L’art de recevoir

L’art de recevoir

Et c’est reparti pour la bamboche.

C’est reparti pour les cinoches.

C’est reparti pour la culture, le théâtre et les musées ; les réceptions, les expositions et les invitations !

Les rideaux sont levés, les portes sont ouvertes, c’est la fête ! Présentement, je suis assise en terrasse, j’ai commandé un cappuccino au Café du commerce et on me l’a servi dans une tasse. C’te classe.

J’ai fait ma photo d’instagrammeuse un brin pétasse comme diraient les rageux (quoi on dit des haters ?) La vérité : je suis à deux doigts de pleurer. Mais non ! Non, je ne vais pas pleurer parce que tout autour, partout, je ne vois que des sourires et des gens heureux ! La vie est belle. Elle reprend son cours … l’Art de vivre à la française reprend ses droits … Ici et là, je croise mes restaurateurs préférés : de l’Artnoa à la Chistera, du « Rendez-vous des halles » au « Bar du marché », au « Classique », à « Chéri Bibi », à « Etxola », ou à « Olatua » la rengaine est la même :

« Nous sommes ravis de vous retrouver, vous nous avez manqué ».

Tout un art de recevoir !

J’ouvre le journal

Café-terrasse-journal-ticket-à-gratter :
mon classico retrouvé

Gros titre : 

 

Crise migratoire à la Ceuta !

Tout un art de recevoir…

Sarcastique vous dites ? !
Nope, je ne fume pas de clope donc être cynique n’aurait aucune allure et je pourrai pas me voir en peinture. En revanche, lorsqu’on jette en pâture 8 000 êtres humains dont environ 2 700 mineurs, j’ai tendance à avoir des hauts le cœur et à m’interroger.

Si vous vous dites que cet article est en train de partir en banane alors que vous pensiez que je vous parlerai chocolatine et crab-roll, rappelez-vous – petit 1 – que ma tête est un vrai panier de crabes et puis – petit 2 – soyez heureux, je vous sers sur un plateau un bon sujet à aborder pour terrasser vos partenaires de soirée sans parler du COVID (pas de négociation Michel, le sujet est chiant et dépassé désormais et on ne peut pas parler de cul tout le temps ! )

Donc … reprenons. L’art de recevoir. Donc.

Ce savoir-faire. Ce truc bien acquis ; très français. Dont on se gausse avec raison et fierté.
Mais ne serait-ce pas aussi un savoir-être qui se voudrait un peu universel mais qu’on aurait laissé à quai ? (vous l’avez ?)

Un concept qu’on nous aurait mal expliqué ?

L’art de recevoir mais l’art de recevoir quoi ? Qui ? Elle parle de quoi cette expression finalement bon-sang-de-bonsoir ?

L’art de recevoir :
– Les gens,
– L’amitié,
– L’amour,
– Les claques (ça va ensemble non ?),
– Les compliments,
– Les migrants …

J’ai été élevée selon la politique de la porte ouverte : chez moi on fait dans la générosité, la bonté vivante, bien pensante. On part du principe que quand il y en pour un, il y en a pour deux pour peu qu’on fasse de la place. Un peu. Je vous reparlerai de ma mère, ce sera sa fête bientôt. Mais du coup, la (bonne) éducation que j’ai reçue c’est que recevoir est un Art … qui s’apprend, s’entretient, s’apprécie …

Bon que ce soit clair je préfère recevoir les gens et l’amitié que des claques dans la face (même si je sais encaisser).  Les compliments c’est encore un peu compliqué : c’est comme les fleurs, on adore en recevoir mais on n’a jamais le bon vase pour les mettre. L’amour je ne suis pas sûre de toujours m’en apercevoir à temps (et souvent ça marche de pair avec une paire de claques dans la face donc bon pas chaude-chaude-le chat échaudée qui craint l’eau froide). Et les migrants … que ce soit clair, c’est ma colère.

Si parler des migrants c’est être chiant, je plaide coupable au nom d’un engagement qu’on ne m’enlèvera jamais parce que c’est ça l’humanité même si ça ne fait pas l’unanimité. Au Maroc, la pauvreté a flambé 7 fois il parait alors voir Luna qui embrasse et enlace un exilé parvenu à atteindre l’autre côté m’a bouleversée parce que, oui, avec empathie, je me mets à sa place et je me dis que nous sommes tous des exilé-es qui allons chercher un petit (ou grand) quelque chose qui manque et qui avons besoin parfois d’un câlin, de tendresse pour être rassuré-e après une traversée.

Si écrire tout ça c’est être bobo, gaucho, sentimentale, banale c’est faire dans le réducteur du débat parce que c’est plus compliqué que ça, j’assume faire en ce vendredi dans le texte vomi qui sort du cœur.

Souvent, on oppose donner et recevoir. Comme s’il s’agissait de gestes antinomiques. Contradictoires. Comme s’il y avait toujours deux camps : ceux qui offrent et ceux qui prennent …

Pourtant, quand je vois le sourire des restaurateurs et serveurs, j’ai l’impression qu’il y a dans « le joie-de-recevoir » un truc qui tient plus du plaisir d’offrir avec le sourire que de l’opposition de deux camps. Alors quoi ? Finalement ?

L’art de recevoir ce serait la capacité de donner mais aussi de dire OUI et d’accepter une main tendue ou perdue, un compliment ou un reproche ; que quelqu’un s’approche, s’accroche ? Ce serait savoir dresser une table et se mettre à table ? Ce serait avoir le cœur ouvert dans le même temps que les bras et les yeux ?

Moi si tu me poses la question je te réponds que c’est dire « Faites comme chez vous mais n’oubliez pas que vous êtes chez moi malgré tout « .

Cela fonctionne pour tout : Il faut savoir poser ses limites mais en principe elles n’ont pas besoin d’être écrites, dites, elles sont implicites, tiennent du respect du tout à chacun. Encore une fois question d’éducation.

Le problème avec la politique de la porte ouverte c’est que tu peux laisser à penser / croire que c’est un saloon où tout cowboy peut venir décrasser ses santiags sur ton tapis et vider ses cartouches chez toi. Alors politique de la porte ouverte, on dit oui mais au juste milieu : ni trop carpette ni trop farouche. 

T’as compris l’idée ? 

L'Amie

Merci l’Amie. Décidément, je l’aime ce café.

Je suppose que vous avez également compris l’idée Ami-es lectrices et lecteurs ? 

Pour boucler cet article convenablement, il me vient une phrase d’un artisan rencontré à Marrakech il y a deux ans. Je me baladais dans les Souks de la Médina les babouches assorties à djellaba en quête d’un miroir et je suis tombée sur Mahjoub qui pleurait. Il venait d’apprendre la perte d’un ami. Allez savoir pourquoi, je me suis assise avec lui. Nous avons pris le thé, papoté de la vie, de la mort, du temps qui passe et Mahjoub m’a dit une phrase lorsque je suis partie :

« Tu sais Mélanie, il faut donner pour recevoir dans la vie. »

Je vous laisse réfléchir la dessus, on vient de m’apporter ma tartine : Beurre demi-sel sans confiture.

© Source photos: 

Mel Lenormand

Tetsuya Akama sur @MINT_Magazine

sur @RealismMagazine : Photos de Eliza Etaporodina ; George Tyebcho ; Prince Jyesi ; Sebastian Magnani ; 

 

Authentique is the new chic

Authentique is the new chic

 » It is strange how people can feel like home. « 

Mel

5 mois.
5 mois que l’Ossau Iraty constitue la base de mon alimentation.
5 mois que le soleil et la marée rythment mes journées.
5 mois que je vis en jean-vans-t-shirt blanc – En prévoyant toujours un pull et un coupe vent. Technique de l’oignon. TMTC.
5 mois que j’ai quitté Paris, ma butte et mes amis. Non, pas mes amis, vous je ne vous quitterai jamais. Promis.

C’est comme si j’avais pris la mer, j’ai sortiiii la grand voile et j’ai glissé sous le veeeeeeent… ok, j’arrête la chanson. Pardon.


Et je ne rentrerai pas.

Je sais, c’est violent de l’annoncer comme ça. Mais y-a-t-il une bonne façon de se dire qu’on se quitte ?
Un « Faut qu’on parle  » c’est chiant. Notez-le. Définitivement. Et un sms c’est vexant. Alors faisons simple :  je vous le dis, tout simplement, je ne rentrerai pas.

Pourquoi ?
Parce que Paris me fait l’effet d’un ex relou et que Biarritz c’est la passion, l’amour fou.

Pourquoi ?
Parce qu’il y a ici ce petit je ne sais quoi qui touche en plein cœur, une énergie qui nous fait repenser nos choix de vie et qui nous pousse à rester, à choisir l’Authenticité. 

Authentic is the new chic !

Si Bienveillance était le mot de l’année 2020 ( si vous avez pensé que c’était covid, alors vous faites partie de la catégorie de ceux qui envoient des Faut qu’on parle. Chiant. Définitivement. ) ; AUTHENTIQUE est le mot de l’année 2021. Et ça me va bien, avec Liberté ce sont les mots que je préfère du dictionnaire.

« Authenticité  » : nf. nom féminin. Tiens tiens, comme par hasard. « Caractère de ce qui est authentique, vrai « 

Mais pourquoi ce besoin soudain d’authenticité, de vérité, en tout, en tous, en nous, partout ?

Et bien ma bonne dame, peut-être parce que ça fait des années qu’on nous inonde et nous noie de fausses promesses, de maquillage et aussi un peu parce qu’à cause du contexte, on manque de partage. Le vrai, le sincère, le déridé, le sans filtre, sans masque, sans gel hydroalcoolique… On manque de voyages aussi. Vous savez ceux-là même dans lesquels on allait chercher l’authenticité. CQFD. La boucle est bouclée.

Allez. Je suis sûre qu’on vous en a dit aussi à vous de belles histoires… qu’on vous a dit que si vous étiez engagé, impliqué, sérieux et déterminé, vous auriez une rolex et une belle BMW, on vous a dit que vous auriez une promotion, que vous vous marierez avec un prince charmant ou une princesse aimante pleine de dévotion. On vous a promis que vous pourriez faire le tour du monde. 12 fois. Grâce à vos miles & more. Qu’en mettant de la somatoline cosmétique vous n’auriez plus de cellulite, on vous a fait des promesses et plus encore … Et vous êtes partis à la chasse au trésors. Au toujours plus, jamais assez. L’ascension du Mont qui n’en finit plus et puis … vous avez réalisé que c’était des conneries.

Le python de la FOUTAISE !

Et là commence la vie. La vraie. L’authentique.

Je pourrais écrire un livre sur cette vie. Il s’appellerait « Bien dans ses basques » .

Il serait un témoignage vrai de cette vie simple que l’on mène lorsque l’intérêt laisse place à la sincérité des sentiments, lorsque les pauses dej se font dans les lacets face à l’océan et plus devant un écran à la défense. Et que les défenses tombent justement. Que l’instinct prend sa place et que l’on prend conscience de ses raisons, celles que la raison ignore. Qu’on fait le choix de les vivre. Eperdument. De les ressentir. Passionnément. De les dire. Généreusement. Tout simplement. Librement.

Il parlerait de Sophie, Marie, Laure, Margaux, Loriane, Faustine, Jenny, Fifi, Paul, Lilian, Lolo, Romain, Antoine, Thomas, Clovis, Marc, Thibaud, Leslie, Suliane, Julien, Nico, Campi & tous les autres … ces gens qui font mon quotidien, ces brutes de décoffrage adeptes du partage, honnêtes, humains, des gens bons extraordinairement biens, qui mettent du miel à la vie.

Le sel de mon beurre doux.

Ils m’inspirent. Me poussent à écrire (Du coup pour toute réclamation, vous pouvez vous adresser à eux, ils se donnent Rdv aux Halles de Biarritz tous les matins pour le café. Moi une balance ? Jamais ! ).

Avec eux, en terre basque la vie est une fête. Chaque jour. Ils transforment ma ride du lion en une ride d’expression qui raconte nos fous rires et nos délires. Parfois je me dis que cela ne peut être la vraie vie et puis Docteur Bonheur Lilian me rappelle que si. Que j’ai fait ce choix-là et que je suis juste bien là. A ma place. Qu’entre les montagnes basques, les randos, le surf et l’Océan et l’apéro entre bons gens, j’ai trouvé le juste milieu.
Trouver sa place avant d’atteindre l’Age du Christ ne rapporte pas un clou (vous l’avez?) et c’est peut-être un détail pour vous mais en fait ça veut dire beaucoup. Ca veut dire qu’on est en vie, qu’on essaie d’être heureux et que ça change tout !

Lorsque je faisais encore du droit, avant de tout faire de travers, on disait qu’un acte authentique scellait la confiance. Je n’avais pas compris à l’époque que c’était une leçon de vie, plus qu’une notion de droit contractuel. J’ai vieilli. Moins conne. Moins belle aussi (la somatoline m’a menti à moi aussi).

Toujours est-il que c’est de la constance que nait la confiance. C’est lorsqu’on a le sentiment de savoir sur quel pied danser que nous nous sentons prêts à nous dévoiler, nous découvrir, nous confier, nous épanouir. Que nous ouvrons la porte à la relation. Celle avec le monde, les autres et nous-même aussi. C’est en confiance que l’on cesse de s’interroger et se questionner pour communiquer et dialoguer… Et c’est ainsi que les choses prennent, que la réserve laisse place à l’échange, que l’on cesse d’interpréter, de calculer, de définir des stratégies, de prendre la vie comme une partie d’échec et que l’on peut croquer la à pleines dents avec l’appétit qui fait aller de l’avant.

Je dis souvent que les relations sont comme des blancs en neige : Lorsqu’on les bat à même constance et température, ils montent et forment une mousse que l’on peut incorporer à n’importe quelle recette, à sa guise et selon ses goûts. En revanche, lorsque nous les battons chaud/froid et à un rythme différent : ça finit en flan !

Mais comment être constant si initialement on n’est pas franc ? Du collier, entier, ouvert ; si on n’est pas au Max, Si on n’a pas le chic d’être authentique et sincère lorsque l’on rencontre Michel, Peio, son boulanger ou son fromager ?

Vous allez me dire qu’avec ce texte je dis que l’eau ça mouille, que je n’invente rien, que c’est ordinaire et n’apporte rien de solution extraordinaire à une question existentielle.

Vrai.

Véridique mais en fait … un peu comme on dit que l’énergie appelle l’énergie, un peu comme on raconte l’histoire de l’œuf et de la poule, trouver l’authentique passe peut-être par accepter d’être soi même ordinaire, le cœur et les bras ouverts.

 » Ceux qui sont contents de n’être rien de particulier sont des gens nobles.
Ne luttez pas, soyez ordinaires. « 

Proverbe Berbère

Et si vous avez le sentiment parfois que ce n’est pas assez, que vous n’êtes jamais assez, que c’est trop peu … que cet ordinaire n’a rien de particulier, alors dites-vous ceci (oui c’est un ordre) :

Votre petit quelque chose est dans ce petit je ne sais quoi de bienveillance, d’écoute, de façon de voir les choses, les gens, la vie, elle est dans votre capacité à vous relever, à avancer, à tenir debout. Votre particularité c’est votre ordinaire originalité, votre grain de folie, votre positivité, votre joie de vivre, votre caractère. Vos maladresses aussi, vos valeurs et votre grand cœur. Elle est dans votre ambition, vos passions dans tout ce qui vous définit et fait votre authenticité. Elle est dans votre sourire. A vous.

Cette expression libre, plus authentique et personnelle qu’à l’ordinaire, est une déclaration d’amour. Au Pays Basque, à mes poulettes basquaises et mes poulets basques. A tous les gens vrais, entiers. A ceux qui m’ont adoptée. A mon boulanger, mon fromager, mon épicier. A mon caviste. A ceux qui rient fort, sourient de TOUTES leurs dents. A ceux qui ne mesurent pas leur enthousiasme. A ceux qui resteront sur le chemin, même si cela doit être de plus loin.

A ceux qui font que j’aime les gens.

Mel.

© Source photos: 

Mel Lenormand

– Instagram : @destinationpaysbasque

Majo & Mathieu, les épiciers du printemps

Majo & Mathieu, les épiciers du printemps

Il est un endroit à Biarritz où la convivialité, l’authenticité et la simplicité sont reines et où il fait bon aller. Cet endroit ce sont les Halles, le marché … ce lieu de vie, de rencontres sociales, ce lieu populaire où nous nous rencontrons entre les carottes et l’ossau-iraty et où baguette à la main on finit par prendre un café en entamant le crouton parce que c’est trop bon ! Et puis … il est un endroit aux Halles où le soleil ne cesse jamais de rayonner :  » Vous prendrez bien votre dose quotidienne de sourire et de bonne humeur  » semble dire Majo au travers de ces yeux rieurs. Parce que, oui mesdames et messieurs, Majo sait sourire des yeux. Tout comme Mathieu ! 

Majo & Mathieu forment à eux deux Bloom. Ils sont épiciers et un peu magiciens aussi car, peu importe que vous ayez renversé votre café, croisé votre crush en pyjama le matin ou que votre to do list vous colle des insomnies, passer 5 minutes au comptoir de Bloom, face à cet étal aux multiples couleurs, revient à remplir son bocal intérieur de bien-être et de bonheur. Bloom c’est un gros câlin, une tranche grillée de pain beurré car Bloom ce n’est pas que des épiciers engagés qui font dans le bon produit local, Bloom EST l’épice. Ce petit truc en plus qui donne de la saveur et du goût à tout. Car Majo & Mathieu ont ce petit supplément d’âme. Ce battement de cœur en plus que l’on ressent rien qu’en passant et qui nous donne envie de rester et de papoter. 

Avant j’achetais des amandes pour me mettre un coup de fouet avant d’aller courir ou d’écrire. Désormais j’achète des amandes et j’ai déjà la pêche, du peps, de l’énergie et de l’inspiration aussi parce qu’autant de générosité ça ne peut que donner envie de croquer la vie à pleines dents. Si l’humanité est faite de gens comme Majo & Mathieu, alors j’en veux encore un peu, « Encore un peu », comme cette phrase que je leur dis un jour sur deux dès lors que l’on parle de gingembre confit, mon pêché mignon, sans sucre, parce que le sucre c’est eux, Majo & Mathieu. Le miel, le sel de la vie ce sont des gens comme eux. Des gens qui se souviennent de votre prénom, de celui de votre maman, qui n’oublient jamais de vous demander comment vous allez, avec intérêt … pas à la volée. Non vraiment, encore un peu de vous Majo & Mathieu ; encore un peu de Bloom en guise de bonjour, tous les jours. 

Et BLOOM, le soleil brille. 

Forme Libre

Majo & Mathieu:
Les épiciers qui font le printemps. 

« Si Bloom était un mot …

Ensemble : Bloom est déjà un mot ! Bloom en anglais c’est la floraison, c’est le printemps, la renaissance. C’est un nouveau mode de consommation. Bloom c’est faire fleurir chez les gens un sourire, un petit moment de bonheur, de partage autour d’un produit qui fait du bien et qui est bon. Bloom c’est plus qu’un mot, c’est un état d’esprit qu’on cache derrière l’étiquette. Sur le logo de Bloom, il y a du mimosa. Le mimosa a une forte symbolique pour nous, il représente le printemps, la renaissance. Il fait écho à notre mariage, le jour du printemps, et à l’esprit que l’on souhaite donner à Bloom. 

C’est aussi une fleur dont on récoltait tous les ans quelques tiges chez mon grand-père, et qui nous rapproche de lui.  

« Si Majo et Mathieu étaient un mot, ils seraient...

Majo : Persévérance. Je ne lâche jamais. Quand je veux quelque chose, j’y arrive. 

Mathieu : C’est si vrai ! Tu vois lorsque Majo travaillait aux Halles et qu’elle me disait  » Un jour nous aurons notre propre stand ici  » je lui répondais  » Rêve ma petite, Rêve ! Nous ne sommes pas d’ici, les places sont chères et la liste d’attente est déjà longue.  » et puis … elle a eu raison de rêver ! 

Majo : Il faut rêver et persévérer à vouloir réaliser ses rêves ! 

Mathieu : Moi, si j’étais un mot, je crois que je serais transformation. je grandis, j’évolue chaque jour, encore et encore mais toujours un peu plus pour me rapprocher de qui je suis vraiment. J’aime bien l’éclectisme. Le mot est drôle d’ailleurs. Je crois que je suis multiple : je peux être calme et sauvage, écouter du Chopin et du Joey Starr, être sérieux et un peu fou … Mais finalement comme tout le monde, je crois que chaque chose, chaque personne est plus complexe que les apparences. 

Majo : C’est drôle pour toi j’aurais dit l’honneur. 

Mathieu : C’est vrai. Là dessus il n’y a pas de dualité possible, je ne triche pas, je suis droit. C’est une valeur fondamentale pour moi. L’honneur est quelque chose qui me vient du rugby. C’est un sport que j’ai beaucoup pratiqué et qui ne laisse pas de place à la triche. C’est un sport de combat. Sur le terrain, on ne peut pas faire semblant. On y apprend de belles valeurs. je me sens chanceux d’avoir grandi dans ce milieu. Le rugby est une passion commune que je partage avec ma famille. Il fait partie de ma vie, bien que je ne joue plus aujourd’hui.

« Si Bloom était une plante …

Ensemble : Connais-tu la fable de la fougère et du Bambou ? Bloom serait un Bambou … On te raconte …. 

C’était un jour tout à fait ordinaire lorsqu’un homme a décidé de tout laisser tomber … Il  s’est avoué vaincu … a renoncé à son travail, à ses relations, à sa vie. Il est alors allé dans la forêt pour parler avec un ancien que l’on disait très sage.

– Pourrais-tu me donner une bonne raison de ne pas m’avouer vaincu ? Lui a-t-il demandé.

– Regarde autour de toi, répondit l’Ancien, vois-tu la fougère et le bambou ?

– Oui, répondit l’homme.

– Lorsque j’ai semé les graines de la fougère et du bambou, j’en ai bien pris soin. La fougère grandit rapidement. Son vert brillant recouvrait le sol. Mais rien ne sortit des graines de bambou. Cependant, je n’ai pas renoncé au bambou. La deuxième année, la fougère grandit et fut encore plus brillante et abondante, et de nouveau, rien ne poussa des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou. La troisième année, toujours rien ne sortit des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou. La quatrième année, de nouveau, rien ne sortit des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou. Lors de la cinquième année, une petite pousse de bambou sortit de la terre. En comparaison avec la fougère, elle avait l’air très petite et insignifiante. La sixième année, le bambou grandit jusqu’à plus de 20 mètres de haut. Il avait passé cinq ans à fortifier ses racines pour le soutenir. Ces racines l’ont rendu plus fort et lui ont donné ce dont il avait besoin pour survivre. Savais-tu que tout ce temps que tu as passé à lutter, tu étais en fait en train de faire pousser des racines ? dit l’ancien, et il continua…

– Le bambou a une fonction différente de la fougère, cependant, les deux sont nécessaires et font de cette forêt un lieu magnifique. Ne regrette jamais un seul jour de ta vie. Les bons jours te rendent heureux. Les mauvais jours te donnent de l’expérience. Les deux sont essentiels à la vie, lui dit l’ancien, et il continua… 

Le bonheur te rend doux. Les essais te rendent fort. Les peines te rendent humain. Les chutes te rendent humble. La réussite te rend brillant.

Si tu n’obtiens pas ce que tu désires, ne désespère pas… Qui sait, peut-être que tu es juste en train de fortifier tes racines.

Bloom serait un bambou.

« Si Majo et Matthieu étaient une plante, ils seraient…

Majo : Je serais de la Ruda ! C’est une plante magique qui est utilisée pour les rituels de protection et de désenvoutement. On la brûle pour éloigner les maléfices et les possibles présences invisibles. C’est aussi l’herbe magique de la bonne chance qui active l’énergie de la foi et de la transmutation. C’est l’un des meilleurs talisman pour attirer la chance. L’herbe Rue transmute les énergies négatives en positives dans les lieux ainsi que dans les personnes. Elle bénit, purifie, nettoie, désenvoute, consacre, protège. Voilà j’aimerais avoir le pouvoir d’éloigner le mauvais œil et le mauvais esprit ! 

Mathieu : Je vais prendre la coriandre ! J’ai un amour profond pour l’Amérique latine, en particulier pour le Pérou où je me sens à ma place. Dans une autre vie, j’ai dû être péruvien et tu sais, l’origine de la coriandre est incertaine. Elle pousse à l’état sauvage dans une vaste zone au Proche-Orient et dans le Sud de l’Europe mais a été introduite par les colons en Amérique latine il y a des siècles. Du coup, la coriandre a fait le même chemin que moi et l’Amérique latine a le goût de la coriandre pour moi ! D’ailleurs les marchés sentent la coriandre tu sais ! 

« Si Bloom était un aliment …

Ensemble : C’est une question difficile car Bloom est justement un peu de tous les ingrédients qu’il y a sur les étagères, dans les bocaux …

Bloom c’est la somme de tous les producteurs avec lesquels nous travaillons.

Chaque produit porte un nom chez nous, nous les connaissons tous !

Mais s’il fallait en choisir un … peut-être que ce serait le Miel, le miel de Mariane. 

Car le miel c’est le résultat d’un travail réalisé par la nature que la main de l’Homme vient simplement collecter. Le miel c’est la patience. C’est le printemps. C’est l’incarnation de la production naturelle et puis … c’est doux et sucré, c’est réconfortant. ça fait du bien, ça transforme n’importe quel recette salée ou sucrée en un bonbon, c’est gourmand et bon pour la santé. Oui, nous voulons que Bloom soit comme du miel pour nos clients. 

« Si Majo et Mathieu étaient un aliment, ils seraient…

Mathieu : Un ceviche ! 

Majo : Oh oui !!!! Un ceviche ! Mais moi je serai un ceviche de conchas negras* ! le Rêve !

(ndrl : Le ceviche est un plat emblématique d’Amérique latine et notamment du Pérou, à goûter absolument ! Il s’agit de poisson et/ou fruits de mer crus coupés en petits morceaux et marinés dans du jus de citron vert (leche de tigre), avec des piments. Celui de conchas negras (grosses palourdes noires) est particulièrement délicieux. Il est servi avec des oignons crus – doux au goût -, du maïs et des patates douces. A table ! )

 

« Si Bloom était un pays …

Majo : On ne peut pas être un pays. Je ne comprends pas ce que ça veut dire « un pays ». Je suis équatorienne, française d’adoption. J’ai la double nationalité et pourtant je ne me sens ni l’un, ni l’autre, ou plutôt, je me sens l’un et l’autre. Je me sens biarrote. J’adore le Pays Basque, c’est chez moi et je m’y sens bien mais peut-être que je me sentirais bien aux Philippines aussi … J’ai envie de dire que Bloom serait le pays où il est : le Pays Basque et aussi le reste du monde.

Mathieu : Oui le Pays Basque et le monde entier parce qu’on y accueille tout le monde. Peu importe d’où tu viens tu es chez Bloom chez toi.

Maria : Quant à moi … j’ai l’amour des gens, de la culture, de la cuisine, … Je serai donc l’humanité

Ce sont les gens qui te font revenir à un endroit, pas la terre.

Mathieu : Je serais le Pérou pour sa diversité en tout. Là-bas, il y a l’Océan Pacifique et la Cordillère des Andes et la jungle aussi. La cuisine est absolument incroyable, elle est réputée comme étant la plus riche du monde car elle est en fait un mélange de toutes les influences et cultures qui ont traversé l’histoire du pays. Comme tu y retrouves également tous les climats, tout y pousse ! Tu as donc les meilleurs produits du monde à portée de main. L’héritage inca fait des péruviens un peuple de très grands cultivateurs. Il y existe 300 variétés de maïs, 3000 variétés de pomme de terre. 

Majo : De toutes les couleurs ! 

Mathieu : C’est ça le Pérou ce sont toutes ces couleurs : ces  » C-E-S  » et ses « S-E-S ». lorsque tu manges un plat au Pérou, tu as dans ton assiette un héritage : celui laissé par les incas, par les espagnols conquistadors, par les esclaves noirs, par les chinois venus travailler dans les rizières, par les japonais, les italiens … Il y a tellement de lumières et d’humanité dans ce pays. D’ailleurs, les lumières, cette époque de l’histoire a fortement marqué le Pérou. On en parle peu mais ce pays est d’une richesse culturelle phénoménale. Lima, la capitale, est la capitale de la gastronomie sud américaine. 

« Si Bloom était une couleur …

Majo : Moi je serai le vert ! 

Mathieu : Moi le bleu ! 

Ensemble : Du coup, Bloom serait le mélange des deux : un bleu Canard.

« Si Bloom était un artiste, un personnage, quelqu’un …

Ensemble : Sans être prétentieux, Bloom serait notre combo, notre duo, notre équipe. Son équilibre est là : entre nous deux.   

« Si Majo et Mathieu étaient un ou une artiste, un personnage, quelqu’un …

Majo : Je crois que je serais Gabriel García Márquez, chacun de ses livres est un voyage. J’aime ses descriptions, sa vision du monde et les mots qu’il pose dessus. C’est joli. 

Mathieu : Je vais choisir Gastón Acurio même si la question est très difficile. Gastón Acurio est un cuisinier péruvien mais il est tellement plus que ça et fait tellement plus que de la cuisine. Il voit plus loin. Au travers de sa cuisine, Il porte un message. il transforme la cuisine en engagement. Il aide à être fier de sa terre en la mettant en valeur, en en parlant en créant des écoles de cuisine au Pérou. C’est quelque chose qui me parle : le rôle social de la cuisine et le fait que chacun d’entre nous peut faire sa part pour que les choses tournent un peu plus dans le bon sens. 

« Si Bloom était un animal …

Ensemble : Un phénix car Bloom est né sur les cendres de la société de consommation : au tout début de la pandémie Covid et a grandi pendant le confinement. Au printemps. Un printemps passé en dedans. Bloom amène le renouveau. C’est le printemps et un nouveau mode de consommation plein de saveurs et de couleurs. Et puis Bloom c’est aussi le projet de notre couple … qui a tout vu … aujourd’hui nous volons dans un ciel d’amour comme un splendide phénix mais notre amour a tout vu et vécu … nous avons brulé, commencé par le plus dur. Mais aujourd’hui Bloom et on brûle d’amour (ils rient … )

« Si Majo et Mathieu étaient un animal …

Mathieu : J’ai droit d’en choisir deux ? oui ? ! Top ! T’es sympa Forme Libre ! Je me rends compte en répondant à ces questions j’ai plein de personnalités !!!  Alors je dirais un aigle pour sa vision : il voit loin et clairement. Il voit où il va. Il le sait. Il suit son instinct avec détermination. Et puis … le cochon ! Le chochon truffié très exactement ! Parce qu’il est bien ancré dans la terre ! Ce sont mes origines, mes grands-parents sont du Périgord et ont des chênes truffiers dans leur jardin. 

Majo : Le lion. Une lionne parfois mais sinon le lion. 

« Si Bloom était un Objet …

Ensemble : Une cheminée : un endroit où tu viens chercher de la chaleur, un sourire … quelque chose avec une flamme, comme la passion, quelque chose de réconfortant, qui réchauffe l’âme. Un poêle à bois, une cheminée … 

« Si Majo et Mathieu étaient un objet …

Mathieu : Une boussole.

Majo : Une campaña. 

Mathieu : Une cloche ?! Tu sais que en français cela peut être perçu comme une insulte.

Majo : Oui et je ne comprends pas pourquoi. Une cloche ça protège, ça rassure, ça conserve, ça maintient la couleur, la chaleur, ça préserve le cœur. Et puis c’est joli, on voit à travers : c’est protecteur sans étouffer, ça laisse passer la lumière. c’est transparent, ça ne triche pas : on voit dedans. J’aime bien les cloches. Je ne vois pas pourquoi on les insulte !

« Si Bloom était une pièce de la maison …

Ensemble : La cuisine ! 

Et si vous deviez passer 24h avec quelqu’un ?

 

Majo : ma maman. J’allais choisir Michelle Obama mais je crois que je choisirais ma maman.

Mathieu : Barack Obama. C’est pas mal. Je crois que chaque seconde de ces 24 heures seraient intéressantes et puis comme ça Majo pourrait papoter avec Michelle pendant ce temps là ! 

Pour clôturer ce portrait

Forme Libre prend la liberté de s’interroger…

Si BLOOM était unE CITATION…

« LE bonheur est la seule chose
qui se double
si on le partage. »

Albert Schweitzer

 » Le Monde existe à travers nos sens avant d’exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l’existence cette faculté créatrice de sens : voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du « goût » pour tout, pour les autres, pour la vie. « 

Le sel de la vie. Françoise Héritier.

Retrouvez l’intégralité du portrait de Bloom sur instagram :

@bloom.biarritz

Et pour les étagères digitales c’est par là :

Bloom

 

 

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Crédit Photos : Majo & Mathieu. 

 Instagram & Pinterest

Nils Tavernier – Ils & Elles ont toutes une Histoire

Nils Tavernier – Ils & Elles ont toutes une Histoire

Forme Libre tu veux faire quoi quand tu seras grand ?
– Nils Tavernier

Pour faire plus dans la camisole humaine que dans la contention chimique.

Car c’est précisément ce que Nils fait : En montrant ce que l’humain fait de mieux, il réveille en nous ce petit truc d’humanité qui semble en voie de disparition dans l’actualité.

Et ça fait du bien, non ?

On redécouvre alors que la tendresse consiste à tenter de conjuguer, un temps soit peu et dès qu’on le peut, les petits riens et gestes du quotidien au pluriel plutôt qu’au premier sujet du singulier.

Au travers de la lucarne du petit écran on ouvre le cœur en grand et on redécouvre que la gentillesse est une qualité ; non une faiblesse et que s’ouvrir aux autres revient à se nourrir soi, entre autres.

« Je me sentais inutile. Ce sentiment d’inutilité m’a buté, je me sentais nul, vraiment nul.
Il fallait que je me mette « au service de ». Par là j’entends au service de quelque chose de plus grand que moi, que toi, que nous. Je n’avais pas de compétences particulières si ce n’est savoir faire de l’image et échanger et faire parler. Donc j’ai décidé de montrer ceux qui ont des compétences ou des idées géniales ou qui font des choses absolument extraordinaires. Je me suis dis que je ne pouvais pas faire plus avec ce que j’étais et c’est ainsi que je me suis épanoui. C’est en cherchant le positif en tout qu’on amène le positif partout ; l’optimisme ne peut se nourrir que de ça. C’est ça l’humanité en fait.

 

C’est absolument flippant de voir les liens se déconstruire en ce moment :
Les gens sont privés de câlins dans tous les sens du terme. Ils sont en manque.

On a privé les gens de douceur et on alimente la haine et la peur.

On alimente la peur de l’autre. Si on ne fait pas gaffe, ça va être un monde pourri.

Tu vois c’est pour faire gaffe que j’ai aussi beaucoup beaucoup dénoncé dans ce que j’ai fait.

D’ailleurs si je regarde avec un peu de recul l’ensemble de mes films, je dirai que le point commun de mon travail c’est l’exclusion. On vit dans un monde de fous, si on ne le dit pas, on l’accepte.
C’est impossible pour moi… et ça … même si je suis comme un petit enfant en face d’une montagne. »

Nils Tavernier

Dénoncer c’est donc ne pas renoncer, ne pas se résigner au c’est-comme-ça-ambiant et finalement être le changement … celui que l’on veut voir dans le monde, celui dont parle tout le monde en ce moment.

Dans cet article, chers lecteurs, nous allons faire preuve d'(h)ardeur dans le sens où les sujets abordés seront loin d’être légers. Nous allons parler Droit à l’éducation, accès à la formation, mais aussi de pelvis, d’excision, de mutilation, de Droit à disposer de son corps, de handicap, de dépressions, de décompensations et d’efforts aussi. Ca ne va pas faire un pli et d’avance, nous ne nous excusons pas si vous trouvez le ton plus affirmatif et combatif qu’à l’accoutumée parce qu’il est des sujets pour lesquels nous pourrions monter sur la table le poing bien haut levé !

Les histoires que Nils racontent sont singulières mais les victoires qu’elles nous portent à voir sont universelles.

Chaque combat gagné par cet enfant triathlète handicapé, par Hawaou, cette combattante qui sauve des petites filles, par Min dont le futur est désormais plein de promesses, par Joséphine la fragile qui a retrouvé le sourire, par Antonia qui continue à offrir son énergie et sa force autour d’elle, par la magnifique Mulu Muleta qui permet le petit miracle de la vie ou encore par les habitants du village de Trinlé-Diapleu en Côte d’Ivoire qui acceptent la différence au point de la couvrir de farine à la fin sont autant de messages d’espoir que Demain arrivera un beau matin.

Tous ces noms, qui ne vous disent sûrement rien, sont le prénom de héros du quotidien quelque part dans le monde. Ici et Là. On ne les connait pas… et pourtant … ils sont le changement et tout ce qu’ils font relève de l’exploit. Ils sont ce Yes we can, Oui je le peux si je le veux qui nous a mis les larmes aux yeux.

Le travail de Nils Tavernier n’est plus à présenter et parce que chacun de ses films, chacun de ses documentaires pourrait en lui-même faire l’objet d’une thèse, nous avons dû, ici, sélectionner mais croyez bien que chacune des leçons reçues par Nils Tavernier, chacun des mots qu’il a pu prononcer, chacune des images qu’il a pu tourner se sont imprégnés en nous comme autant de graines à germer pour ne jamais, jamais renoncer à parler, à dire et écrire.

« Parlons de « Elles ont toute une histoire » : toutes ces femmes que j’ai rencontrées portent en elles l’espoir d’un monde meilleur, un monde où l’égalité entre les êtres humains pourrait favoriser la prospérité de tous.« 

Nils Tavernier

Toujours est-il que parmi tous les sujets traités, il en est un particulier dont nous voulions parler.

Le Droit à l’avortement, à l’Education, l’accès au soin et à un travail décent, l’égalité femme-homme (NDRL : on met femme avant parce que le F vient avant le H dans l’alphabet, ceci fait l’ironie) demeure un immense chantier.

Du Cambodge au Sénégal en passant par l’Ethiopie, le Cameroun et le Nicaragua, Nils a rencontré 5 héroïnes qui ont pris leur destin en main et qui, dans leur propre culture avec leurs propres moyens, se dressent contre l’injustice et la violence dont elles sont victimes. Elles se battent pour elles, pour leurs proches pour les petites filles d’aujourd’hui et de demain.
 

Leurs histoires sont singulières mais leurs victoires universelles


Et parce que cela compte nous avons décidé d’écrire ici à leur sujet histoire d’informer et de véhiculer leurs messages au-delà de l’image. Une expression libre intégrée à un article sur ce qu’il fait ? Avec Nils Tavernier, nous bousculons les règles et les codes et on s’en fout, la forme est libre après tout et puis l’essentiel n’est pas la forme là, pour le coup.

Le combat pour le droit des femmes se joue sur de multiples fronts. En parcourant le monde Nils a rencontré des femmes de tous les âges et de tous les milieux. Il a observé le rôle qu’elles tiennent dans leur famille et dans la société.

« Je crois que le degré d’évolution d’une société se juge à la place qu’elle accorde au droit des Femmes. En Afrique, en Amérique latine, en Asie leurs Droits fondamentaux sont loin d’être acquis et l’égalité femmes-hommes est un rêve. »

Nils Tavernier

Le Cameroun n’est pas le plus mauvais exemple mais à la briqueterie, un quartier de la Capitale Yaoundé, 1 petite fille sur 3 ne va pas à l’école. La tradition, les situations précaires, les mariages forcés sont autant de raisons qui détournent les petites filles du chemin vers l’Education. C’est ce contre quoi lutte chaque jour Hawaou Adamou, analphabète jusque 35 ans, aujourd’hui Présidente de l’Association Haoussa pour le Développement. Son histoire personnelle est difficile : Cette femme mariée (de force – s’il est utile de le préciser) à l’âge de 16 ans, a aujourd’hui 4 enfants mais a vécu 6 accouchements sur un total de 12 grossesses à l’âge de 30 ans. Des chiffres qui s’étalent dans son discours comme des réalités normales…
Au décès de son mari, cette femme, devenue une charge, est chassée par la famille. Après 19 ans de vie commune, elle a emballé sa vie, dit-elle. Il semblerait surtout qu’elle ait embrassé son destin car à ce moment précis Hawaou a réalisé que si elle était allée à l’école elle aurait eu un métier. A 41 ans, elle obtient alors son certificat d’étude primaire. Aujourd’hui ses 4 enfants vont à l’école mais surtout … Hawaou œuvre chaque jour à la scolarité des petites filles dans le quartier notamment sur le terrain de sport où, en rencontrant les papas, elle n’a de cesse de répéter son plaidoyer en faveur de l’égalité :

« Quand on est autonome on peut s’occuper de sa petite fille pendant que les papas s’occupent des petits garçons. On peut aider le foyer et donc on peut donner son point de vue. Je ne savais pas avant ce qu’était mon plus grand rêve. Tant qu’on n’est pas instruit, on ne peut pas avoir un rêve. »

Hawaou Adamou

L’Education : la condition essentielle pour rêver sa vie.

C’est cette promesse d’un avenir que l’on ose enfin imaginer sans tristesse que l’on retrouve dans l’histoire de Min au Cambodge. Dans ce pays, marqué par des années et des années de guerres, un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté c’est-à-dire avec moins de 1$ par jour. Cette situation dramatique porte les familles à faire des choix et c’est ainsi que, souvent, ce sont les garçons qui vont à l’école tandis que ce sont les filles qui se collent à la tâche du ménage et du travail, notamment dans les usines de textile.
Mais c’est également dans ce pays que les bénévoles de l’Association Friends travaillent quotidiennement au bien-être des filles. En allant à la rencontre des familles, leur objectif est de trouver des solutions pratiques et pragmatiques afin de permettre aux jeunes filles de suivre des formations professionnalisantes – comme on dit chez nous. Ce faisant, ces femmes deviennent indépendantes ce qui est déjà une victoire en soi mais ce qui participe à une réussite concernant un autre débat.

Dans le monde, une femme sur trois est victime de violences (Cher lecteur, cela signifie que ce serait soit ta grand-mère, ta mère ou ta sœur). Dans certains pays, du fait de l’obscurantisme, des religions lorsqu’elles se transforment en extrémisme ou encore de la tradition, la situation s’aggrave.
Tel est le cas au Cambodge et Min en a malheureusement était une victime : son père était violent avec elle, ses sœurs et sa maman. L’association Friends constate alors :

« Le fait que les filles travaillent contribue à réduire la violence des garçons : si une femme travaille, elle contribue à améliorer le niveau de vie de la famille, l’homme est donc moins responsable et moins agressif. En plus, lorsque les garçons sont éduqués, ils ne reprochent pas aux femmes de rester à la maison, ils comprennent, et ils ne sont plus violents physiquement ou mentalement »

De la réduction des violences par l’éducation…

Tiens donc ! Savoir serait donc pouvoir travailler mais aussi réfléchir par soi, pour soi, comprendre son environnement, ses tenants et ses aboutissants et ainsi s’y adapter en faisant ses propres choix ?

C’est ce que nous dit la petite Vanessa :

« C’est important pour moi d’aller à l’école pour ne pas souffrir, parce que le monde devient plus dur, il y a des gens qui n’ont même pas à manger. L’école peut permettre à la fille de travailler, avoir ce qu’elle veut dans sa vie. Parce que si une jeune fille ne travaille pas, elle va être mise en mariage et ce n’est pas bien ça. La jeune filles doit pouvoir faire ce qu’elle veut de sa vie, devenir ce qu’elle veut. »

Faire ses choix, disposer de sa vie … et de son corps aussi.

Dans de nombreux pays, le droit de disposer librement de son corps n’est pas acquis. L’autodétermination des femmes est un défi dans de nombreux pays. Le droit à l’avortement, notamment, est limité et menacé dans de nombreux états mais dans certains il est encore illégal. Le Sénégal, par exemple, demeure parmi la cinquantaine de pays qui le considère comme un crime. Le débat pour légaliser l’avortement, tout du moins thérapeutique, est enfin ouvert, mais la controverse est vive.

Joséphine avait 15 ans quand sa vie a basculé… C’est ce qu’elle a la générosité de nous confier dans la Liberté en prime en même temps qu’elle nous parle de son amour pour l’escrime, ce sport qui a tout changé.

Joséphine était en prison parce que suspectée « d’infanticide » … elle était en colère ! 

« J’étais très en colère, je restais dans mon coin, je ne parlais à personne, j’étais pas ouverte »

jusqu’à ce qu’elle baisse la garde en se mettant en garde. Au Sénégal, il est un programme qui intègre la pratique de l’escrime dans les prisons pour mineurs. Ceci peut sembler surprenant de faire entrer une arme dans un univers carcéral mais c’est sans compter sur la détermination d’une femme qui a décidé de faire baisser le taux de récidive en ramenant au cœur de la vie de ces ‘gamins’ le respect de son prochain :

« Lorsque tu pratiques l’escrime tu es vêtu de blanc et tu es dissimulé derrière un masque. Personne ne peut savoir si tu es un garçon ou une fille et les deux escrimeurs sont soumis aux mêmes règles. Il y a donc une égalité de statut, de force, il y a une remise à niveau. Tout le monde est sur un même pied d’égalité. Ainsi nait le respect de l’adversaire comme un alter ego. Il y a une réinvention d’une relation qui a été détruite dans l’œuf. »

Et le programme porte ses fruits : Le taux de récidive des mineurs passés par le programme est de 0.

« Le garçon et la fille acceptent que la défaite existe mais qu’elle n’est pas un échec personnel. C’est la vie. Ils apprennent donc que l’on doit pouvoir se reconstituer, continuer, passer à autre chose. Ils sortent de là avec une énergie irrésistible et une impérieuse envie de vivre. »

C’est ce qui est arrivé à Joséphine :

 » Je joue avec tous les garçons même les grands et je n’ai pas peur. J’ai gagné des coupes et des médailles et c’était bien. Mon rêve c’est d’être championne d’Afrique »

Aujourd’hui Joséphine travaille à l’enseignement de l’escrime dans les prisons et dans les quartiers aussi. Elle a fait de la transmission de l’art de s’engager sans violence son métier en prouvant comme elle le dit que

 » Nous aussi les femmes on peut s’en sortir et être quelqu’un dans la vie »

C’est également cette révolution de message qu’Antonia communique au Nicaragua. Dans un pays où le machisme fait loi, elle a crée une association dans laquelle les femmes construisent des maisons : la leur. Cela peut nous paraître un détail, mais pour elles cela représente beaucoup : il s’agit de leur réussite, de leur autonomie et de leur liberté. Un rêve d’indépendance devenu réalité.

Comme quoi, tous les miracles sont possibles quand on a la foi …

En parlant de miracle, s’il en est un depuis la nuit des temps c’est la naissance d’un enfant.
Toutefois, là encore il convient de signaler que toutes les femmes n’ont pas les mêmes chances face à cette expérience :

Une femme africaine est 25 fois plus en risque de mourir au cours de l’accouchement qu’une européenne.

L’Ethiopie, notamment, est le pays où la santé maternelle est la plus préoccupante : Le taux de mortalité maternelle y est l’un des plus élevé au monde. C’est ce que nous raconte Mulu Muleta qui est une des premières gynécologues de son état.

Au-delà de sa réussite personnelle qui insuffle un espoir à de nombreuses petites Ethiopiennes, Mulu Muleta œuvre chaque jour au souffle de vie. En Ethiopie, du fait du manque de moyens, de la difficulté d’accéder aux maternités, des distances à parcourir, du poids de la tradition et du manque d’informations quant aux avantages de mettre un enfant au monde accompagnés par des professionnels ; la moitié des nouveau-nés ne reçoivent pas les premiers soins nécessaires à leur survie. Celle-ci ne tient donc qu’à un fil.

Sans parler également du taux de mortalité chez les mamans.

« Le mariage forcé est un problème, les filles sont données au mariage avant qu’elles ne soient développées en particulier au niveau du bassin. »
nous explique Mulu Muleta. 

C’est ce qui explique les complications qui surviennent à l’accouchement :

Le pelvis de ces jeunes filles étant trop étroit, elles ne peuvent accoucher normalement car cela pourrait entraîner une rupture des ligaments de l’utérus, une hémorragie et causer leur décès.

« De plus, l’excision est encore très pratiquée, les mutilations compliquent également les accouchements ».

Dans la séquence tournée par Nils Tavernier, le miracle de la naissance se produit … et j’ai rarement été aussi heureuse d’entendre un enfant pleurer.

Et là, au milieu de tout ça la VIE.

Je le reconnais, j’ai pleuré, moi aussi.

Pour plusieurs raisons :

Parce que sur les images nous découvrons une salle d’accouchement, un environnement que certains qualifieraient d’inadapté à la naissance d’un bébé, des conditions que certains jugeraient déplorables… se concentrant sur un premier ciseau qui ne fonctionne pas au moment de couper le cordon… en oubliant que là-bas, l’existence de cette salle d’opération est déjà, en soi, une révolution. Cela appelle à l’humilité et la perspective. La perspective étant, pour rappel, ni plus ni moins qu’un trait que l’on trace de point à point créant un lien.

C’est ce lien qui m’émeut. Parce que ici ou là-bas. De Paris à Addis-Abeba, en passant par Yaoundé, ou la Paz au Nicaragua, les joies d’une naissance, le rire, le sourire… le sentiment éprouvé et ressenti lorsque l’on regarde ses parents, ses amis, ses enfants et son amoureux aussi est … Universel.

Dans ces images de Nils, faites de couleurs vivantes et criantes, c’est ce qui me touche et fait mouche. Dans toutes ces histoires illustrées il n’y a pas de saturation, de (dé)coloration, il n’y a qu’une singulière envie d’être en vie. Une énergie à mettre la vie en couleur.

Et si c’était ça le secret du bonheur ?

Mais au-delà de cette optimisme engendré par le miracle de la naissance, il nous faut faire preuve de réalisme : Bien que ces femmes montrent la voie vers un monde meilleur, la route est encore longue.

« L’égalité des sexes est une responsabilité de chacun d’entre nous et cela ne sera possible que grâce à la solidarité des femmes et des hommes, Ensemble »

Nils Tavernier

Il nous faut donc œuvrer, avancer main dans la main avec douceur et tendresse, en chantant et dansant avec la même délicatesse, grâce et détermination que des danseurs étoiles sur le chemin vers les étoiles.

Un peu plus près des étoiles à l’abri des colères et du vent, un peine un peu plus libre qu’avant.

Et à Nils de nous glisser deux ou trois tips sur les coulisses de cette avancée, qui ne pourra se faire sans discipline, en nous montrant les coulisses de l’Opéra. De l’art de la cohérence …

Car tout le travail de Nils est là : nous permettre d’être plus proches des étoiles, de rencontrer ceux qui, sans être nés sous une bonne étoile, ont décidé de se faire leur place au soleil et qui transmettent leurs rayons, leur énergie et leur force. Leur détermination.

Nils a l’humilité des hommes de coeur qui ont le sentiment que ce qu’ils font n’est et ne sera jamais assez. Ce sentiment d’impuissance face à tous les combats à mener. Mais en conclusion de ce tout petit papier nous tenions à lui dire que les histoires qu’il nous a racontées et montrées nous ont réveillés et qu’en remettant l’humanité au milieu du village, c’est une armée de bonne volonté qui nait.

Merci Nils t’es NECESSAIRE !

«Je continuerai à encourager les gens sympas qui parlent de gens sympas qui font des choses sympas. J’en ai marre de voir des fouilles merdes remuer la merde et alimenter la peur et la haine»

Nils Tavernier

AMEN

Toute la filmographie de Nils Tavernier sur : 

http://www.nilstavernier.com/

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 Crédit image: 

  • Nils Tavernier 
  • Ondine Saglio

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