était avant … avant cet été.

Est-ce en raison d’une question posée par Cécilia au Café sur la sur-sexualisation des nanas ? De toutes ces discussions entretenues à la PP (La place Publique) avec Némo ? A cause ou grâce à cette phrase de Véro qui disait que « Vieillir revenait à devenir transparente » ? Du fait que j’ai vu, tout l’été, les corps se dénuder, de plus en plus tôt, sans retenue ? Je ne saurais le dire mais toujours est-il qu’à l’aube de mes 33 ans, j’ai mené mon enquête et il semblerait donc, qu’à l’âge du Christ, je me vois clouée sous la légende : « Bonne pote rigolote, rate de bibliothèque, sauvage à lunettes »

Sûre que je préfère 1000 fois qu’on dise de moi que je suis drôle et sympa plutôt que belle et sexuelle ; d’une part parce que c’est vrai et, d’autre part, parce que la séduction n’est pas mon dada. Rien à faire je ne suis pas à l’aise avec ça… Pourquoi ? Et bien parce que je suis de la génération biberonnée à la Marguerite Duras. Celles à qui on a dit de ne compter que sur elles et de ne jamais attendre ou faire la queue (J’assume totalement cette vanne en métaphore) ; Mais finalement l’un est-il forcément décorrélé de l’autre ?

N’aurions-nous pas le droit d’être tout à la fois :
forte et vulnérable ;
sensible et solide ;
peureuse et affectueuse ;
moitié lame, moitié soie ;
ingénue et ingénieure,
indépendante et aimante ?

Ne pourrions-nous pas être élégante sans être bourgeoise, aimer le cul sans être pute, apprécier le beau sans être une michto, publier story et réels sans être superficielles, faire des compromis sans se compromettre, la cuisine sans être rangée dans la case soumise ?

Je hais les cases, les boîtes – symbole d’une organisation en rayons de bibliothèque ; elles ne représentent rien d’autre que les projections de celles et ceux qui nous étiquettent … Ah oui parce que quand je disais « On » au début de cet article je ne parlais pas que de la gente masculine mais bel et bien aussi de mes consœurs adorées qui, souvent, mettent bien sous le tapis le concept de sororité en y allant de leurs petits jugements au quotidien sur truc, machine et machin !

Je ne jette la pierre à personne, c’est bien humain, mais je crois que les choses tourneront mieux le jour où chacun-e rangera son petit marteau de Juge d’intentions en n’instruisant plus à charge la longueur de la jupe, le nombre de pines et la cellulite apparente de la copine.

Je veux bien que l’on vit dans un monde d’observation ; via les réseaux, chacun peut se prendre pour Colombo mais il serait temps que les Jean Michel Larqué de la morale se détendent un peu : si on peut rire avec les gens, dès lors que l’on rit d’eux en y ajoutant du jugement et de la médisance on se transforme en un KGB un brin Hezbollah et, franchement, ça, on n’en veut pas … !

Évidemment qu’il m’arrive aussi d’avoir un mot ou une pensée de trop, de poser mon avis là où on ne me l’a pas demandé mais, en toute honnêteté, le soir dans mon lit je n’en suis pas fière et je supplie l’univers et mon karma de m’excuser ça ! Parce qu’en était tout à fait honnête avec ma petite personne imparfaite, il s’agit là souvent d’une forme de mesquinerie et de jalousie : j’en chie à la loge pour avoir la fesse galbée alors plutôt que de mettre mes baskets et courir 10 km (ou de poser ma fourchette), je dis que la nenette qui rentre dans un Levis taille 23 elle doit pas foutre grand chose de ses journées pour n’avoir que son cul à sculpter. Shame on me. Que ta parole soit impeccable on a dit !

Il serait temps d’être un peu sympas les unes avec les autres, de s’envoyer des fleurs plutôt que des tirs, de se réjouir plutôt que de se jalouser et de féliciter, avec des carnets roses, toute celles qui osent s’accomplir, se réaliser … et peut importe comment ceci est fait !

 

Pourvu que ce soit fait!

J’ai cette chance d’être entourée tout autour de femmes d’exception, de talent et d’amour ; de partager leur quotidien et, souvent, d’échanger avec elles dans une intimité fidèle ou nouvellement créée. Ces discussions tenues à l’abri de confidences où elles règnent en reines sont le lieu de partage de nos émotions, de nos doutes, de nos incertitudes et de nos peines mais aussi de nos projets, de nos passions et de nos actions. Elles sont TOUTES une source d’inspiration. Elles sont BELLES et m’aident chaque jour à être une meilleure être humaine.

Ce texte sur la féminité je l’ai écrit pour elles et pour leur dire ceci :

« J’aimerais que vous puissiez vous voir avec mes yeux, non pas parce qu’il vous manque quoi que ce soit mais parce que vous verriez tout ce que vous êtes déjà de douceur, de force, d’endurance, d’élégance, de potentiel (réalisé ou à explorer), d’engagement et de volonté. À quel point vous êtes complètes dans votre féminité : celle que vous avez inventée, qui vous ressemble et vous permet d’être vous, pleinement en refusant d’être autre chose. »

Libres assurément.

Crédits Photo : Natacha Mojaïsky

Évidemment, je ne peux clôturer ce billet sans un mot pour la gente masculine : 

Crédits Photo : Némo Rhunensky

Mes Chers Confrères,
Merci de nous regarder toute entière, de ne pas vous effrayer de nos complexités et de nos paradoxes. Merci de ne pas avoir peur de nos cœurs durs et fragiles à la fois. Merci de les respecter et d’en faire de même avec tous nos autres membres et organes. Merci d’être des guerriers au regard tendre et aux épaules solides à nos côtés. Par pitié, n’ayez pas peur de notre liberté, vous en êtes à la hauteur. Tous (ou presque). Sachez qu’elle ne vous exclue pas et que, au contraire, elle vous encourage à être vous également et à assumer cette part de féminité en vôtre dedans qui font de vous des gentlemen sans armure mais en costume … Yves Saint Laurent (ndlr : l’inventeur du féminin-masculin).

La féminité n’est pas (que) une affaire de femmes, c’est une question de regard.
De Liberté & d’Amour

au sens large du terme, sans égard.

Belle journée.
Femmes & Hommes Je vous aime.

Mel

Crédits Photo : « Au nom de la Rose » par Natacha Mojaïsky

Merci à Natacha Mojaïsky pour l’illustration magique & poétique de la féminité de cet article & Merci à Némo Rhunensky pour son illustration sensible & sensuelle du masculin féminin. 

Chacune de ces deux artistes incarnent une féminité qui m’inspire au quotidien. Leur expression de la douceur, de la sensualité ; le regard et l’oeil qu’elles portent sur le monde m’emportent et colorent ma propre expression de ce que peut signifier être une femme d’aujourd’hui. Les avoir sur ma route est un cadeau, dans Forme Libre, un honneur. 

 ———

Merci aussi à Laura, Mel, Loriane, Eliya, Cécilia, Véronique, Nath, Gin, Alexandra pour nos échanges et discussions de femmes qui ont nourri mon inspiration ici ; Merci à Charles, PA, Noé, Paul, Jerem, Simon, Arnaud pour leur vision et partage sur ce sujet. 

Merci à tout-e-s les Humain-e-s de ma Vie. 

 

 

Giulia & Les français sont gâtés

Giulia & Les français sont gâtés

« Ce que je voulais c’est mettre en valeur les petites mains qui façonnent les objets qui font notre quotidien. »

Giulia

Les français sont gâtés … une affirmation en guise de nom, un mantra pour se souvenir, un message de Giulia, son cri du cœur comme une déclaration pour le travail des créateurs.

Le moins que l’on puisse dire c’est que « Les Français sont gâtés » et « Forme Libre » ont de nombreux points communs. Sans parler de leur passion pour la décoration et le BEAU, leurs origines à tous les deux ont pris racines dans le même terreau :
Celui qui souhaite raconter, décrire, écrire ; celui qui souhaite mettre en lumière les différentes formes de savoir-faire.

Un peu comme deux cousins assis à la même tablée lors des fêtes de fin d’année, il y a là un partage de mêmes valeurs, quelque chose de commun qui leur tient à cœur.

« J’ai eu la chance dans ma vie de beaucoup voir les coulisses, j’ai donc eu envie de faire découvrir l’envers du décor. »

Giulia

Et cela fait désormais deux ans que le rideau se lève régulièrement sur le portrait de créateurs français grâce au site « Les français sont gâtés ».

Qu’ils fabriquent des bijoux, des chapeaux ou dessinent des illustrations, on découvre le visage et les mains de ceux qui font, façonnent, cousent, produisent de toute part en France et en terre de Navarre tout en attrapant au passage deux trois petits conseils pour bien choisir son chapeau ou son béret !

« Tout le monde a une tête à chapeau le tout est de trouver la bonne taille »

… une affaire de Choix-peau (vous l’avez ?)

 

Mais, comme pour Harry Potter (c’est bon maintenant vous l’avez ?)
il s’agit surtout d’être à bonne école !

Et c’est là
tout le travail et l’engagement de Giulia

que de nous inviter à un retour aux sources
tout en nous facilitant la démarche
en sourcant pour nous la crème de la crème du savoir-faire français. 

« Il n’est pas nécessaire d’aller chercher à l’autre bout du monde de beaux objets alors même que nous avons la chance d’avoir de très jolies choses en France ! Bien-sûr, chaque culture, chaque pays a son artisanat et il y a partout des choses magnifiques mais nous avons ici des richesses par milliers et de très grande qualité. Consommer local en priorité c’est mettre à l’honneur les créateurs de notre pays, leur accorder l’importance qu’ils méritent et aussi leur dire merci … parce qu’il y a toujours une minutie, un travail acharné, certes passionné mais qui demande un effort constant et beaucoup d’engagement. »

Giulia

De l’engagement, de l’effort … il n’est en effet pas toujours aisé de rivaliser avec la concurrence internationale lorsque l’on fait en France et de façon artisanale :

D’une part, difficile de s’aligner sur les prix au ras des pâquerettes des produits fabriqués à la chaine par une main d’œuvre dite « bon marché », souvent exploitée au sein de pays qui ne répondent pas aux mêmes Règles, Lois et Conventions. D’autre part, dur de se faire une place et un nom lorsque les ondes sont inondées de publicités financées par les mastodontes de l’économie de la consommation de masse.

Sans parler de la difficulté d’avoir pignon sur rue lorsque l’on observe la flambée de l’immobilier et le coût des pas de porte… une pratique qui agace ! 

Bref, pas simple … mais si le tableau semblait noir auparavant il semble que les choses aillent de l’avant et dans le bon sens … Le Made in France a le vent en poupe grâce notamment à une réelle prise de conscience des consommateurs.

A la bonne heure !

Certes, la cadence n’est pas assez rapide et on aimerait que les choses aillent plus vite mais elles semblent être en ordre de marche.

Que ce soit pour des raisons écologiques d’économie de transport ou par conscience citoyenne (un brin chauviniste diraient certains), le consommé local a fortement progressé ces dernières années et notamment en 2020 … il faut dire qu’on s’est retrouvé un peu comme des pingouins face à la revanche du pangolin et que l’on s’est rapidement rendu-compte qu’à trop faire nos Monsieur et Madame Pervenche à économiser trois francs six sous on pouvait se retrouver rapidement comme des lions en cage mis sous cloche au moindre virus pourtant né de l’autre côté de la mappemonde de mémé !

On ne va pas ici refaire l’histoire ou se refaire le moratoire entendu sur toutes les chaines de TV mais on va parler vrai en reprenant simplement le message que Giulia nous a partagé :

« Prends une planche à découper Ikea qui doit coûter dans les 15 euros. Neuve elle est plutôt jolie et bien lisse. Si tu t’en sers tous les jours, au bout de 4 mois, elle va gondoler et commencer à se décomposer car elle est faite de plusieurs bois. Evidemment, ce n’est pas la fin du monde étant donné son prix de base mais au final en une année tu devras sûrement retourner manger des boulettes 2 ou 3 fois alors que si, dès le départ, tu achètes une vraie planche en bois, en y mettant le prix (qui n’est pas non plus 10 fois plus) tu fais un investissement sur la durée : au fur et à mesure de son utilisation la planche va devenir de plus en plus belle, elle va se tanner et prendre la marque des années sans jamais perdre de son utilité. »

Giulia

CQFD et véridique !

La preuve en est que depuis que « Les Français sont gâtés » a vu le jour sous forme de e-boutique, il n’y a jamais eu un seul retour !

Car, en effet, depuis quelque temps déjà, Giulia ne se contente plus de mettre en lumière le savoir-faire, elle le met en vitrine en offrant une plateforme commerciale aux créateurs souvent peu à l’aise avec le digital.

« Les gens ont commencé à me demander où trouver les objets dont je parlais, l’idée est née d’elle-même. Je n’ai rien changé à ma manière de sélectionner, seulement en plus que de parler des créateurs, je vends aussi leur création sur le site. Cela me permet de mettre à profit mon expérience en tant qu’acheteuse. En fait, je me mets beaucoup à la place du consommateur et j’essaie de responsabiliser son choix en faisant comme si c’était pour moi. Notamment, j’essaie toujours de faire en sorte que les objets n’aient pas qu’un usage. Je pense beaucoup au futur de l’acheteur en m’interrogeant sur ce qu’il pourra faire de l’objet qu’il achète, comment il pourra continuer à l’utiliser, combien de temps il pourra s’en servir … Par exemple les bijoux de la marque Sande peuvent se porter en boucle d’oreille ou en bague ou en pendentif sur un collier, les culottes « Le lundi au soleil » se nouent avec un ruban … de fait, elles continuent de se porter en suivant l’évolution des courbes d’une femme. Je suis une acheteuse responsable, je m’interroge et je réfléchis, je pense à ce que je peux en faire ; c’est ma manière de fonctionner et puis … je ne vends que ce qui me plait ! »

Giulia

De l’engagement, comme on vous le disait … et des objets mésomorphes que l’on garde tout au long de la vie à l’image de Giulia, l’acheteuse aux milles et une vies qui ne manque pas d’énergie !

 « Il faut être le changement que l’on veut voir dans le monde disait Gandhi ! C’est un peu mon mantra et c’est ce que j’essaie de communiquer à ma communauté sur insta »

Giulia

Alea Jacta es et que le Monde t’entende Giulia en faisant ne serait-ce que un tout petit peu comme toi… Dur d’être parfaits mais c’est en étant tous acteurs conscients de notre consommation que nous permettrons aux créateurs français de vivre et danser sans plus se sentir dépourvus la bise venue.

Dit ainsi, cela peut sembler un peu affable et fantasmagorique mais nous sommes catégoriques : c’est en faisant chacun un tout petit peu de notre part, en mettant un pied devant l’autre que nous participerons à ce que les choses évoluent tout en continuant de faire « comme avant » c’est-à-dire en faisant perdurer les savoir-faire d’antan. Autrement dit, c’est en participant à l’Histoire que nous ferons perdurer les petites histoires à coup de petites victoires.

Chez Forme Libre, nous avons constaté que lors des portraits japonais, à la question « Si vous étiez un pays » beaucoup de nos portraits ont répondu la France avec fierté et revendication. Tous ont raconté pourquoi ils se sentaient privilégiés, gâtés d’être nés ici dans notre beau pays. Tout à chacun a parlé de la beauté des régions, de la richesse de son artisanat, de la gourmandise de sa gastronomie et tous ont affirmé leur volonté de le protéger et le faire durer !

Relayer ces messages là, les écrire, nous a fait plaisir ces derniers mois car c’est un moyen de (se) rappeler au quotidien, lorsque parfois nous avons tendance à l’oublier, que nous avons de la chance d’être français, que nous sommes gâtés ! Y compris cette année, même si les choses ont été difficiles, parfois pénibles, que nous perdons le sens ou avons l’impression d’être pris pour des couillons … l’essentiel est ailleurs, dans nos valeurs, dans ce truc de terreau dont nous parlions, ce terroir qui nous lie … hier et aujourd’hui … et demain aussi pour autant que nous nous le voulions bien, que nous nous remontions les manches tout en nous donnant la main. Autrement dit que nous soyons libres d’être solidaires et un peu fiers … Cocorico c’est cadeau, frère !

Laura Isaaz & Maag ou la féminité pas formaatée

Laura Isaaz & Maag ou la féminité pas formaatée

Parfois on rencontre des gens qui nous donnent de nos nouvelles.

 C’est là tout le talent de Laura Isaaz : nous donner rendez-vous chaque semaine (le mercredi pour être précis) pour nous parler de nous.

Un nous collectif, humain, pas trop genré bien que majoritairement féminin mais qui peut parler à tout un chacun pour un peu que tu ne sois pas fermé.

Lorsque Maag parle de célibat on se dit  » Oh mais MERCI  »
Lorsque Maag parle de ses parents on se dit avec émotion  » Tellement …  »
Et quand Maag parle de sororité on se dit … qu’il n’y a que Laura pour l’incarner.

Parce qu’entre Maag et Laura, il n’y a point de différence, tout n’est que sincérité et authenticité bien rédigées.

« Il n’y a pas de différence entre Laura Isaaz et Maag. Tout ce que je dis dans Maag c’est tout ce que j’ai envie de dire, de véhiculer, de partager. Ce que j’aime sur Maag c’est la liberté que j’ai : je peux parler de tout ! Je n’ai aucun problème à parler de moi, même si je reste pudique. Mais je ne fais aucun effort pour ça, je ne le travaille pas, c’est mon tempérament. Toutefois, parfois je parle des autres, je me nourris aussi et surtout des gens qui m’entourent. »

Laura Isaaz

La plume de Laura est libre et ce qui la rend unique en son genre c’est que le « je » qu’elle utilise retentit en nous comme des lignes universelles. Laura réussit la prouesse rédactionnelle de parler d’elle sans jamais tomber dans une forme d’égocentrisme narcissique ce qui est assez rare pour être signalé – preuve en est du nombre de livres, de publications et de billets à base de « mon confinement et moi » sortis ces derniers mois, un brin gênant parfois.

Ses mots tombent alors comme des notes sur une partition jouée au piano; tantôt jazzy tantôt blues , Laura revisite les lettres classiques avec swing sans jamais tomber dans le spleen. Les idées s’emmêlent dans un pêle-mêle qui suscite des réflexions à la pelle.

« J’ai créé maag parce que j’avais des choses à dire, à écrire surtout. Lorsque tu travailles pour un magazine tu dois respecter une charte, une ligne éditoriale précise, tu n’es pas toujours libre dans le ton et … bref … je voulais écrire comme je voulais. (ndrl: Laura a été journaliste au ELLE pendant près de 6 ans)
Donc j’ai lancé un rendez-vous aux gens pour parler avec eux. Après ils adhèrent ou pas mais finalement on échange. Je l’ai fait pour cette raison et, ce qui est cool, c’est que les retours sont plutôt bons. C’est encourageant, forcément.
J’ai des échanges forts, je parle de choses intimes avec certaines personnes qui m’écrivent. Cela me touche que les gens se livrent et se délivrent ainsi. Après l’article que j’ai écrit sur les parents, j’ai reçu des messages bouleversants. Un notamment … qui m’a émue aux larmes !  »

Laura Isaaz

Loin de l’image de la journaliste rédactrice qui balance des billets d’humeur cachée derrière son ordinateur, Laura se livre au travers de ses lignes mais se rend aussi disponible pour échanger, papoter et discuter un petit temps avec les gens. En ce sens, son écriture n’a pas vœux à s’étaler comme de la confiture mais plutôt à faire tomber les murs et les armures vers un dialogue vrai, profond, sans superficialité.

« Dans mes relations je suis très entière. J’aime sincèrement mes amis, mes proches.

Mais, comme je t’ai dit, je suis très pudique.

Plus penchée sur les actes que sur les paroles, je ne fais que très peu de démonstrations verbales. Du coup j’écris plus que je ne parle et je pense être présente.

Il n’y a qu’à ma fille que je dis je t’aime 16 fois par jour ! »

Laura Isaaz

Ecrire pour laisser sortir les choses,
les mots et les émotions et créer des ponts avec les autres.

Comme beaucoup de timides qui se soignent, de réservés qui tentent de faire dans la sociabilité et le partage.

Laura Isaaz est un peu la Emma Bovary version lettre moderne, ou plutôt Colette en fait ! 

 

Non pas que Laura fasse dans le mime, mais la journaliste auteure, nous fait penser à Colette dans tout ce qu’elle était de multi-facettes.

Une personnalité riche aux mille visages que Laura partage aussi, toujours avec à-propos, sur les réseaux sociaux.

Au-delà des mots, l’interaction se fait sur Instagram en images bien choisies. Mais là encore, Laura fait dans la subtilité en ne tombant jamais dans la tentation de l’excès.

Pourtant, Laura a le plumage à la hauteur de son ramage et pourrait se laisser prendre à la flagornerie de la flatterie et se raconter toute la journée en story.

Mais ce serait là mal connaitre la brebis basque pas égarée pour deux sous qui a fait de la spontanéité et de l’équilibre en tout sa marque de fabrique.

« J’y prends du plaisir mais jamais je ne dirais tout de ma vie, j’essaie de garder une certaine distance. En suivant mon compte, tu ne sais pas du soir au matin ce que je fais, mange, bois et où je suis ni avec qui. Je partage spontanément en fait sans me poser trop de questions. Et du coup je n’ai rien de négatif à en dire. De toute façon aujourd’hui, on peut dire ce qu’on veut mais on est forcément influencés … parfois j’aimerais déconnecter mais un volet de mon travail m’en empêche. Ma fille me parle de Tik tok et de toutes ces merdes-là … forcément ça m’interroge mais je me dis que mes parents se sont dit la même chose avec facebook. Une fois que tu décides d’être sur les réseaux sociaux, sur Instagram, d’écrire sur internet, il faut assumer le risque et prendre les bons et les mauvais côtés. Quand tu en as conscience, tu arrives à gérer et à te détacher sans prendre tout ça trop au sérieux. »

Laura Isaaz

Ne pas se prendre au sérieux et garder de la distance tout en créant une proximité avec son audience qui lui permet, in fine, d’exprimer et de véhiculer ses idées.

Parce qu’il faut dire que Laura-la-basque a les opinions bien pelotées et pimentées notamment sur la féminité … mais pas que.

D’ailleurs la féminité parlons-en, avec elle elle est libre, individuelle et sans jugement, elle se nourrit des individualités et des chacunes.

« Ma vision de la féminité ?
– Selon moi, une femme est féminine dès lors qu’elle se sent bien dans sa peau, dans ses choix, qu’elle est libre et qu’elle ne tolère aucune censure dans ce qu’elle est ou dans ce qu’elle rêve de devenir.
J’exclue toute implication des artifices dans la notion de féminité.
Ça ne réside pas dans l’attitude ou dans ce que l’on porte comme chaussures,
c’est un truc d’âme. »

Laura Isaaz

Sans commentaire, c’est à 100% qu’on adhère à son regard bienveillant, à ses colères souvent et à ses engagements.

Car si Laura ne fait pas dans la leçon de moral intello narcissique, elle s’engage en incarnant une féminité moderne, affranchie, épanouie, indépendante et en pratiquant la sororité dans tout ce qu’elle dit et fait.

L’un des ennemis du féminisme est la femme elle-même. Parlons vrai et franc-jeu un peu, la jalousie nous étouffe et on se pouffe et se gausse de critiques et de coups de trique les unes sur les autres à longueur de planche mixte en terrasse entre copines fan de « connasse » . L’encouragement systématique et les applaudissements automatiques ne sont pas des modes de fonctionnement de la machine féminine depuis la nuit des temps. La faute à quoi ? Je ne sais pas mais il suffit de parler avec deux trois mâles pour se rendre compte que les prises de bec et le bitching sont quand même plus un truc de gonzesses que de mecs.

La tendance s’inverse cependant, pour notre plus grand bonheur, et désormais les femmes semblent vouloir faire dans le solidaire et cesser de se percevoir comme des adversaires.

En compétition de quoi d’ailleurs ?

• À la chasse à l’Homme ? Pour quoi faire ? Si finalement le rôle d’une femme n’est plus forcément d’être une épouse dévouée la compétition ici n’a plus de raison d’être ou alors elle se multiplie sur autant de terrains qu’il y a de forme d’épanouissement à vivre nos relations et nos amours à notre façon. A se demander du coup si on n’est pas plutôt sur un sport co qui demande beaucoup d’entraînements et d’avoir des sparring partners avec qui partager nos galères.

• À la chasse aux œufs ? les langues s’étant déliées sur la maternité, la fertilité, l’infertilité et sur l’envie surtout d’être mère sans tabou, il y a débat mais plus d’ébats entre nous.

• A la chasse aux trésors ? Il semble que sur ce sujet, nous soyons plus en compét avec nos homologues à braguette puisque depuis le 4 novembre 16h16 nous bossons pour des copec’ du fait de l’écart salarial homme-femme. Sans parler du plafond de verre, de notre manque d’ambition … enfin voilà quoi, il semble qu’ici nous aurions plus d’intérêt à l’union pour faire la promotion de nos droits … à la promotion. Voilà.

L’union fait la force … les mecs l’ont compris depuis bien longtemps et il semble que les femmes en prennent le chemin. En tout cas, avec Maag et Laura c’est certain. Pour tout vous dire ici, Chez Forme Libre, nous avons contacté Laura suite à un article écrit sur le célibat. Sans grande conviction. Toute petite que nous sommes d’attirer un temps soit peu son intention. Le beau préjugé … et la belle surprise dans la foulée quand Laura nous a répondu « oui » sans sourciller et avec un enthousiasme sans sarcasme.

Laura encourage, soutient, fait de la sororité une réalité au quotidien
en incarnant une fémininité affranchie,
libérée sous toutes ses formes.

Elle est une femme, une mère, une fille, une amoureuse.

« Je suis bien seule. Je crois que je suis une romantique dans le fond, une sentimentale en tout cas. Je ne suis pas pressée de trouver quelqu’un, je suis amoureuse de moi depuis peu alors j’en profite. J’ai envie d’un truc simple et léger mais pas chiant, surtout pas chiant. »

Laura Isaaz

Et une sœur aussi. La sœur d’Alice, avec laquelle elle partage des projets à venir :

« J’ai un projet d’écriture en cours avec ma sœur Alice.
C’est un truc qui nous a encore rapprochées. Je ne pensais pas que c’était possible mais OUI.
On a la même vision de la vie et de l’humain… et on est très famille.
Faut dire qu’on est bien tombées :
Nous avons des parents tendres, sensibles, très dans l’AMOUR, le vrai … celui qui te porte. »

Laura Isaaz

Tout ce qu’on souhaite chez Forme Libre c’est que cet amour bienveillant là porte ces deux plumes libres loin très loin et pour longtemps parce qu’au-delà d’avoir le sentiment chaque mercredi d’avoir rendez-vous avec quelqu’un qui a suffisamment de générosité pour se livrer en toute humanité, nous partageons aussi ses colères et ses engagements notamment sur le droit à l’expression des mamans sur leurs états d’âmes et sur les violences faites aux femmes.

Ce sera le sujet de l’expression libre de Laura. Bien que de toute façon, sur ce sujet-là,
il n’y ait pas de débat.

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Crédit Photos : Laura Isaaz.