Authentique is the new chic

Authentique is the new chic

 » It is strange how people can feel like home. « 

Mel

5 mois.
5 mois que l’Ossau Iraty constitue la base de mon alimentation.
5 mois que le soleil et la marée rythment mes journées.
5 mois que je vis en jean-vans-t-shirt blanc – En prévoyant toujours un pull et un coupe vent. Technique de l’oignon. TMTC.
5 mois que j’ai quitté Paris, ma butte et mes amis. Non, pas mes amis, vous je ne vous quitterai jamais. Promis.

C’est comme si j’avais pris la mer, j’ai sortiiii la grand voile et j’ai glissé sous le veeeeeeent… ok, j’arrête la chanson. Pardon.


Et je ne rentrerai pas.

Je sais, c’est violent de l’annoncer comme ça. Mais y-a-t-il une bonne façon de se dire qu’on se quitte ?
Un « Faut qu’on parle  » c’est chiant. Notez-le. Définitivement. Et un sms c’est vexant. Alors faisons simple :  je vous le dis, tout simplement, je ne rentrerai pas.

Pourquoi ?
Parce que Paris me fait l’effet d’un ex relou et que Biarritz c’est la passion, l’amour fou.

Pourquoi ?
Parce qu’il y a ici ce petit je ne sais quoi qui touche en plein cœur, une énergie qui nous fait repenser nos choix de vie et qui nous pousse à rester, à choisir l’Authenticité. 

Authentic is the new chic !

Si Bienveillance était le mot de l’année 2020 ( si vous avez pensé que c’était covid, alors vous faites partie de la catégorie de ceux qui envoient des Faut qu’on parle. Chiant. Définitivement. ) ; AUTHENTIQUE est le mot de l’année 2021. Et ça me va bien, avec Liberté ce sont les mots que je préfère du dictionnaire.

« Authenticité  » : nf. nom féminin. Tiens tiens, comme par hasard. « Caractère de ce qui est authentique, vrai « 

Mais pourquoi ce besoin soudain d’authenticité, de vérité, en tout, en tous, en nous, partout ?

Et bien ma bonne dame, peut-être parce que ça fait des années qu’on nous inonde et nous noie de fausses promesses, de maquillage et aussi un peu parce qu’à cause du contexte, on manque de partage. Le vrai, le sincère, le déridé, le sans filtre, sans masque, sans gel hydroalcoolique… On manque de voyages aussi. Vous savez ceux-là même dans lesquels on allait chercher l’authenticité. CQFD. La boucle est bouclée.

Allez. Je suis sûre qu’on vous en a dit aussi à vous de belles histoires… qu’on vous a dit que si vous étiez engagé, impliqué, sérieux et déterminé, vous auriez une rolex et une belle BMW, on vous a dit que vous auriez une promotion, que vous vous marierez avec un prince charmant ou une princesse aimante pleine de dévotion. On vous a promis que vous pourriez faire le tour du monde. 12 fois. Grâce à vos miles & more. Qu’en mettant de la somatoline cosmétique vous n’auriez plus de cellulite, on vous a fait des promesses et plus encore … Et vous êtes partis à la chasse au trésors. Au toujours plus, jamais assez. L’ascension du Mont qui n’en finit plus et puis … vous avez réalisé que c’était des conneries.

Le python de la FOUTAISE !

Et là commence la vie. La vraie. L’authentique.

Je pourrais écrire un livre sur cette vie. Il s’appellerait « Bien dans ses basques » .

Il serait un témoignage vrai de cette vie simple que l’on mène lorsque l’intérêt laisse place à la sincérité des sentiments, lorsque les pauses dej se font dans les lacets face à l’océan et plus devant un écran à la défense. Et que les défenses tombent justement. Que l’instinct prend sa place et que l’on prend conscience de ses raisons, celles que la raison ignore. Qu’on fait le choix de les vivre. Eperdument. De les ressentir. Passionnément. De les dire. Généreusement. Tout simplement. Librement.

Il parlerait de Sophie, Marie, Laure, Margaux, Loriane, Faustine, Jenny, Fifi, Paul, Lilian, Lolo, Romain, Antoine, Thomas, Clovis, Marc, Thibaud, Leslie, Suliane, Julien, Nico, Campi & tous les autres … ces gens qui font mon quotidien, ces brutes de décoffrage adeptes du partage, honnêtes, humains, des gens bons extraordinairement biens, qui mettent du miel à la vie.

Le sel de mon beurre doux.

Ils m’inspirent. Me poussent à écrire (Du coup pour toute réclamation, vous pouvez vous adresser à eux, ils se donnent Rdv aux Halles de Biarritz tous les matins pour le café. Moi une balance ? Jamais ! ).

Avec eux, en terre basque la vie est une fête. Chaque jour. Ils transforment ma ride du lion en une ride d’expression qui raconte nos fous rires et nos délires. Parfois je me dis que cela ne peut être la vraie vie et puis Docteur Bonheur Lilian me rappelle que si. Que j’ai fait ce choix-là et que je suis juste bien là. A ma place. Qu’entre les montagnes basques, les randos, le surf et l’Océan et l’apéro entre bons gens, j’ai trouvé le juste milieu.
Trouver sa place avant d’atteindre l’Age du Christ ne rapporte pas un clou (vous l’avez?) et c’est peut-être un détail pour vous mais en fait ça veut dire beaucoup. Ca veut dire qu’on est en vie, qu’on essaie d’être heureux et que ça change tout !

Lorsque je faisais encore du droit, avant de tout faire de travers, on disait qu’un acte authentique scellait la confiance. Je n’avais pas compris à l’époque que c’était une leçon de vie, plus qu’une notion de droit contractuel. J’ai vieilli. Moins conne. Moins belle aussi (la somatoline m’a menti à moi aussi).

Toujours est-il que c’est de la constance que nait la confiance. C’est lorsqu’on a le sentiment de savoir sur quel pied danser que nous nous sentons prêts à nous dévoiler, nous découvrir, nous confier, nous épanouir. Que nous ouvrons la porte à la relation. Celle avec le monde, les autres et nous-même aussi. C’est en confiance que l’on cesse de s’interroger et se questionner pour communiquer et dialoguer… Et c’est ainsi que les choses prennent, que la réserve laisse place à l’échange, que l’on cesse d’interpréter, de calculer, de définir des stratégies, de prendre la vie comme une partie d’échec et que l’on peut croquer la à pleines dents avec l’appétit qui fait aller de l’avant.

Je dis souvent que les relations sont comme des blancs en neige : Lorsqu’on les bat à même constance et température, ils montent et forment une mousse que l’on peut incorporer à n’importe quelle recette, à sa guise et selon ses goûts. En revanche, lorsque nous les battons chaud/froid et à un rythme différent : ça finit en flan !

Mais comment être constant si initialement on n’est pas franc ? Du collier, entier, ouvert ; si on n’est pas au Max, Si on n’a pas le chic d’être authentique et sincère lorsque l’on rencontre Michel, Peio, son boulanger ou son fromager ?

Vous allez me dire qu’avec ce texte je dis que l’eau ça mouille, que je n’invente rien, que c’est ordinaire et n’apporte rien de solution extraordinaire à une question existentielle.

Vrai.

Véridique mais en fait … un peu comme on dit que l’énergie appelle l’énergie, un peu comme on raconte l’histoire de l’œuf et de la poule, trouver l’authentique passe peut-être par accepter d’être soi même ordinaire, le cœur et les bras ouverts.

 » Ceux qui sont contents de n’être rien de particulier sont des gens nobles.
Ne luttez pas, soyez ordinaires. « 

Proverbe Berbère

Et si vous avez le sentiment parfois que ce n’est pas assez, que vous n’êtes jamais assez, que c’est trop peu … que cet ordinaire n’a rien de particulier, alors dites-vous ceci (oui c’est un ordre) :

Votre petit quelque chose est dans ce petit je ne sais quoi de bienveillance, d’écoute, de façon de voir les choses, les gens, la vie, elle est dans votre capacité à vous relever, à avancer, à tenir debout. Votre particularité c’est votre ordinaire originalité, votre grain de folie, votre positivité, votre joie de vivre, votre caractère. Vos maladresses aussi, vos valeurs et votre grand cœur. Elle est dans votre ambition, vos passions dans tout ce qui vous définit et fait votre authenticité. Elle est dans votre sourire. A vous.

Cette expression libre, plus authentique et personnelle qu’à l’ordinaire, est une déclaration d’amour. Au Pays Basque, à mes poulettes basquaises et mes poulets basques. A tous les gens vrais, entiers. A ceux qui m’ont adoptée. A mon boulanger, mon fromager, mon épicier. A mon caviste. A ceux qui rient fort, sourient de TOUTES leurs dents. A ceux qui ne mesurent pas leur enthousiasme. A ceux qui resteront sur le chemin, même si cela doit être de plus loin.

A ceux qui font que j’aime les gens.

Mel.

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram : @destinationpaysbasque

Nina Bonomo ou la Formule de délicatesse

Nina Bonomo ou la Formule de délicatesse

« Dis Nina, dessine-moi un mouton ? »

Ou plutôt Nina, dessine-moi un nouveau monde, un monde né de tes mains talentueuses en dessin, de ton esprit vif et curieux et de ton regard doux et bavard !

Le monde de 2021, celui de demain …

Rencontrer Nina Bonomo est un cadeau. Ses mots – vous le verrez – tombent comme des notes au milieu d’une partition de musique : justes et ponctuant une mélodie universelle qui fait du bien, qui enveloppe et porte à réfléchir sur soi, les autres, la vie et sur notre place à nous au milieu de tout ça.

Nina, elle, se place « EntreDeux » . Elle aime le vert et le vin et déteste tout ce qui divise, sépare et fait frontière. Elle est une humaniste. De celle qui crée, réinvente, interroge les concepts et donne du sens aux choses. Sous l’effet de ses créations, nos espaces deviennent un peu plus de ce qu’ils sont : un pont vers là-bas. Nos murs deviennent alors scénographies, nos fenêtres s’ouvrent vers un ailleurs parées de palmiers et de fleurs et nos canapés deviennent le cadre d’envolées d’oiseaux des toiles de Haby Bonomo.

Autrement dit, Nina est le phénix de nos homes et de nos « chez-soi ».

Cette fibre artistique et cet amour du voyage Nina l’a reçu en héritage : c’est au travers d’un sensible et subtile mélange du travail de peintre de son papa (Haby Bonomo) et du savoir-faire en matière de textile de sa mama (Geneviève Levy Bonomo) que Nina fait de la poésie griffée Maison Levy.
Nina dit qu’elle édite des objets d’évasion. Nous on dit qu’elle fait tomber les frontières entre la décoration et l’art, entre le design et l’artisanat. Par l’apposition d’une toile de son papa sur un fauteuil ou un abat-jour, elle fait entrer la lumière, la couleur mais aussi la culture, l’histoire et l’art dans nos intérieurs.

Nina a un sol où poser ses pieds, mais, bien ancrée, elle a les yeux grands ouverts et un cœur qui bat. Très Fort. Une rythmique qui la pousse a toujours aller un peu plus loin et à ne jamais s’arrêter de faire des liens entre ici et là et entre avant et maintenant.

Son portrait est une ode à l’universalité et pour commencer l’année nous n’avons pas trouvé mieux que de vous offrir comme formule de politesse et bons vœux une formule de délicatesse car tout ce que nous vous souhaitons pour 2021 c’est un coussin Maison Levy où poser votre tête et rêver et d’avoir des amis comme elle avec qui partager un verre de vin et trinquer à la Magie de la vie !

Rêvez !

Forme Libre

Nina Bonomo ou la formule de délicatesse

« Si tu étais un mot…Tu serais…

Bienveillance.
C’est un mot très important pour moi car il incarne une posture vis-à-vis du monde et des autres qui est le point de départ de tout, la porte ouverte à l’univers des possibles.

Les mots ont un réel pouvoir. Ce qu’on peut être méchants ! Parfois sans le vouloir, on prononce un mot et ça fait l’effet d’une gifle à l’autre… Parfois en le voulant … et là il y a une malveillance mais souvent c’est une histoire de maladresse et de manque d’empathie. L’enfer est pavé de bonnes intentions en somme !

Donc la bienveillance. Poser un regard doux sur les autres, tous, quels (quelles) qu’ils ou elles soient, sur leurs actions, leurs mots et leurs maux et sur nous aussi – mais ça c’est encore une autre histoire ! – alors on ouvre sa porte et on laisse place à la surprise. Il faudrait nous défaire de nos certitudes. Elles sont chimères. Elles n’existent pas et sont autant de blocages au vrai voyage. Celui qui compte le plus : la rencontre avec l’autre, avec la vie et sa magie ! Bien sûr le cadre est important, nous avons tous nos fondations et avons tous besoin de repères. Avoir un sol où poser ses pieds est primordial. Ce sont nos racines mais, les pieds ancrés, j’aime l’idée de garder des yeux d’enfants grands ouverts sur le monde.

« Si tu étais un pays …Tu serais…

Là j’ai le cul entre deux chaises ! Cette question est compliquée, pour moi c’est un peu comme de me demander où va ma préférence entre mon père et ma mère.
Je n’aime pas la notion de pays. Elle enferme je trouve. Il y a quelque chose de l’Appartenance dans le concept de pays, de patrie. Un pays pour moi est un endroit où l’on se sent chez soi et je peux me sentir chez moi partout.

Je serais plutôt un interstice comme l’Atlantique, l’océan, la mer entre les continents. Mon père se disait appartenir au Rio de la Plata* ! Le fleuve entre deux rives…deux pays…

Je t’ai montré le livre de mon père sur son travail de peintre?
Il s’appelle littéralement « Entredeux ». Entre deux parce que toute sa vie il a questionné cette notion. Avec ce livre, il s’est donné la liberté de ne pas cataloguer, d’être ici et de là, d’un peu partout à la fois. J’ai grandi et me suis construite avec ses oeuvres. Mon père n’est plus là mais le sens qu’il a mis dans ce livre, me permet encore aujourd’hui de mieux comprendre ce sentiment tel que lui l’a vécu. . 

Je suis née dans l’entre deux ; deux pays, l’Argentine et la France, deux langues, l’espagnol puis le français. Je n’ai jamais pu choisir et je crois que je ne veux jamais choisir ! Les deux langues, cultures, sensibilités sont moi.

Je suis arrivée en France pour l’année de CP. À la réunion de pré-rentrée, je me rappelle de la directrice d’école qui disait à mes parents « Bon on va essayer », ce qui sous entendait,  » elle ne parle pas français alors je ne garantis rien !  » Plus lente que les autres élèves, pendant quelques temps j’ai été privée de récréation pour accéder à la langue de Molière, l’écrire et la parler ! Je m’interroge sur ce qu’est un pays… qu’est-ce qu’être d’ici plutôt que de là ?

Je serais donc « entre » ou « autour », j’aime l’idée d’être de l’eau qui court. Nous sommes faits d’eau. En mouvement perpétuel et permanent, nous glissons en suivant le courant ou en le remontant, notre mémoire garde tout ce que l’on a croisé en route.

*Ndrl: Le Río de la Plata (littéralement « fleuve de l’argent ») est l’estuaire commun aux rios Paraná et Uruguay, formant sur la côte atlantique sud-américaine une entaille (muesca) triangulaire de 290 kms de long. C’est un espace maritime dont les limites sont définies par l’Organisation hydrographique internationale. Le Rio de la Plata est considéré comme un fleuve, un estuaire, un golfe ou une mer épicontinentale ; c’est selon … selon que l’on parle à un géographe, un marin, un historien, une Paraguayenne ou un Uruguayen. Ah et vers la fin du XIX siècle, ses deux rives ont été le berceau du tango !

« Si tu étais un Aliment… Tu serais…

Le vin Rouge ! Une vraie franchouillarde pour le coup !

Du vin rouge parce qu’il symbolise le lien et le partage !

Je déteste tout ce qui peut diviser, cloisonner, séparer … restreindre … La liberté est une chose fondamentale mais on ne peut être vraiment libre à mon sens qu’en étant dans la tolérance et on ne peut être tolérant que si on prend le temps de rencontrer vraiment les gens, en buvant un coup par exemple !

« Si tu étais une couleur… Tu serais…

Le vert qui est aussi la couleur préférée de mon fils.
Mais j’aime les couleurs en général, comment ne pas aimer la couleur ?!

La couleur exprime tellement de concepts et de réalités, elle laisse place à l’interprétation et fait écho en nous et en tous. Elle est culturelle, symbolique, émotionnelle, énergétique même!

Le vert m’inspire spontanément la nature, l’espoir mais dans l’histoire de notre culture, le vert n’a pas toujours été une couleur positive et a longtemps représenté la maladie. Cela vient du fait en très autre, que le vert était une teinte instable chimiquement et difficile à fixer sur les textiles. Les adjuvants utilisés rendaient malade…Le vert est pour beaucoup de croyances une couleur à l’opposé de la nature. Certains disent même que si l’humain ne peut reproduire cette couleur sans procéder à un mélange c’est parce qu’on ne peut pas copier la nature, que ça porte malheur ! C’est ce qui est amusant d’ailleurs avec les superstitions car, souvent, derrière une fantasmagorie il y a une histoire explication plutôt rationnelle ! Et D’ailleurs, le vert porte la poisse au théâtre !

« Si tu étais un animal… Tu serais…

Le phénix ! Sans hésiter … !
Cet animal me fascine… cette capacité de réinvention constante, cette renaissance systématique.
Il incarne une icône, une image que j’ai beaucoup croisée tout au long de ma vie. Il m’a permis de m’autoriser à hurler pour la première fois. Il faut dire qu’il meurt en un cri, brûle puis renait de ses cendres. J’aime cette violence qui se transforme en poésie. Je crois que, comme souvent dans la vie, si cette image m’a autant interpellée c’est parce qu’elle faisait écho en moi. J’aime créer et recréer, faire et recommencer. Je ne me lasse jamais d’aller plus loin. Je ne sais pas laisser les choses comme acquises, c’est un peu épuisant mais je crois que je ne saurais vivre ma vie autrement : renaître, recommencer, exploiter les champs du possible encore et encore. Il y a tant à découvrir et à faire … pourquoi se contenter d’une seule forme ?

Une des premières phrases que nous avait appris notre institutrice en CP était « Maintenant je suis à la grande école, je ne dois plus rêver », je me souviens de la révolte que ça avait créé chez mes parents ! Je ne comprends pas pourquoi grandir et devenir un adulte devrait revenir à supprimer le rêve …

Nous devrions dire à nos enfants, nous dire,
tout le temps, à chaque étape, tout le long :
rêve, vis, ose !

« Si tu étais une piece de la maison… Tu serais…

La chambre. Être dans mon lit avec tout à portée de main est ce que j’aime. J’adore dormir depuis petite !

Le rêve, tout faire depuis mon lit ! Lire, créer, parler, penser, être !

Le sommeil est ma régénération. Comme le phénix ! Pour renaître, je dors !

Haby Bonomo « Nina au réveil »

« Si tu étais un objet… Tu serais…

Un doudou. J’adore l’idée de l’objet transitionnel !

C’est doux à la vue, au phrasé, au toucher, à l’émotion évoquée. Ça porte si bien son nom ! 

Un objet n’a pas de raison d’être pour moi s’il n’est pas lié à une émotion…

J’aime les objets s’ils ont du sens, c’est pourquoi je n’aime pas en avoir trop.

Les objets existent pour (nous) raconter une histoire, nous évoquer quelque chose de plus. Ils sont plus que ce qu’ils sont ou ils ne sont pas.

« Si tu étais une personnalité, un personnage… Tu serais…

Je ne veux pas être quelqu’un d’autre que ce que je suis. Mais j’admire tellement de personnes, j’ai envie d’être un peu de tous ! Mais n’est-ce-pas d’ailleurs ce que nous sommes ? Faits de morceaux de ceux qui nous entourent ?

Je sais ! La Pachamama !!! Une figure universelle, rayonnante, généreuse … en tous cas dans ce que moi je mets et attache de valeurs à cette cosmogonie andine de la Terre-Mère. Loin de moi l’idée d’être une déesse si ce n’est pour représenter quelque chose de liant, de fraternel entre tout et tous. Tu sais, la figure de Pachamama est particulièrement forte chez les peuples Aymara et Quetchua et pour la culture pré-inca Tiwanaku parce qu’elle incarne un lien entre la nature et l’Homme, entre les hommes, entre les objets et les figures. C’est le principe incarné de la connexion énergétique entre toute chose. J’aime cette idée car elle est à la base de tout : le respect, la tolérance, la bienveillance et la liberté aussi. Cette idée rayonne par-delà tous les rivages et les clivages.

Il nous appartient à tous d’être des pachamamas ! Nous sommes tous les choix que nous faisons, toutes les actions que nous réalisons et un peu tous les gens que nous croisons dans ce que nous prenons et laissons chez eux. Cette prise de conscience nous investit chacun d’une forte responsabilité, tout en étant source de grande force.

Et si tu devais passer 24h avec quelqu’un ?

 

Nan Goldin
Son travail me travaille !

C’est intéressant de voir les cheminements, les attachements et les liens qui se font entre la vie et la production artistique.
L’œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie : ses arrières grands-parents, juifs arméniens, ont fui la Turquie pour les Etats-Unis lors de ce que l’on a toujours pas droit d’appeler un génocide ; ses parents étaient assez bourgeois et elle avait des rapports complexes avec eux, elle a également été marquée par le suicide de sa sœur en 1963 … Enfin sans rentrer dans les grands détails c’est en photographiant sa famille qu’elle a entamé son œuvre photographique et elle est toujours restée très proche de l’album de famille, par sa technique comme par ses sujets.
Comme si la photographie était comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant de faire naître une deuxième mémoire.

« Si tu étais une personnalité, un personnage… Tu serais…

Et bien … Je crois que je serais sûrement la rencontre incongrue entre un téléfilm de Noël et l’univers de Nan Goldin.

Une des oeuvres qui m’a le plus touchée est une installation de Nan Goldin, Soeurs, Saintes et Sibylles justement.

Elle m’a tellement émue et même si c’est sombre, je crois fort qu’on est fait de toutes nos brisures et rencontres ainsi que des morceaux des gens qui nous entourent… 
J’ai vu cette exposition à la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière en 2004 avec mon père. Ce moment m’a marquée à vie.

Beaucoup d’œuvres m’ont construite, le travail de peintre de mon père bien sûr, le dessin en lâchés et vides de Toulouse Lautrec dont j’aime tout, Francis bacon quand j’ai appris à regarder son travail, Giacometti dont l’art du gribouillé, du fragile me fait pleurer !
J’aime les gueules cassées quoi.

« Si tu étais une partie du corps humain… Tu serais…

Les yeux of course!
Ceux qui brillent, qui aiment, qui noircissent comme l’orage et s’éclaircissent comme un sourire !

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si Nina était unE CITATION, elle serait…

« Le seul, le vrai, l’unique voyage
C’est de changer de regard »

Marcel Proust

La poésie de Maison Levy

* Se lit ici : Maison Levy – Le site

* Se regarde là : @MaisonLevy 

* Se montre au 20 Rue Taylor Paris

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© Crédits Photos :

Maison Lévy
Haby Bonomo
Mélanie Lenormand
Pinterest

Nils Tavernier – Ils & Elles ont toutes une Histoire

Nils Tavernier – Ils & Elles ont toutes une Histoire

Forme Libre tu veux faire quoi quand tu seras grand ?
– Nils Tavernier

Pour faire plus dans la camisole humaine que dans la contention chimique.

Car c’est précisément ce que Nils fait : En montrant ce que l’humain fait de mieux, il réveille en nous ce petit truc d’humanité qui semble en voie de disparition dans l’actualité.

Et ça fait du bien, non ?

On redécouvre alors que la tendresse consiste à tenter de conjuguer, un temps soit peu et dès qu’on le peut, les petits riens et gestes du quotidien au pluriel plutôt qu’au premier sujet du singulier.

Au travers de la lucarne du petit écran on ouvre le cœur en grand et on redécouvre que la gentillesse est une qualité ; non une faiblesse et que s’ouvrir aux autres revient à se nourrir soi, entre autres.

« Je me sentais inutile. Ce sentiment d’inutilité m’a buté, je me sentais nul, vraiment nul.
Il fallait que je me mette « au service de ». Par là j’entends au service de quelque chose de plus grand que moi, que toi, que nous. Je n’avais pas de compétences particulières si ce n’est savoir faire de l’image et échanger et faire parler. Donc j’ai décidé de montrer ceux qui ont des compétences ou des idées géniales ou qui font des choses absolument extraordinaires. Je me suis dis que je ne pouvais pas faire plus avec ce que j’étais et c’est ainsi que je me suis épanoui. C’est en cherchant le positif en tout qu’on amène le positif partout ; l’optimisme ne peut se nourrir que de ça. C’est ça l’humanité en fait.

 

C’est absolument flippant de voir les liens se déconstruire en ce moment :
Les gens sont privés de câlins dans tous les sens du terme. Ils sont en manque.

On a privé les gens de douceur et on alimente la haine et la peur.

On alimente la peur de l’autre. Si on ne fait pas gaffe, ça va être un monde pourri.

Tu vois c’est pour faire gaffe que j’ai aussi beaucoup beaucoup dénoncé dans ce que j’ai fait.

D’ailleurs si je regarde avec un peu de recul l’ensemble de mes films, je dirai que le point commun de mon travail c’est l’exclusion. On vit dans un monde de fous, si on ne le dit pas, on l’accepte.
C’est impossible pour moi… et ça … même si je suis comme un petit enfant en face d’une montagne. »

Nils Tavernier

Dénoncer c’est donc ne pas renoncer, ne pas se résigner au c’est-comme-ça-ambiant et finalement être le changement … celui que l’on veut voir dans le monde, celui dont parle tout le monde en ce moment.

Dans cet article, chers lecteurs, nous allons faire preuve d'(h)ardeur dans le sens où les sujets abordés seront loin d’être légers. Nous allons parler Droit à l’éducation, accès à la formation, mais aussi de pelvis, d’excision, de mutilation, de Droit à disposer de son corps, de handicap, de dépressions, de décompensations et d’efforts aussi. Ca ne va pas faire un pli et d’avance, nous ne nous excusons pas si vous trouvez le ton plus affirmatif et combatif qu’à l’accoutumée parce qu’il est des sujets pour lesquels nous pourrions monter sur la table le poing bien haut levé !

Les histoires que Nils racontent sont singulières mais les victoires qu’elles nous portent à voir sont universelles.

Chaque combat gagné par cet enfant triathlète handicapé, par Hawaou, cette combattante qui sauve des petites filles, par Min dont le futur est désormais plein de promesses, par Joséphine la fragile qui a retrouvé le sourire, par Antonia qui continue à offrir son énergie et sa force autour d’elle, par la magnifique Mulu Muleta qui permet le petit miracle de la vie ou encore par les habitants du village de Trinlé-Diapleu en Côte d’Ivoire qui acceptent la différence au point de la couvrir de farine à la fin sont autant de messages d’espoir que Demain arrivera un beau matin.

Tous ces noms, qui ne vous disent sûrement rien, sont le prénom de héros du quotidien quelque part dans le monde. Ici et Là. On ne les connait pas… et pourtant … ils sont le changement et tout ce qu’ils font relève de l’exploit. Ils sont ce Yes we can, Oui je le peux si je le veux qui nous a mis les larmes aux yeux.

Le travail de Nils Tavernier n’est plus à présenter et parce que chacun de ses films, chacun de ses documentaires pourrait en lui-même faire l’objet d’une thèse, nous avons dû, ici, sélectionner mais croyez bien que chacune des leçons reçues par Nils Tavernier, chacun des mots qu’il a pu prononcer, chacune des images qu’il a pu tourner se sont imprégnés en nous comme autant de graines à germer pour ne jamais, jamais renoncer à parler, à dire et écrire.

« Parlons de « Elles ont toute une histoire » : toutes ces femmes que j’ai rencontrées portent en elles l’espoir d’un monde meilleur, un monde où l’égalité entre les êtres humains pourrait favoriser la prospérité de tous.« 

Nils Tavernier

Toujours est-il que parmi tous les sujets traités, il en est un particulier dont nous voulions parler.

Le Droit à l’avortement, à l’Education, l’accès au soin et à un travail décent, l’égalité femme-homme (NDRL : on met femme avant parce que le F vient avant le H dans l’alphabet, ceci fait l’ironie) demeure un immense chantier.

Du Cambodge au Sénégal en passant par l’Ethiopie, le Cameroun et le Nicaragua, Nils a rencontré 5 héroïnes qui ont pris leur destin en main et qui, dans leur propre culture avec leurs propres moyens, se dressent contre l’injustice et la violence dont elles sont victimes. Elles se battent pour elles, pour leurs proches pour les petites filles d’aujourd’hui et de demain.
 

Leurs histoires sont singulières mais leurs victoires universelles


Et parce que cela compte nous avons décidé d’écrire ici à leur sujet histoire d’informer et de véhiculer leurs messages au-delà de l’image. Une expression libre intégrée à un article sur ce qu’il fait ? Avec Nils Tavernier, nous bousculons les règles et les codes et on s’en fout, la forme est libre après tout et puis l’essentiel n’est pas la forme là, pour le coup.

Le combat pour le droit des femmes se joue sur de multiples fronts. En parcourant le monde Nils a rencontré des femmes de tous les âges et de tous les milieux. Il a observé le rôle qu’elles tiennent dans leur famille et dans la société.

« Je crois que le degré d’évolution d’une société se juge à la place qu’elle accorde au droit des Femmes. En Afrique, en Amérique latine, en Asie leurs Droits fondamentaux sont loin d’être acquis et l’égalité femmes-hommes est un rêve. »

Nils Tavernier

Le Cameroun n’est pas le plus mauvais exemple mais à la briqueterie, un quartier de la Capitale Yaoundé, 1 petite fille sur 3 ne va pas à l’école. La tradition, les situations précaires, les mariages forcés sont autant de raisons qui détournent les petites filles du chemin vers l’Education. C’est ce contre quoi lutte chaque jour Hawaou Adamou, analphabète jusque 35 ans, aujourd’hui Présidente de l’Association Haoussa pour le Développement. Son histoire personnelle est difficile : Cette femme mariée (de force – s’il est utile de le préciser) à l’âge de 16 ans, a aujourd’hui 4 enfants mais a vécu 6 accouchements sur un total de 12 grossesses à l’âge de 30 ans. Des chiffres qui s’étalent dans son discours comme des réalités normales…
Au décès de son mari, cette femme, devenue une charge, est chassée par la famille. Après 19 ans de vie commune, elle a emballé sa vie, dit-elle. Il semblerait surtout qu’elle ait embrassé son destin car à ce moment précis Hawaou a réalisé que si elle était allée à l’école elle aurait eu un métier. A 41 ans, elle obtient alors son certificat d’étude primaire. Aujourd’hui ses 4 enfants vont à l’école mais surtout … Hawaou œuvre chaque jour à la scolarité des petites filles dans le quartier notamment sur le terrain de sport où, en rencontrant les papas, elle n’a de cesse de répéter son plaidoyer en faveur de l’égalité :

« Quand on est autonome on peut s’occuper de sa petite fille pendant que les papas s’occupent des petits garçons. On peut aider le foyer et donc on peut donner son point de vue. Je ne savais pas avant ce qu’était mon plus grand rêve. Tant qu’on n’est pas instruit, on ne peut pas avoir un rêve. »

Hawaou Adamou

L’Education : la condition essentielle pour rêver sa vie.

C’est cette promesse d’un avenir que l’on ose enfin imaginer sans tristesse que l’on retrouve dans l’histoire de Min au Cambodge. Dans ce pays, marqué par des années et des années de guerres, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté c’est-à-dire avec moins de 1$ par jour. Cette situation dramatique porte les familles à faire des choix et c’est ainsi que, souvent, ce sont les garçons qui vont à l’école tandis que ce sont les filles qui se collent à la tâche du ménage et du travail, notamment dans les usines de textile.
Mais c’est également dans ce pays que les bénévoles de l’Association Friends travaillent quotidiennement au bien-être des filles. En allant à la rencontre des familles, leur objectif est de trouver des solutions pratiques et pragmatiques afin de permettre aux jeunes filles de suivre des formations professionnalisantes – comme on dit chez nous. Ce faisant, ces femmes deviennent indépendantes ce qui est déjà une victoire en soi mais ce qui participe à une réussite concernant un autre débat.

Dans le monde, une femme sur trois est victime de violences (Cher lecteur, cela signifie que ce serait soit ta grand-mère, ta mère ou ta sœur). Dans certains pays, du fait de l’obscurantisme, des religions lorsqu’elles se transforment en extrémisme ou encore de la tradition, la situation s’aggrave.
Tel est le cas au Cambodge et Min en a malheureusement était une victime : son père était violent avec elle, ses sœurs et sa maman. L’association Friends constate alors :

« Le fait que les filles travaillent contribue à réduire la violence des garçons : si une femme travaille, elle contribue à améliorer le niveau de vie de la famille, l’homme est donc moins responsable et moins agressif. En plus, lorsque les garçons sont éduqués, ils ne reprochent pas aux femmes de rester à la maison, ils comprennent, et ils ne sont plus violents physiquement ou mentalement »

De la réduction des violences par l’éducation…

Tiens donc ! Savoir serait donc pouvoir travailler mais aussi réfléchir par soi, pour soi, comprendre son environnement, ses tenants et ses aboutissants et ainsi s’y adapter en faisant ses propres choix ?

C’est ce que nous dit la petite Vanessa :

« C’est important pour moi d’aller à l’école pour ne pas souffrir, parce que le monde devient plus dur, il y a des gens qui n’ont même pas à manger. L’école peut permettre à la fille de travailler, avoir ce qu’elle veut dans sa vie. Parce que si une jeune fille ne travaille pas, elle va être mise en mariage et ce n’est pas bien ça. La jeune filles doit pouvoir faire ce qu’elle veut de sa vie, devenir ce qu’elle veut. »

Faire ses choix, disposer de sa vie … et de son corps aussi.

Dans de nombreux pays, le droit de disposer librement de son corps n’est pas acquis. L’autodétermination des femmes est un défi dans de nombreux pays. Le droit à l’avortement, notamment, est limité et menacé dans de nombreux états mais dans certains il est encore illégal. Le Sénégal, par exemple, demeure parmi la cinquantaine de pays qui le considère comme un crime. Le débat pour légaliser l’avortement, tout du moins thérapeutique, est enfin ouvert, mais la controverse est vive.

Joséphine avait 15 ans quand sa vie a basculé… C’est ce qu’elle a la générosité de nous confier dans la Liberté en prime en même temps qu’elle nous parle de son amour pour l’escrime, ce sport qui a tout changé.

Joséphine était en prison parce que suspectée « d’infanticide » … elle était en colère ! 

« J’étais très en colère, je restais dans mon coin, je ne parlais à personne, j’étais pas ouverte »

jusqu’à ce qu’elle baisse la garde en se mettant en garde. Au Sénégal, il est un programme qui intègre la pratique de l’escrime dans les prisons pour mineurs. Ceci peut sembler surprenant de faire entrer une arme dans un univers carcéral mais c’est sans compter sur la détermination d’une femme qui a décidé de faire baisser le taux de récidive en ramenant au cœur de la vie de ces ‘gamins’ le respect de son prochain :

« Lorsque tu pratiques l’escrime tu es vêtu de blanc et tu es dissimulé derrière un masque. Personne ne peut savoir si tu es un garçon ou une fille et les deux escrimeurs sont soumis aux mêmes règles. Il y a donc une égalité de statut, de force, il y a une remise à niveau. Tout le monde est sur un même pied d’égalité. Ainsi nait le respect de l’adversaire comme un alter ego. Il y a une réinvention d’une relation qui a été détruite dans l’œuf. »

Et le programme porte ses fruits : Le taux de récidive des mineurs passés par le programme est de 0.

« Le garçon et la fille acceptent que la défaite existe mais qu’elle n’est pas un échec personnel. C’est la vie. Ils apprennent donc que l’on doit pouvoir se reconstituer, continuer, passer à autre chose. Ils sortent de là avec une énergie irrésistible et une impérieuse envie de vivre. »

C’est ce qui est arrivé à Joséphine :

 » Je joue avec tous les garçons même les grands et je n’ai pas peur. J’ai gagné des coupes et des médailles et c’était bien. Mon rêve c’est d’être championne d’Afrique »

Aujourd’hui Joséphine travaille à l’enseignement de l’escrime dans les prisons et dans les quartiers aussi. Elle a fait de la transmission de l’art de s’engager sans violence son métier en prouvant comme elle le dit que

 » Nous aussi les femmes on peut s’en sortir et être quelqu’un dans la vie »

C’est également cette révolution de message qu’Antonia communique au Nicaragua. Dans un pays où le machisme fait loi, elle a crée une association dans laquelle les femmes construisent des maisons : la leur. Cela peut nous paraître un détail, mais pour elles cela représente beaucoup : il s’agit de leur réussite, de leur autonomie et de leur liberté. Un rêve d’indépendance devenu réalité.

Comme quoi, tous les miracles sont possibles quand on a la foi …

En parlant de miracle, s’il en est un depuis la nuit des temps c’est la naissance d’un enfant.
Toutefois, là encore il convient de signaler que toutes les femmes n’ont pas les mêmes chances face à cette expérience :

Une femme africaine est 25 fois plus en risque de mourir au cours de l’accouchement qu’une européenne.

L’Ethiopie, notamment, est le pays où la santé maternelle est la plus préoccupante : Le taux de mortalité maternelle y est l’un des plus élevé au monde. C’est ce que nous raconte Mulu Muleta qui est une des premières gynécologues de son état.

Au-delà de sa réussite personnelle qui insuffle un espoir à de nombreuses petites Ethiopiennes, Mulu Muleta œuvre chaque jour au souffle de vie. En Ethiopie, du fait du manque de moyens, de la difficulté d’accéder aux maternités, des distances à parcourir, du poids de la tradition et du manque d’informations quant aux avantages de mettre un enfant au monde accompagnés par des professionnels ; la moitié des nouveau-nés ne reçoivent pas les premiers soins nécessaires à leur survie. Celle-ci ne tient donc qu’à un fil.

Sans parler également du taux de mortalité chez les mamans.

« Le mariage forcé est un problème, les filles sont données au mariage avant qu’elles ne soient développées en particulier au niveau du bassin. »
nous explique Mulu Muleta. 

C’est ce qui explique les complications qui surviennent à l’accouchement :

Le pelvis de ces jeunes filles étant trop étroit, elles ne peuvent accoucher normalement car cela pourrait entraîner une rupture des ligaments de l’utérus, une hémorragie et causer leur décès.

« De plus, l’excision est encore très pratiquée, les mutilations compliquent également les accouchements ».

Dans la séquence tournée par Nils Tavernier, le miracle de la naissance se produit … et j’ai rarement été aussi heureuse d’entendre un enfant pleurer.

Et là, au milieu de tout ça la VIE.

Je le reconnais, j’ai pleuré, moi aussi.

Pour plusieurs raisons :

Parce que sur les images nous découvrons une salle d’accouchement, un environnement que certains qualifieraient d’inadapté à la naissance d’un bébé, des conditions que certains jugeraient déplorables… se concentrant sur un premier ciseau qui ne fonctionne pas au moment de couper le cordon… en oubliant que là-bas, l’existence de cette salle d’opération est déjà, en soi, une révolution. Cela appelle à l’humilité et la perspective. La perspective étant, pour rappel, ni plus ni moins qu’un trait que l’on trace de point à point créant un lien.

C’est ce lien qui m’émeut. Parce que ici ou là-bas. De Paris à Addis-Abeba, en passant par Yaoundé, ou la Paz au Nicaragua, les joies d’une naissance, le rire, le sourire… le sentiment éprouvé et ressenti lorsque l’on regarde ses parents, ses amis, ses enfants et son amoureux aussi est … Universel.

Dans ces images de Nils, faites de couleurs vivantes et criantes, c’est ce qui me touche et fait mouche. Dans toutes ces histoires illustrées il n’y a pas de saturation, de (dé)coloration, il n’y a qu’une singulière envie d’être en vie. Une énergie à mettre la vie en couleur.

Et si c’était ça le secret du bonheur ?

Mais au-delà de cette optimisme engendré par le miracle de la naissance, il nous faut faire preuve de réalisme : Bien que ces femmes montrent la voie vers un monde meilleur, la route est encore longue.

« L’égalité des sexes est une responsabilité de chacun d’entre nous et cela ne sera possible que grâce à la solidarité des femmes et des hommes, Ensemble »

Nils Tavernier

Il nous faut donc œuvrer, avancer main dans la main avec douceur et tendresse, en chantant et dansant avec la même délicatesse, grâce et détermination que des danseurs étoiles sur le chemin vers les étoiles.

Un peu plus près des étoiles à l’abri des colères et du vent, un peine un peu plus libre qu’avant.

Et à Nils de nous glisser deux ou trois tips sur les coulisses de cette avancée, qui ne pourra se faire sans discipline, en nous montrant les coulisses de l’Opéra. De l’art de la cohérence …

Car tout le travail de Nils est là : nous permettre d’être plus proches des étoiles, de rencontrer ceux qui, sans être nés sous une bonne étoile, ont décidé de se faire leur place au soleil et qui transmettent leurs rayons, leur énergie et leur force. Leur détermination.

Nils a l’humilité des hommes de coeur qui ont le sentiment que ce qu’ils font n’est et ne sera jamais assez. Ce sentiment d’impuissance face à tous les combats à mener. Mais en conclusion de ce tout petit papier nous tenions à lui dire que les histoires qu’il nous a racontées et montrées nous ont réveillés et qu’en remettant l’humanité au milieu du village, c’est une armée de bonne volonté qui nait.

Merci Nils t’es NECESSAIRE !

«Je continuerai à encourager les gens sympas qui parlent de gens sympas qui font des choses sympas. J’en ai marre de voir des fouilles merdes remuer la merde et alimenter la peur et la haine»

Nils Tavernier

AMEN

Toute la filmographie de Nils Tavernier sur : 

http://www.nilstavernier.com/

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 Crédit image: 

  • Nils Tavernier 
  • Ondine Saglio

Images sur Pinterest & Instagram ( @Coeurdegazelle / @Leapofdanceacademy )

Nils Tavernier ou le portraitiste

Nils Tavernier ou le portraitiste

Nils Tavernier est un conteur d’histoires … Il raconte les gens, le monde. Ceux qui sont, ceux qui le font. Il donne la parole et de l’existence à tous ceux qui ici où là, par là-bas œuvrent chaque jour avec force, conviction et humanité à faire de cette planète un endroit où il fait mieux être. 

Nils dit « se mettre au service de » … au service d’eux, de l’image et du partage.

Ces histoires qu’il raconte au travers de ces films sont autant de moments suspendus, d’évasion et d’émotions … de fenêtres ouvertes sur le monde. 

Un monde qui ose, qui bouge, qui s’émerveille encore, loin des diktats et des aprioris, de ce que la vie et les gens ont de plus joli. 

Nils préfère parler des autres que de lui, parler avec les autres aussi.

Nous, on aime bavarder avec lui parce que ça donne du sens à l’existence. 

Nils c’est 30 ans de portrait. Montrer pour faire exister. Merci Nils, t’es nécessaire à l’humanité.

Forme Libre

Nils Tavernier ou le portraitiste.

« Si tu étais un Mot…Tu serais…

Doute

Parce qu’il est constitutionnel et à l’origine de tout et de chaque chose qui se crée et qui existe.
Et puis j’ai passé trop de temps à chercher à dézinguer mes certitudes dans la vie pour te répondre autre chose.

 

« Si tu étais un pays…Tu serais…

Ta mère !

La mère patrie !!! Je plaisante …

Non, Je serais le vent. 

« Si tu étais une Couleur…Tu serais…

Par instinct, je dirai le bleu, parce que j’aime la mer mais en fait je n’en sais rien, je n’en ai aucune idée.

« Si tu étais un Animal…Tu serais…

Un drôle … D’animal. 

« Si tu étais unE personnalité, un artiste… Tu serais…

Je serais un peu de toutes les personnes que j’ai croisées dans la vie et que j’ai aimées. Les gens me nourrissent dans ce qu’ils ont, sont d’humanité.

Mais en fait nous sommes tous ainsi. Nous ne nous développons pas avec le lait maternel (ou le lait tout court) mais avec l’échange et l’interaction sociale.

Il existe d’ailleurs des thèses sur cette question. Elles démontrent que les enfants se développent dès lors qu’ils entrent en interaction sociale. Des recherches ont été faites dans des orphelinats sur ce sujet en particulier notamment par Spitz. C’est vraiment intéressant d’observer que ces mômes, qui étaient pourtant nourris ne se sont pas développés normalement en raison du manque de contacts et d’affection … (cf. Expression libre : De la tendresse bordel).

Cela me fait tristement penser à ceux que l’on appelle les « Enfants de  Ceausescu » … 

Aparté en image … grâce au travail de Jean-Louis Courtinat, 

C’est l’histoire du petit Victor, « L’enfant sauvage » de François Truffaut, qui a été retrouvé dans une forêt, seul, abandonné dans la nature. S’il avait développé des capacités et des habiletés incroyables et était apte à la survie, il était muet et totalement carencé socialement.

Nous nous nourrissons des gens qui font écho en nous. Il y a toujours une forme d’identification de nous en l’autre. C’est ce qui nous motive à entrer en interaction avec quelqu’un d’ailleurs. Nous nourrir et évoluer. C’est dans la nature humaine que de vouloir évoluer. Si quelqu’un me plait c’est parce que j’identifie chez lui quelque chose qui fait écho en moi, quelque chose qui me parle, me touche, suscite une émotion chez moi.

Alors certains te diront que c’est très égocentrique, qu’ils ne sont pas comme ça, mais beaucoup plus altruistes… Bla Bla Bla ! Il s’agit là soit d’un déni, un refus de s’avouer les choses ; soit d’un un manque de conscience de soi et des autres et de l’impact que ces autres ont sur soi. Tu me suis ?

En revanche, il y a des gens que je ne veux surtout pas être … par exemple ceux qui remuent la merde pour combler la leur. Alors ceux-là, tu me fais la promesse de ne pas leur accorder ne serait-ce qu’une minute de ton temps ! Enfin ce n’est pas tant que je les déteste, parce que je les comprends, je n’ai pas de haine contre ces gens parce qu’au fond … Les gens qui cherchent la merde tentent souvent, en réalité, de combler leur vide, leur peur d’êtres et leur complexe de supériorité ou d’infériorité, qui sont deux mouvements souvent très proches.

Et puis … il y a ceux que l’on ne peut pas comprendre, ceux « c-e-u-x » et ce « c-e » … autrement dit, la non identification qui renvoie chez moi à la question de la deshumanisation. Une question troublante parce qu’elle met en avant nos limites.

Les gens me nourrissent dans ce qu’ils ont d’humanité mais … s’ils n’en ont pas … alors c’est le vide, le néant, l’absence d’écho, le silence.
Je ne pensais pas que cela pouvait exister.

Le socialo bobo humaniste en moi, bien pensant au demeurant, t’aurait dit « mais attends il y a de l’humanité en tout à chacun, c’est juste qu’elle est caché sous une armure de protection, faut creuser… » Tu vois le discours … 

Et pourtant … j’ai eu l’occasion d’en croiser.

Des tueurs à gage, par exemple, en Tchétchénie qui tuent sans que cela ne leur génère la moindre émotion. Rien. Pas une once d’émotion. 
J’ai creusé hein … mais rien. Ca c’est très délicat à comprendre pour moi.

Après… est-ce qu’ils sont vraiment déshumanisés… c’est un débat… mais je le crois. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivée. 

Attention cela reste extrêmement rare. Il ne faut pas extrapoler. Surtout pas à la question des enfants soldats chez qui on a désactivé le programme « émotions » à coup de traumatismes violents. Ici, il s’agit d’une réaction du cerveau qui, en refoulant, génère une forme de protection à la sur-souffrance. C’est de la survie ici. Là il y a de l’humanité. Enormément. Ca n’est que ça d’ailleurs. 

Au cours de ma carrière j’ai rencontré des gens … beaucoup … la plupart m’ont nourri mais il y en a que je n’ai pas compris. Ils ne sont pas en majorité, mais assez pour m’avoir marqué, parce qu’interrogé.

Ils sont ceux que je range dans la case « non identification absolue », ceux avec lesquels je ne peux pas entrer en interaction. Enfin, bien sûr, je peux communiquer, je peux parler mais on ne peut parler d’échanges au sens de la création d’une intimité au sein d’une bulle de discussion. Ils sont ceux qui font preuve de méchanceté absolue, ou plutôt de non empathie absolue.

Ce qui revient à la déshumanisation qui est une forme d’absence totale d’émotion pour autrui. Comme ces types qui regardent de leurs tours d’ivoire boursières les gens crever en bas qui licencient à tour de bras parce que leur entreprise a fait 4 points de moins … C’est délirant ! Ce type de personnage ça ne devrait même pas exister, pour le moment nous sommes gentils, on joue le jeu mais … jusque quand cette acceptation d’un truc aussi délirant que ça perdurera je ne sais pas. 

Et puis … il y a ce sujet compliqué … la pédophilie. J’ai beau essayé c’est impossible pour moi de conceptualiser ça. Je peux comprendre les addictions, les troubles comportementaux, les fantasmagories, les compensations et décompensations mais ça … vraiment je ne peux pas. C’est trop loin de moi. Une incompréhension constitutionnelle. Au même titre que mon incompréhension pour la non empathie humaine ou la méchanceté gratuite. Vraiment, je ne peux pas comprendre.  

Voilà, j’observe et je me nourris de chacune des personnes que je croise.
Ils nourrissent mon travail, ce que je fais, donc, mais aussi qui je suis.
C’est pour cette raison que je fais des portraits depuis 30 ans. J’ai une fascination pour les gens dans ce qu’ils offrent en étant souvent inconscients de cela et, à la fin, je suis seulement le résultat de ces tout un chacun.

1+1+1+…

Et parce que finalement échanger avec Nils c’est partir en tergiversation sur tous les sujets, c’est refaire le monde après l’avoir observé et parlé des gens surtout.
Parce que c’est ça le sujet important

Forme Libre a pris la liberté, pour clôturer ce portrait, de s’interroger…

Si NILS était un aliment, il serait…

Un sushi, sa fille adore ça et pour le coup ça lui va bien au papa !

C’est cru.
C’est frais.
C’est taillé dans le vif … et c’est là, précisément là, dans ce geste, que toutes les techniques de chef apparaissent.

Parce que n’est pas (maître) sushi qui veut … sous une apparente simplicité se cache un art ancestral, une tradition, une maîtrise, une technicité, une cérémonie … Il y a de l’humilité dans cette préparation, du travail surtout mais de l’exigence aussi.

Pas merlan frit pour deux sous, le t(h)on cru garde l’œil vif. Pour le consommer il faut savoir s’arrêter, le consommer frais, là maintenant, au présent et en toute conscience.

Le sushis est peut-être tendance mais il semble s’en moquer et revendiquer qu’il n’est pas du palais et du goût de tous même s’il se consomme partout : des grandes tablées étoilées, au tapis roulant sous cloches des restos branchouilles ; traditionnel au petit déjeuner ou en snack dans un avion. Il est pratique et commode comme un caméléon. A prendre avec des baguettes mais en toute simplicité et sans paillette !

Et puis, il n’y a pas à dire, il n’y a rien de mieux que de papoter entre amis au cours d’une soirée sushis.

Si Nils était un objet, il serait…

Une caméra.

Parce que

« Je me mets au service de ceux dont je veux raconter l’histoire , je laisse les images tournées et enregistrées, tout se fait tout seul, les géniaux ce sont eux, je ne suis que l’instrument révélateur « .

Si Nils était une pièce de la maison, il serait…

Le bureau … sauf que le sien de bureau ne se situe pas dans la maison mais à l’extérieur. Parce que le monde est son centre d’observation. Parce qu’avant de plonger dans les livres et les études, il faut savoir être contemplatif, attentif, réceptif… et bavard afin de rencontrer les gens sincèrement et de découvrir leurs histoires …

Parce que les gens ont tous une histoire …

Si Nils était unE CITATION, il serait…

  « Je doute de ce que je sais, je me doute du reste.« 

Ylipe

 http://www.nilstavernier.com/

Instagram : @nilstavernier

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