L’art de recevoir

L’art de recevoir

Et c’est reparti pour la bamboche.

C’est reparti pour les cinoches.

C’est reparti pour la culture, le théâtre et les musées ; les réceptions, les expositions et les invitations !

Les rideaux sont levés, les portes sont ouvertes, c’est la fête ! Présentement, je suis assise en terrasse, j’ai commandé un cappuccino au Café du commerce et on me l’a servi dans une tasse. C’te classe.

J’ai fait ma photo d’instagrammeuse un brin pétasse comme diraient les rageux (quoi on dit des haters ?) La vérité : je suis à deux doigts de pleurer. Mais non ! Non, je ne vais pas pleurer parce que tout autour, partout, je ne vois que des sourires et des gens heureux ! La vie est belle. Elle reprend son cours … l’Art de vivre à la française reprend ses droits … Ici et là, je croise mes restaurateurs préférés : de l’Artnoa à la Chistera, du « Rendez-vous des halles » au « Bar du marché », au « Classique », à « Chéri Bibi », à « Etxola », ou à « Olatua » la rengaine est la même :

« Nous sommes ravis de vous retrouver, vous nous avez manqué ».

Tout un art de recevoir !

J’ouvre le journal

Café-terrasse-journal-ticket-à-gratter :
mon classico retrouvé

Gros titre : 

 

Crise migratoire à la Ceuta !

Tout un art de recevoir…

Sarcastique vous dites ? !
Nope, je ne fume pas de clope donc être cynique n’aurait aucune allure et je pourrai pas me voir en peinture. En revanche, lorsqu’on jette en pâture 8 000 êtres humains dont environ 2 700 mineurs, j’ai tendance à avoir des hauts le cœur et à m’interroger.

Si vous vous dites que cet article est en train de partir en banane alors que vous pensiez que je vous parlerai chocolatine et crab-roll, rappelez-vous – petit 1 – que ma tête est un vrai panier de crabes et puis – petit 2 – soyez heureux, je vous sers sur un plateau un bon sujet à aborder pour terrasser vos partenaires de soirée sans parler du COVID (pas de négociation Michel, le sujet est chiant et dépassé désormais et on ne peut pas parler de cul tout le temps ! )

Donc … reprenons. L’art de recevoir. Donc.

Ce savoir-faire. Ce truc bien acquis ; très français. Dont on se gausse avec raison et fierté.
Mais ne serait-ce pas aussi un savoir-être qui se voudrait un peu universel mais qu’on aurait laissé à quai ? (vous l’avez ?)

Un concept qu’on nous aurait mal expliqué ?

L’art de recevoir mais l’art de recevoir quoi ? Qui ? Elle parle de quoi cette expression finalement bon-sang-de-bonsoir ?

L’art de recevoir :
– Les gens,
– L’amitié,
– L’amour,
– Les claques (ça va ensemble non ?),
– Les compliments,
– Les migrants …

J’ai été élevée selon la politique de la porte ouverte : chez moi on fait dans la générosité, la bonté vivante, bien pensante. On part du principe que quand il y en pour un, il y en a pour deux pour peu qu’on fasse de la place. Un peu. Je vous reparlerai de ma mère, ce sera sa fête bientôt. Mais du coup, la (bonne) éducation que j’ai reçue c’est que recevoir est un Art … qui s’apprend, s’entretient, s’apprécie …

Bon que ce soit clair je préfère recevoir les gens et l’amitié que des claques dans la face (même si je sais encaisser).  Les compliments c’est encore un peu compliqué : c’est comme les fleurs, on adore en recevoir mais on n’a jamais le bon vase pour les mettre. L’amour je ne suis pas sûre de toujours m’en apercevoir à temps (et souvent ça marche de pair avec une paire de claques dans la face donc bon pas chaude-chaude-le chat échaudée qui craint l’eau froide). Et les migrants … que ce soit clair, c’est ma colère.

Si parler des migrants c’est être chiant, je plaide coupable au nom d’un engagement qu’on ne m’enlèvera jamais parce que c’est ça l’humanité même si ça ne fait pas l’unanimité. Au Maroc, la pauvreté a flambé 7 fois il parait alors voir Luna qui embrasse et enlace un exilé parvenu à atteindre l’autre côté m’a bouleversée parce que, oui, avec empathie, je me mets à sa place et je me dis que nous sommes tous des exilé-es qui allons chercher un petit (ou grand) quelque chose qui manque et qui avons besoin parfois d’un câlin, de tendresse pour être rassuré-e après une traversée.

Si écrire tout ça c’est être bobo, gaucho, sentimentale, banale c’est faire dans le réducteur du débat parce que c’est plus compliqué que ça, j’assume faire en ce vendredi dans le texte vomi qui sort du cœur.

Souvent, on oppose donner et recevoir. Comme s’il s’agissait de gestes antinomiques. Contradictoires. Comme s’il y avait toujours deux camps : ceux qui offrent et ceux qui prennent …

Pourtant, quand je vois le sourire des restaurateurs et serveurs, j’ai l’impression qu’il y a dans « le joie-de-recevoir » un truc qui tient plus du plaisir d’offrir avec le sourire que de l’opposition de deux camps. Alors quoi ? Finalement ?

L’art de recevoir ce serait la capacité de donner mais aussi de dire OUI et d’accepter une main tendue ou perdue, un compliment ou un reproche ; que quelqu’un s’approche, s’accroche ? Ce serait savoir dresser une table et se mettre à table ? Ce serait avoir le cœur ouvert dans le même temps que les bras et les yeux ?

Moi si tu me poses la question je te réponds que c’est dire « Faites comme chez vous mais n’oubliez pas que vous êtes chez moi malgré tout « .

Cela fonctionne pour tout : Il faut savoir poser ses limites mais en principe elles n’ont pas besoin d’être écrites, dites, elles sont implicites, tiennent du respect du tout à chacun. Encore une fois question d’éducation.

Le problème avec la politique de la porte ouverte c’est que tu peux laisser à penser / croire que c’est un saloon où tout cowboy peut venir décrasser ses santiags sur ton tapis et vider ses cartouches chez toi. Alors politique de la porte ouverte, on dit oui mais au juste milieu : ni trop carpette ni trop farouche. 

T’as compris l’idée ? 

L'Amie

Merci l’Amie. Décidément, je l’aime ce café.

Je suppose que vous avez également compris l’idée Ami-es lectrices et lecteurs ? 

Pour boucler cet article convenablement, il me vient une phrase d’un artisan rencontré à Marrakech il y a deux ans. Je me baladais dans les Souks de la Médina les babouches assorties à djellaba en quête d’un miroir et je suis tombée sur Mahjoub qui pleurait. Il venait d’apprendre la perte d’un ami. Allez savoir pourquoi, je me suis assise avec lui. Nous avons pris le thé, papoté de la vie, de la mort, du temps qui passe et Mahjoub m’a dit une phrase lorsque je suis partie :

« Tu sais Mélanie, il faut donner pour recevoir dans la vie. »

Je vous laisse réfléchir la dessus, on vient de m’apporter ma tartine : Beurre demi-sel sans confiture.

© Source photos: 

Mel Lenormand

Tetsuya Akama sur @MINT_Magazine

sur @RealismMagazine : Photos de Eliza Etaporodina ; George Tyebcho ; Prince Jyesi ; Sebastian Magnani ; 

 

Giulia & Les français sont gâtés

Giulia & Les français sont gâtés

« Ce que je voulais c’est mettre en valeur les petites mains qui façonnent les objets qui font notre quotidien. »

Giulia

Les français sont gâtés … une affirmation en guise de nom, un mantra pour se souvenir, un message de Giulia, son cri du cœur comme une déclaration pour le travail des créateurs.

Le moins que l’on puisse dire c’est que « Les Français sont gâtés » et « Forme Libre » ont de nombreux points communs. Sans parler de leur passion pour la décoration et le BEAU, leurs origines à tous les deux ont pris racines dans le même terreau :
Celui qui souhaite raconter, décrire, écrire ; celui qui souhaite mettre en lumière les différentes formes de savoir-faire.

Un peu comme deux cousins assis à la même tablée lors des fêtes de fin d’année, il y a là un partage de mêmes valeurs, quelque chose de commun qui leur tient à cœur.

« J’ai eu la chance dans ma vie de beaucoup voir les coulisses, j’ai donc eu envie de faire découvrir l’envers du décor. »

Giulia

Et cela fait désormais deux ans que le rideau se lève régulièrement sur le portrait de créateurs français grâce au site « Les français sont gâtés ».

Qu’ils fabriquent des bijoux, des chapeaux ou dessinent des illustrations, on découvre le visage et les mains de ceux qui font, façonnent, cousent, produisent de toute part en France et en terre de Navarre tout en attrapant au passage deux trois petits conseils pour bien choisir son chapeau ou son béret !

« Tout le monde a une tête à chapeau le tout est de trouver la bonne taille »

… une affaire de Choix-peau (vous l’avez ?)

 

Mais, comme pour Harry Potter (c’est bon maintenant vous l’avez ?)
il s’agit surtout d’être à bonne école !

Et c’est là
tout le travail et l’engagement de Giulia

que de nous inviter à un retour aux sources
tout en nous facilitant la démarche
en sourcant pour nous la crème de la crème du savoir-faire français. 

« Il n’est pas nécessaire d’aller chercher à l’autre bout du monde de beaux objets alors même que nous avons la chance d’avoir de très jolies choses en France ! Bien-sûr, chaque culture, chaque pays a son artisanat et il y a partout des choses magnifiques mais nous avons ici des richesses par milliers et de très grande qualité. Consommer local en priorité c’est mettre à l’honneur les créateurs de notre pays, leur accorder l’importance qu’ils méritent et aussi leur dire merci … parce qu’il y a toujours une minutie, un travail acharné, certes passionné mais qui demande un effort constant et beaucoup d’engagement. »

Giulia

De l’engagement, de l’effort … il n’est en effet pas toujours aisé de rivaliser avec la concurrence internationale lorsque l’on fait en France et de façon artisanale :

D’une part, difficile de s’aligner sur les prix au ras des pâquerettes des produits fabriqués à la chaine par une main d’œuvre dite « bon marché », souvent exploitée au sein de pays qui ne répondent pas aux mêmes Règles, Lois et Conventions. D’autre part, dur de se faire une place et un nom lorsque les ondes sont inondées de publicités financées par les mastodontes de l’économie de la consommation de masse.

Sans parler de la difficulté d’avoir pignon sur rue lorsque l’on observe la flambée de l’immobilier et le coût des pas de porte… une pratique qui agace ! 

Bref, pas simple … mais si le tableau semblait noir auparavant il semble que les choses aillent de l’avant et dans le bon sens … Le Made in France a le vent en poupe grâce notamment à une réelle prise de conscience des consommateurs.

A la bonne heure !

Certes, la cadence n’est pas assez rapide et on aimerait que les choses aillent plus vite mais elles semblent être en ordre de marche.

Que ce soit pour des raisons écologiques d’économie de transport ou par conscience citoyenne (un brin chauviniste diraient certains), le consommé local a fortement progressé ces dernières années et notamment en 2020 … il faut dire qu’on s’est retrouvé un peu comme des pingouins face à la revanche du pangolin et que l’on s’est rapidement rendu-compte qu’à trop faire nos Monsieur et Madame Pervenche à économiser trois francs six sous on pouvait se retrouver rapidement comme des lions en cage mis sous cloche au moindre virus pourtant né de l’autre côté de la mappemonde de mémé !

On ne va pas ici refaire l’histoire ou se refaire le moratoire entendu sur toutes les chaines de TV mais on va parler vrai en reprenant simplement le message que Giulia nous a partagé :

« Prends une planche à découper Ikea qui doit coûter dans les 15 euros. Neuve elle est plutôt jolie et bien lisse. Si tu t’en sers tous les jours, au bout de 4 mois, elle va gondoler et commencer à se décomposer car elle est faite de plusieurs bois. Evidemment, ce n’est pas la fin du monde étant donné son prix de base mais au final en une année tu devras sûrement retourner manger des boulettes 2 ou 3 fois alors que si, dès le départ, tu achètes une vraie planche en bois, en y mettant le prix (qui n’est pas non plus 10 fois plus) tu fais un investissement sur la durée : au fur et à mesure de son utilisation la planche va devenir de plus en plus belle, elle va se tanner et prendre la marque des années sans jamais perdre de son utilité. »

Giulia

CQFD et véridique !

La preuve en est que depuis que « Les Français sont gâtés » a vu le jour sous forme de e-boutique, il n’y a jamais eu un seul retour !

Car, en effet, depuis quelque temps déjà, Giulia ne se contente plus de mettre en lumière le savoir-faire, elle le met en vitrine en offrant une plateforme commerciale aux créateurs souvent peu à l’aise avec le digital.

« Les gens ont commencé à me demander où trouver les objets dont je parlais, l’idée est née d’elle-même. Je n’ai rien changé à ma manière de sélectionner, seulement en plus que de parler des créateurs, je vends aussi leur création sur le site. Cela me permet de mettre à profit mon expérience en tant qu’acheteuse. En fait, je me mets beaucoup à la place du consommateur et j’essaie de responsabiliser son choix en faisant comme si c’était pour moi. Notamment, j’essaie toujours de faire en sorte que les objets n’aient pas qu’un usage. Je pense beaucoup au futur de l’acheteur en m’interrogeant sur ce qu’il pourra faire de l’objet qu’il achète, comment il pourra continuer à l’utiliser, combien de temps il pourra s’en servir … Par exemple les bijoux de la marque Sande peuvent se porter en boucle d’oreille ou en bague ou en pendentif sur un collier, les culottes « Le lundi au soleil » se nouent avec un ruban … de fait, elles continuent de se porter en suivant l’évolution des courbes d’une femme. Je suis une acheteuse responsable, je m’interroge et je réfléchis, je pense à ce que je peux en faire ; c’est ma manière de fonctionner et puis … je ne vends que ce qui me plait ! »

Giulia

De l’engagement, comme on vous le disait … et des objets mésomorphes que l’on garde tout au long de la vie à l’image de Giulia, l’acheteuse aux milles et une vies qui ne manque pas d’énergie !

 « Il faut être le changement que l’on veut voir dans le monde disait Gandhi ! C’est un peu mon mantra et c’est ce que j’essaie de communiquer à ma communauté sur insta »

Giulia

Alea Jacta es et que le Monde t’entende Giulia en faisant ne serait-ce que un tout petit peu comme toi… Dur d’être parfaits mais c’est en étant tous acteurs conscients de notre consommation que nous permettrons aux créateurs français de vivre et danser sans plus se sentir dépourvus la bise venue.

Dit ainsi, cela peut sembler un peu affable et fantasmagorique mais nous sommes catégoriques : c’est en faisant chacun un tout petit peu de notre part, en mettant un pied devant l’autre que nous participerons à ce que les choses évoluent tout en continuant de faire « comme avant » c’est-à-dire en faisant perdurer les savoir-faire d’antan. Autrement dit, c’est en participant à l’Histoire que nous ferons perdurer les petites histoires à coup de petites victoires.

Chez Forme Libre, nous avons constaté que lors des portraits japonais, à la question « Si vous étiez un pays » beaucoup de nos portraits ont répondu la France avec fierté et revendication. Tous ont raconté pourquoi ils se sentaient privilégiés, gâtés d’être nés ici dans notre beau pays. Tout à chacun a parlé de la beauté des régions, de la richesse de son artisanat, de la gourmandise de sa gastronomie et tous ont affirmé leur volonté de le protéger et le faire durer !

Relayer ces messages là, les écrire, nous a fait plaisir ces derniers mois car c’est un moyen de (se) rappeler au quotidien, lorsque parfois nous avons tendance à l’oublier, que nous avons de la chance d’être français, que nous sommes gâtés ! Y compris cette année, même si les choses ont été difficiles, parfois pénibles, que nous perdons le sens ou avons l’impression d’être pris pour des couillons … l’essentiel est ailleurs, dans nos valeurs, dans ce truc de terreau dont nous parlions, ce terroir qui nous lie … hier et aujourd’hui … et demain aussi pour autant que nous nous le voulions bien, que nous nous remontions les manches tout en nous donnant la main. Autrement dit que nous soyons libres d’être solidaires et un peu fiers … Cocorico c’est cadeau, frère !

Ondine ou La-free-que

Ondine ou La-free-que

Ondine Saglio ne se contente pas d’être une femme de cœur – ce qui aurait déjà été pas mal – elle est aussi une femme de faire. Etre au four et au moulin est son quotidien mais les moulins de son cœur ont des raisons que la raison ne peut ignorer.
Avec de l’énergie, de la volonté à la limite de l’acharnement, une détermination sans faille et un cœur gros comme ça, elle nous montre la voie et nous rappelle qu’à cœur vaillant rien d’impossible, qu’on peut faire des miracles avec la foi, tant qu’on y croit…
Parler de CSAO est exactement TOUT-CE-POUR-QUOI j’ai eu envie de lancer un média.
C’est donc avec beaucoup d’émotion que je vous invite à aller lire le portrait de sa marraine Ondine.
Celle qui porte si bien son nom tant ses actions incarnent l’effet papillon.
Il s’appelle Ondine ou la-Free-Que. La liberté en Formation : ACTION !

Forme Libre

Ondine ou la-Free-que.

« Si tu étais un pays…Tu serais…

Sans aucune hésitation: Je serais le Sénégal ! Pour les couleurs, l’élégance du pays. Pour la joie, Pour la fierté des gens malgré la pauvreté et les difficultés. Pour l’élégance des femmes aussi, pour la beauté des enfants et des femmes encore. Pour la beauté du pays en lui-même. Pour la lumière… Pour la culture… Pour la richesse et la beauté de l’artisanat. Pour tout ce qui existe et brille là-bas en fait.

« Si tu étais un Mot…Tu serais…

L-I-B-E-R-T-E, là encore sans aucune hésitation, Liberté à tout point de vue.

J’ai besoin de liberté de façon folle, je déteste me sentir enchaînée et cela dans tous les aspects de la vie: en couple, dans le travail… J’ai une peur viscérale d’être enfermée et ne supporte pas me sentir bloquée.
Il n’y a rien de plus important pour moi, et je crois que c’est quelque chose d’essentiel pour toutes les femmes d’ailleurs, que d’être indépendante. Dans la liberté, j’inclus cette notion d’indépendance.
On devrait d’ailleurs le répéter à toutes les petites filles, et tous les petits garçons aussi à l’école: ‘Soyez Libres et indépendants/es.’

La liberté est également le droit à la solitude, C’est avoir le droit d’être seule parfois ou souvent, dès lors qu’on en éprouve le besoin finalement.
Par exemple, être en couple c’est être à deux mais c’est aussi avoir le droit d’être soi et d’être seule parfois. Il est primordial de respecter sa liberté et celle de l’autre.
Sincèrement c’est vital pour moi, même dans ma vie de maman. J’aime mes enfants profondément et sincèrement mais j’ai besoin de souffler parfois. Je ne peux pas être à la fois maman, épouse, co-gérante de CSAO en même temps 7/7 et 24h/24h. J’ai besoin, parfois, de n’être que moi avec moi-même pour me recharger.
Je ne sais pas si tu crois à l’astrologie mais je suis verseau et il semble que ce soit très caractéristique des verseaux d’avoir besoin de moment dans leur bulle.

En fait, je refuse de me sentir obligée: j’aime faire les choses en pleine liberté de conscience, d’envie. Dans la liberté j’inclus tout cela. C’est très lié à l’amour en fait je crois. D’ailleurs Amour est aussi un mot que je pourrais être. Liberté et Amour: l’essentiel de la vie. Si plus de personnes s’incarnait dans l’amour, il y aurait plus de paix. L’amour regroupe tout à la fois: la tolérance, la générosité… Je crois que si j’aime à ce point cette notion d’amour c’est que j’ai du quelque peu en manquer à certains moments de ma vie alors que c’est essentiel dans la construction, le développement et la réalisation de soi. La vie est dure … il faut le dire … elle est parfois cruelle … avec l’amour tout devient plus doux, plus supportable, surmontable en tout cas.

Liberté, Amour et Bonheur… j’ajoute bonheur parce que le bonheur n’est pas quelque chose de simple. Toutefois, il est une politesse que l’on doit aux gens…
Souvent on me dit que j’ai une propension au bonheur car j’ai une capacité de résilience assez forte mais ce n’est pas de la résilience; c’est de l’optimisme. Je ne crois pas que le bonheur soit quelque chose d’inné. Nous avons tous des traumatismes, nos blessures, nous nous trimballons avec comme nous le pouvons en faisant en sorte qu’ils ne pèsent pas trop lourd et ne prennent pas trop de place. J’ai pris ma part aussi (…)
Je suis très anxieuse, extrêmement sensible. Du coup, je prends les choses très à cœur… parfois je me fais un sang d’encre… et cela ne me fait pas du bien. Et ne résout rien. Alors, j’essaie (et le mot essayer est très important) de prendre les choses moins à cœur, de relativiser. Lorsque quelque chose de pourri arrive, je le mets de côté; même si cela est très difficile … j’essaie au mieux … avec la sensibilité qui est la mienne, de prendre du recul et de ne pas me laisser « envahir ». Pour cela je me tourne vers la beauté du monde et les petits bonheurs du quotidien: je me ballade en ouvrant grand les yeux, en observant le sourire d’un enfant, en m’émerveillant de la lumière d’un coucher de soleil sur l’ile de Gorée ou à Trouville-sur-mer, je mets les pieds dans l’eau, je regarde des enfants danser et voilà la vie reprend dans ce qu’elle a de plus joli à donner.

Je crois que le bonheur demande un effort de concentration constant, qu’il faut user et abuser de la répétition de ce qui est plaisir, joie et fait du bien.
Mais je sais aussi que le bonheur est une lutte, que c’est parfois difficile d’y accéder. C’est pour cette raison que je comprends tellement – mais tellement ! – les personnes qui n’y parviennent pas. La dépression n’est pas la maladie des faibles pour moi, elle est celle des hyper-sensibles, des conscients, de ceux qui luttent pour panser leurs plaies, pour se réconcilier avec leur passé. Chacun fait comme il peut avec ce qu’il est.

Je me rends compte que j’ai affirmé que le bonheur est une politesse que l’on doit aux autres … mais c’est aussi une délicatesse que l’on doit d’accorder avec toute la bienveillance et la tolérance que l’on se doit.

Je suis désolée, j’ai répondu trois mots au lieu de un mais ce sont des mots importants pour moi. Les mots brodés sur les coussins ne sont pas un hasard… Ce sont des mots forts, très forts, pour les brodeuses. Il y a une réelle histoire derrière le choix des mots brodés. Tu sais la broderie est très proche de la méditation. C’est pour cette raison que la maison rose avait mis en place cet atelier. Dans cette maison tu rencontres des femmes qui ont des histoires dures, difficiles, violentes. Certaines de ces filles (ndrl les brodeuses) arrivaient enceintes après avoir été violées. Au Sénégal, l’avortement est un réel sujet… On parle donc de traumatismes lourds… qu’il faut réparer parce qu’il n’y a pas de fatalité. Broder chaque jour des pensées positives et des mots doux comme AMOUR, BONHEUR ou LIBERTE leur permet de se concentrer sur autre chose que la souffrance, de voir petit à petit la vie autrement, de se reconstruire et de la gagner cette liberté. C’est thérapeutique. Pour chacune de ces femmes, chacun de ces mots a un écho particulier. C’est une vrai reconstruction pour elle. J’ai crée les ateliers CSAO pour les aider à être heureuses et indépendantes. Et moi avec.
Je pense que pour moi également, broder l’amour tous les jours, scander le mot liberté et se répéter tout le temps le mot bonheur est un travail réparateur. Réparer et aider me permet de me réparer.

Souvent on comble nos failles, plus ou moins, avec les plaisirs simples, les petits bonheurs quotidiens, on les transforme en nerfs qui donnent l’énergie et la force de se battre encore plus fort. Parce que finalement la vie est belle et que les petits bonheurs additionnés font le Bonheur avec un grand B. Mais cela demande beaucoup d’amour et cela ne peut être atteint sans liberté.

J’accorde beaucoup d’importance aux mots, il y a donc une forte symbolique dans ces mots là. Un écho.

« Si tu étais une Couleur…Tu serais…

Le Vert.
Pour son lien indéniable avec la nature, pour ces différentes teintes aussi. Il n’y a pas qu’une seule nuance de vert et je crois que nous sommes tous nuancés. Et puis je trouve que le vert est incroyablement chic. En plus le vert m’évoque la liberté, je ne sais pas pourquoi mais le vert est la couleur de la liberté.

Il parait que c’est aussi la couleur de l’espoir. Cela me ramène à ce que je disais sur le bonheur. Etre heureux c’est surement garder l’espoir en soi d’un peu de vert dans le désert; c’est faire confiance à la nature et à la vie pour rebondir.

Tu vois spontanément j’allais te dire « et le rouge aussi » … Mes deux couleurs préférées sont le vert et le rouge et je réalise que ce sont les couleurs du drapeau du Sénégal. Comme quoi tout me ramène là: au Sénégal et à la liberté. A l’amour aussi parce que le rouge est souvent associé à l’amour mais étonnement il m’évoque plus la puissance et la force, la volonté et la détermination. C’est une couleur d’énergie je trouve.

Ce n’est pas étonnant que ce soit les couleurs du drapeau du Sénégal….

« Si tu étais un Aliment…Tu serais…

Une fraise des bois.
D’une part c’est délicieux mais en plus je trouve que c’est très délicat. C’est difficile à trouver, il faut marcher, aller dans les bois, chercher dans les fougères et les fourrés (pour le détail: elle imite le geste d’écarter les feuilles en même temps avec les bras). Une fraise des bois est solitaire, elle se cache. C’est l’aliment que tu cherches, une gourmandise qu’il faut presque apprivoiser pour la mériter.

« Si tu étais un objet… Tu serais…

Un livre.
La lecture est une véritable passion. J’ai étudié les lettres modernes à la Sorbonne.
Lire est mon échappatoire, mon évasion, c’est ce qui m’apaise le plus. Plus que le sport, le yoga, la marche, lire est une forme de méditation. Je voyage, je m’évade dans la lecture. Il y a quelque chose de merveilleux dans le fait de se plonger dans une histoire comme une parenthèse dans la course quotidienne, dans ton histoire à toi.

« Si tu étais une piece de la maison… Tu serais…

Hmmm c’est moins évident … j’hésite entre le salon et la chambre. Je vais dire le salon quand même car le salon est à la fois la pièce où tu peux te poser, pour lire justement, mais aussi recevoir des amis, partager des moments en famille, jouer avec les enfants. C’est la pièce de réalisation des activités sympas qui font du bien.

« Si tu étais une personnalité, un artiste… Tu serais…

Un écrivain, c’est certain. Lequel? C’est très dur d’en choisir un.
Stendhal…Proust… je les aime tous.
Mais si je reste dans l’esprit du portrait japonais, ta question étant « si j’étais » … je dirai Victor Hugo parce qu’en plus de jouer merveilleusement avec les mots, il était engagé. Notamment auprès des paysans pour que les choses bougent. Les misérables dressent une magnifique peinture des gens dans la pauvreté dans tout ce qu’ils ont d’humanité. Ce livre peint, montre, démontre.
J’ai besoin d’engagement. D’ailleurs, je n’admire que les gens engagés. Les personnes qui mettent de l’énergie dans les choses, qui défendent des causes. Je reconnais que ce que je vais dire est dur mais je ne sais jamais vraiment quoi dire aux personnes qui n’ont pas d’engagement. Cela m’ennuie. Je vais bien-sûr être polie et m’intéresser à leur vie mais la discussion tourne rapidement court. A quoi bon être là si ce n’est pas pour être un peu utile? Il y a tellement à faire! Quand tu regardes le monde dans lequel on vit, il y a 10,000 raisons d’être engagé, c’est sans fin… du coup ceux qui ferment les yeux ou passent à côté m’intéressent peu. Ma chance est d’être entourée de gens engagés, c’est passionnant et ça donne de l’énergie aussi.

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si Ondine était un animal, elle serait…

Une lionne, sans nul doute et équivoque.

La lionne est à la fois mère, cheffe de meute, prédatrice et protectrice. Elle nourrit, éduque, élève les bébés lionceaux pour leur permettre de survivre dans la Savane… mariant la sensibilité et la douceur avec la force et la fierté sans jamais se décourager, ou alors un tout petit peu… juste le temps de se reposer, se ressourcer, sous le soleil & la lumière de l’Afrique avant de repartir et (re)bondir.
Pour que le soleil se lève, il faut bien qu’il se couche …

Si Ondine était unE CITATION, elle serait…

  « Le bonheur est une politesse
que l’on doit aux autres »

Elle est d’elle mais tellement belle qu’elle mérite sa place au panthéon des citations.
Toutefois, et pour lui faire plaisir, on ne peut ne pas penser, lorsque l’on rencontre Ondine, à cette fameuse allocution de Victor Hugo :

 

« La volonté trouve, la liberté choisit. Trouver et choisir, c’est penser. »