Antoine Vignac & l’Artnoa : Un homme, un Vin, une Histoire.

Antoine Vignac & l’Artnoa : Un homme, un Vin, une Histoire.

Arnoa signifie « vin » en basque. On pourrait juste raconter que si Antoine a ajouté un T c’est parce qu’il avait déjà imaginé exposer les copains dans son bar à vin, mettre en valeur les gens, les choses et les causes qui lui tiennent à cœur ; parce que, dans un bar, le principe c’est le partage et qu’on parle et qu’on cause. Mais en racontant ça, simplement, on ne dirait pas tout, on manquerait l’essentiel, parce qu’à l’Artnoa on partage, on échange mais avec engagement, passionnément.

Le projet d’Antoine à 25 ans c’était ça déjà. Depuis, tout n’est qu’histoire de suite dans les idées, de poursuite d’un rêve, d’un but, d’être cap’ tout en gardant le cap. C’est ce qui arrive souvent avec les gens bien ancrés, solides sur leurs fondations et leurs valeurs : ils savent d’où ils viennent et où ils vont.

Mon grand-père était un fou de vin. Pour l’anecdote et l’histoire, à l’occasion de chaque baptême dans la famille il offrait à l’enfant une cave à vin de son année de naissance. Résultat : j’ai humé mes premiers vins à l’âge de 4 ans. Des vins du bordelais… Grâce à cette transmission en héritage, j’ai compris très vite que je voulais être dans le vin. Et j’ai suivi la route. 

Antoine Vignac

Après un bac pro et un BTS à l’Institut Rural où il a tout appris : de la vigne à la dégustation en passant par la fermentation ; fignoler sa culture de la viticulture, affiner son esprit au spiritueux et à l’œnologie, Antoine « monte à Paris » comme on dit ici. Il prend de l’expérience à la Revue des vins de France mais … Paris ce n’est clairement pas pour lui et puis …

J’avais envie d’entreprendre, de faire les choses à ma manière, de créer un truc qui me ressemble, raconter les histoires que je voulais… j’avais envie d’un concept dépoussiéré sans tablier et cire sur les bouteilles mais sans cloches et cymbales non plus. 

Antoine Vignac

Ouvrir un lieu qui lui ressemble, tout un programme ! Antoine est un curieux, de ceux qui s’intéressent à tout : au vin, certes, mais pas que ; le surf aussi, l’Art, la photographie et pour lui tout est lié. D’une part parce que c’est l’apéro qu’il préfère et parce qu’à son sens il y a un lien entre l’Art et le vin… Ne dit-on pas « l’Art de recevoir » après tout ?

L’Artnoa ne sera donc pas une « simple » cave ou « juste » un bar à vin, ce sera une Maison des vins … où il fera bon venir entre copains refaire le monde, se raconter nos vies et partager nos histoires en observant du Thomas Lodin, César Ancelle Hansen et d’autres artistes du coin … L’occasion de boire du Macon en parlant Bacon !

Un homme, Un vin, Une histoire.

L’Homme c’est le vigneron,

le Vin c’est le produit qui sort de ses mains, son savoir-faire

l’histoire… c’est à moi de la raconter, de la partager.

Antoine Vignac

Tout s’est fait très vite : je trouve le local, on fait les travaux et ensuite je vais voir les banques. Dans cet ordre là, c’est pour te dire à quel point j’avais hâte et … à quel point c’était le bordel. Mais je savais ce que je voulais : On a ouvert le 5 juillet 2007, 3 jours après mes 25 ans. 

Antoine Vignac

Et Antoine devint un raconteur d’histoires de pinard… et cela fait 14 ans que ça dure la belle aventure !

Certains vous diront que pour savoir si une personne est un « vrai » biarrot ou non, il faut lui dire « Aupa BO » et voir s’il s’enjaille solo sur un chant partisan ; mais le vrai bon conseil (moins gênant que le précédent) c’est de lui demander de vous raconter son meilleur souvenir à l’Artnoa. Pourquoi ? Parce que tout à chacun en a un. Toute à chacune à une anecdote, une vanne, une histoire avec ce bar …

 » – Ce bar ? Mais Rue du Helder il s’agissait d’une cave !  » Oui l’Ami ! Juste ! Mais depuis la Rue du Helder, l’Artnoa a pris le chemin des airs : en haut de la Rue Gambetta !

«Rapidement le local a montré ses limites… ça marchait ! C’était fou mais ça marchait. Fin 2009 je déjeune au Bistrot du Haou et je vois cette vitrine repeinte en blanc, à l’abandon. Je regarde, je cherche, je voulais ce local. C’était un ancien Antiquaire. On a tout pété pour tout recréer de toute pièce avec Pinpin, mon associé ! On ne voulait pas que du bois ou un zinc classique façon bistrot. On voulait amener du minéral comme les vins qu’on aime, de la matière, de la profondeur pour que les vins s’exposent et que les papilles explosent ! On voulait du bon dans du beau mais sans prétention comme à la maison ! »

Antoine Vignac

… Et ke sapelerio L’Artnoa : Maison des vins, née en 2010. Et comme toute maison qui vit, elle ne s’est pas arrêtée là : depuis 2012 l’Artnoa distribue en restauration, en 2015 elle a même pris ses quartiers aux Halles des 5 cantons, en 2016 il y a eu l’extension et puis en 2018 Antoine a revendu le corner des Halles des 5 cantons à ses collaborateurs et acolytes de toujours qui voulaient voler de leurs propres ailes : c’est devenu Upela et là encore l’histoire est belle…

Aujourd’hui l’Artnoa ce n’est pas moins de 800 références de vin pour environ 300 vignerons et lorsque l’on parle de sélection distribution pour la restauration le cap des 1000 références de biberons est atteint ! 

Parce que l’Artnoa c’est l’histoire d’un gars mais pas que…

c’est aussi l’histoire d’une équipe qui s’observe comme une famille, des pensionnaires, des habitués qui au-delà de partager des verres ont créé souvent de sincères amitiés.

ce que ne manquent pas de remarquer les gens de passage, surtout l’été :

« c’est un joyeux bordel dans ce troquet »

Chez Forme Libre on a demandé ici et là des histoires de comptoir et vous nous les avez partagées … Elles parlent de planche (et on ne parle pas que de charcuteries ici), de localité, de saisonnalité … de photographies, d’étiquettes, les noms des vins se listent en pêle-mêle mais surtout les « tu te souviens de la fois où…« 

Nous sommes passés pour « juste un verre » et qu’on a finalement papoté avec la table d’à côté pour finir en pique-nique avec eux à Guéthary le lendemain ?

Xav

Mel nous a raconté comment sauver des lapins lors d’un incendie dans une forêt.

Morgane

Pinpin nous a fait goûté la charcuterie tout juste arrivée.

Sophie

L’artnoa c’est la rencontre du vin et de l’art. Mais en fait, on devrait toujours observer une peinture, une sculpture, une photo en prenant l’apéro, en ayant tous les sens en éveil et en trinquant.

César (dont Antoine dit que les murs sont à lui)

Ce n’est même pas que UN souvenir c’est une habitude, une routine, tu vas acheter une petite bouteille et que ce soit Antoine, Marie ou Damien ils te racontent toujours un truc sympa au sujet du vin, ils se souviennent de ce que tu as déjà bu, de ce que tu aimes ; au final tu n’as pas juste passé un moment lambda à faire une course au passage, tu as appris, échangé, passé un bon moment … tu as pris le temps parce qu’ils le prennent. C’est ça l’Artnoa pour nous »
.

Anne-Isabelle & Bruno

C’est vrai ça … comment parler de l’Artnoa sans parler de l’équipe ? Marie, Eloïse, Amaïa, Jenny, Damien, Pinpin, Renaud. Ces joyeux lurons spécialistes de l’attention qui avec passion et engagement prennent le temps de vous accorder un moment et de vous interroger sur les raisons qui motiveront le choix du flacon. Comment parler de l’Artnoa sans dire que c’est grâce à elles et eux que les moments passés là ont un goût de « on reviendra ! » & Sans leur demander de nous partager, eux aussi, leurs meilleurs souvenirs ?

 

Mon dieu, des souvenirs, il y en a tellement… une nuit magique de beaux flacons partagés avec Marie Lapierre et le matelas de manteau pour les enfants, le plafond nouvellement rénové repeint au champagne au Nouvel-An, Antoine demandant l’origine de l’accent Sud-Américain d’une cliente sourde, une soirée à écouter les anecdotes incroyables des grosses vagues de Stéphane Iralour, la veille de la finale de la Coupe du Monde et les bouteilles mémorables de Thomas Raynal, les larmes de décembre 2018, impossible de choisir …

Damien - Sommelier.

L’artnoa c’est un nouveau souvenir tous les jours. C’est la chance de faire des dégustations incroyables, de partager avec une clientèle éclectique et tellement sympathique. Je garde quand même un souvenir particulier du jour où j’ai rencontré Olivier Roellinger, pour une bretonne comme moi, cela ne pouvait que avoir une connotation incroyable. Et puis… j’ai rencontré un Beau-Gosse photographe aussi ! 

Marie - Sommelière.

Tellement de choses… c’est en venant à l’Artnoa que j’ai compris que mon point d’ancrage était à Biarritz. J’y ai rencontré mon amour, ma meilleure amie et bien, plus que des amis, une famille. 

Des tranches de vie, tellement de rires, quelques pleurs. Un lieu plus que spécial à mes yeux et mon coeur.  

Jenny - Community Manager

Et toi Forme Libre c’est quoi ton meilleur souvenir à l’Artnoa ?

Il y en a déjà beaucoup … parce qu’on en a bu des coups … mais pour le coup, l’Artnoa a une place toute particulière dans l’histoire de Forme Libre … Ni Antoine ni aucun membre de l’équipe ne le savent d’ailleurs, mais le tout premier article de Forme Libre a été écrit lors d’une cuite au rosé dans les lacets (le résultat ici : https://forme-libre.com/f-o-r-m-i-d-a-b-l-e-s/). Vous nous direz qu’on ne manque pas d’air de partager un souvenir alcoolisé … mais là est la vérité.

Et pour compléter l’histoire, c’est même ce fameux soir que j’ai décidé de venir passer le reste de ma vie ici, sur un coucher de soleil. C’est le soir où j’ai rencontré Marie, le soir où je lui ai dit que j’avais décidé de m’enjailler solo, seule face à l’eau pour écrire des mots et qu’elle m’a vendu une bouteille de Love. Je l’ai tout de suite aimée, elle et son sourire comme un soleil qui ne se couche jamais. Depuis, c’est une belle amitié et d’autres rencontres comme autant de trésors accumulés. D’autres souvenirs aussi, comme lorsque l’on a joué au portrait japonais lors d’une nuit de printemps qui sentait bon l’été, en buvant un verre puis un autre mais qui était toujours le dernier !

Mel - Forme Libre

Et si l’Artnoa était une chanson ?

Sans hésiter :   » Les copains d’abord « 

Mettez le son :

Tous ces souvenirs en réclament d’autres, encore et encore. Alors on a demandé à Antoine ce qu’on pouvait lui souhaiter,

Nous vous laisserons donc sur ses mots en trinquant

« A la tienne Antoine et Aupa l’Artnoa »

La notion d’entreprendre est antinomique avec le contentement … j’ai encore envie … mais je suis content. J’ai la vie que je voulais. Les gens prennent du plaisir chez nous, ils ont le sourire en arrivant et ils sourient encore plus fort en partant.

J’adore le fait que les gens viennent et reviennent parce qu’ils comprennent le message que l’on veut leur transmettre. Nous partageons notre passion !

Bien sur j’ai envie de plus : j’aimerais faire du chaud en cuisine, découvrir encore et encore et puis … avoir ma propre vigne en Irouleguy, après avoir créé notre cuvée Artnoa, c’est le rêve ultime … mais j’ai conscience du labeur que cela représente ! Mon métier c’est de continuer à raconter ça : le travail de la main qui crée le vin. Le vin était un condiment, c’était l’apéro du maçon ; en 20 ans il est devenu un alcool de luxe, un symbole de l’ivresse à la française, d’un art de vivre entre terroir et chic, d’une ivresse agréable élégante et enivrante.

Aujourd’hui j’aime bien quand tu me dis que je suis un raconteur d’histoires de pinard. Il y a un truc là dedans de Wine Social Club du terroir !

Antoine Vignac

Pour suivre les histoires de l’Artnoa, abonnez vous à leur compte instagram orchestré par les doigts de la fée Jenny : https://www.instagram.com/lartnoa/

 

En ce moment à l’Artnoa, L’exposition Tamaris de Franck Cazenave et César Ancelle Hansen – L’occasion de partager les mots de Franck sur le mariage entre l’Art et le Vin à l’Artnoa. 

 

« L’ARTNOA… » Accueillir le T dans le mot basque qui dit Vin et dire Art. Douce tentative, brûlante tentation comme un tableau, ou le tirage d’une photographie pour évoquer la passion du fruit de la vigne, l’amour pour ce Pays, et pour les grandes Oeuvres.
Inviter l’Art dans une maison de raisins, c’est inviter le vin à servir sa propre fable, après les vignes rouges de Van Gogh, et autres étiquettes Mouton Rothschild des Picasso, Bacon, ou Tapies… A poursuivre le dialogue.
Recevoir l’art pour célébrer le(s) Vin(s), c’est une invitation faite par la MAISON DES VINS L’ARTNOA à de jeunes artistes contemporains, c’est le cadeau qu’elle vous offre, dans le partage de ses choix éclectiques, comme dans la pluralité des vins qu’elle vous propose.

L’Artnoa,
Cave et Bar à vin au cœur de Biarritz
56 Rue Gambetta 64200 Biarritz
Du mardi au samedi 10-13h 16-23h 

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Crédits Photos :

© Thomas Lodin 

Un immense Merci à Thomas Lodin pour ces sublimes images offertes de surf et d’Antoine qui viennent illustrer cet article. Le talent de Thomas se retrouve ici : thomaslodin.com et sur instagram @thomaslodin

© Antoine Vignac & L’artnoa. Merci à Jenny Baricault pour son choix d’images.  

 

L’art de recevoir

L’art de recevoir

Et c’est reparti pour la bamboche.

C’est reparti pour les cinoches.

C’est reparti pour la culture, le théâtre et les musées ; les réceptions, les expositions et les invitations !

Les rideaux sont levés, les portes sont ouvertes, c’est la fête ! Présentement, je suis assise en terrasse, j’ai commandé un cappuccino au Café du commerce et on me l’a servi dans une tasse. C’te classe.

J’ai fait ma photo d’instagrammeuse un brin pétasse comme diraient les rageux (quoi on dit des haters ?) La vérité : je suis à deux doigts de pleurer. Mais non ! Non, je ne vais pas pleurer parce que tout autour, partout, je ne vois que des sourires et des gens heureux ! La vie est belle. Elle reprend son cours … l’Art de vivre à la française reprend ses droits … Ici et là, je croise mes restaurateurs préférés : de l’Artnoa à la Chistera, du « Rendez-vous des halles » au « Bar du marché », au « Classique », à « Chéri Bibi », à « Etxola », ou à « Olatua » la rengaine est la même :

« Nous sommes ravis de vous retrouver, vous nous avez manqué ».

Tout un art de recevoir !

J’ouvre le journal

Café-terrasse-journal-ticket-à-gratter :
mon classico retrouvé

Gros titre : 

 

Crise migratoire à la Ceuta !

Tout un art de recevoir…

Sarcastique vous dites ? !
Nope, je ne fume pas de clope donc être cynique n’aurait aucune allure et je pourrai pas me voir en peinture. En revanche, lorsqu’on jette en pâture 8 000 êtres humains dont environ 2 700 mineurs, j’ai tendance à avoir des hauts le cœur et à m’interroger.

Si vous vous dites que cet article est en train de partir en banane alors que vous pensiez que je vous parlerai chocolatine et crab-roll, rappelez-vous – petit 1 – que ma tête est un vrai panier de crabes et puis – petit 2 – soyez heureux, je vous sers sur un plateau un bon sujet à aborder pour terrasser vos partenaires de soirée sans parler du COVID (pas de négociation Michel, le sujet est chiant et dépassé désormais et on ne peut pas parler de cul tout le temps ! )

Donc … reprenons. L’art de recevoir. Donc.

Ce savoir-faire. Ce truc bien acquis ; très français. Dont on se gausse avec raison et fierté.
Mais ne serait-ce pas aussi un savoir-être qui se voudrait un peu universel mais qu’on aurait laissé à quai ? (vous l’avez ?)

Un concept qu’on nous aurait mal expliqué ?

L’art de recevoir mais l’art de recevoir quoi ? Qui ? Elle parle de quoi cette expression finalement bon-sang-de-bonsoir ?

L’art de recevoir :
– Les gens,
– L’amitié,
– L’amour,
– Les claques (ça va ensemble non ?),
– Les compliments,
– Les migrants …

J’ai été élevée selon la politique de la porte ouverte : chez moi on fait dans la générosité, la bonté vivante, bien pensante. On part du principe que quand il y en pour un, il y en a pour deux pour peu qu’on fasse de la place. Un peu. Je vous reparlerai de ma mère, ce sera sa fête bientôt. Mais du coup, la (bonne) éducation que j’ai reçue c’est que recevoir est un Art … qui s’apprend, s’entretient, s’apprécie …

Bon que ce soit clair je préfère recevoir les gens et l’amitié que des claques dans la face (même si je sais encaisser).  Les compliments c’est encore un peu compliqué : c’est comme les fleurs, on adore en recevoir mais on n’a jamais le bon vase pour les mettre. L’amour je ne suis pas sûre de toujours m’en apercevoir à temps (et souvent ça marche de pair avec une paire de claques dans la face donc bon pas chaude-chaude-le chat échaudée qui craint l’eau froide). Et les migrants … que ce soit clair, c’est ma colère.

Si parler des migrants c’est être chiant, je plaide coupable au nom d’un engagement qu’on ne m’enlèvera jamais parce que c’est ça l’humanité même si ça ne fait pas l’unanimité. Au Maroc, la pauvreté a flambé 7 fois il parait alors voir Luna qui embrasse et enlace un exilé parvenu à atteindre l’autre côté m’a bouleversée parce que, oui, avec empathie, je me mets à sa place et je me dis que nous sommes tous des exilé-es qui allons chercher un petit (ou grand) quelque chose qui manque et qui avons besoin parfois d’un câlin, de tendresse pour être rassuré-e après une traversée.

Si écrire tout ça c’est être bobo, gaucho, sentimentale, banale c’est faire dans le réducteur du débat parce que c’est plus compliqué que ça, j’assume faire en ce vendredi dans le texte vomi qui sort du cœur.

Souvent, on oppose donner et recevoir. Comme s’il s’agissait de gestes antinomiques. Contradictoires. Comme s’il y avait toujours deux camps : ceux qui offrent et ceux qui prennent …

Pourtant, quand je vois le sourire des restaurateurs et serveurs, j’ai l’impression qu’il y a dans « le joie-de-recevoir » un truc qui tient plus du plaisir d’offrir avec le sourire que de l’opposition de deux camps. Alors quoi ? Finalement ?

L’art de recevoir ce serait la capacité de donner mais aussi de dire OUI et d’accepter une main tendue ou perdue, un compliment ou un reproche ; que quelqu’un s’approche, s’accroche ? Ce serait savoir dresser une table et se mettre à table ? Ce serait avoir le cœur ouvert dans le même temps que les bras et les yeux ?

Moi si tu me poses la question je te réponds que c’est dire « Faites comme chez vous mais n’oubliez pas que vous êtes chez moi malgré tout « .

Cela fonctionne pour tout : Il faut savoir poser ses limites mais en principe elles n’ont pas besoin d’être écrites, dites, elles sont implicites, tiennent du respect du tout à chacun. Encore une fois question d’éducation.

Le problème avec la politique de la porte ouverte c’est que tu peux laisser à penser / croire que c’est un saloon où tout cowboy peut venir décrasser ses santiags sur ton tapis et vider ses cartouches chez toi. Alors politique de la porte ouverte, on dit oui mais au juste milieu : ni trop carpette ni trop farouche. 

T’as compris l’idée ? 

L'Amie

Merci l’Amie. Décidément, je l’aime ce café.

Je suppose que vous avez également compris l’idée Ami-es lectrices et lecteurs ? 

Pour boucler cet article convenablement, il me vient une phrase d’un artisan rencontré à Marrakech il y a deux ans. Je me baladais dans les Souks de la Médina les babouches assorties à djellaba en quête d’un miroir et je suis tombée sur Mahjoub qui pleurait. Il venait d’apprendre la perte d’un ami. Allez savoir pourquoi, je me suis assise avec lui. Nous avons pris le thé, papoté de la vie, de la mort, du temps qui passe et Mahjoub m’a dit une phrase lorsque je suis partie :

« Tu sais Mélanie, il faut donner pour recevoir dans la vie. »

Je vous laisse réfléchir la dessus, on vient de m’apporter ma tartine : Beurre demi-sel sans confiture.

© Source photos: 

Mel Lenormand

Tetsuya Akama sur @MINT_Magazine

sur @RealismMagazine : Photos de Eliza Etaporodina ; George Tyebcho ; Prince Jyesi ; Sebastian Magnani ; 

 

La fête n’est pas finie !

La fête n’est pas finie !

« Le beau temps reviendra … c’est une frustration de ne plus pouvoir exercer notre passion … mais avec un peu d’imagination et de créativité on survit et Vive la vie ! »

Matthieu & Pauline

Ensemble c’est tout.

Cette semaine, au travers du portrait de Pauline Okasmaa et de Matthieu Turin, les deux entrepreneurs au grand cœur derrière le traiteur évènementiel Matthieu & Pauline, nous avons parlé partage et nous sommes un peu remémorés ce que pouvait être une grande tablée !

Nous nous sommes souvenus des soirées faites de grandes discussions autour d’un saucisson et d’une planche de fromages. Ces soirées à refaire le monde et imaginer celui de demain sous l’effet désinhibé que procure un bon vin.

Et, bordel ; ce que ça fait du bien !

Même si tout cela semble loin, d’un autre âge et pourrait presque nous pousser à ne pas être sages surtout à l’approche des fêtes de fin d’année où nous avons, d’ordinaire, tant plaisir à nous retrouver !

Mes copains sont restaurateurs, traiteurs, entrepreneurs des métiers de bouche. Nous formons une bande de joyeux lurons, bon-vivants de leur Etat adeptes des bonnes-choses et des bons-gens. Depuis quelques années, ils ont décidé de faire de leur sens de l’accueil un métier et vous accueillent chez eux comme si vous étiez chez vous (D’ailleurs l’ainé de ces zincs amicaux s’appelle Chez Nous ; on ne peut pas faire plus explicite , la messe est dite !)
Depuis de nombreux mois, le rideau est tombé sur Terra, Coup d’Œil, Jouvence, Le petit célestin et tous les autres. A juste titre (ou pas … que chacun en pense ce qu’il en voudra) il faut éviter les lieux publics, les rassemblements, préférer l’entre-nous loin de tous. L’habituel « Ensemble c’est tout » naturel pour tout bon français (peu importe d’où) à laisser place à un ensemble-mais-à-distance, puis à un bal masqué, toujours sans danse, et à une règle de six …

Le supplice.

Surtout pour eux. Avant tout pour eux.
Si au cours des différents confinements et couvre-feux, nous avons pu nous redécouvrir des passions, nous adonner à la cuisine, la peinture, la lecture, le sudoku et rattraper tout notre retard sur Netflix en même temps que nous avons bossé deux fois plus (coucou le télétravail) et sommes devenus des instit’ à domicile pour enfants pas dociles ; eux … ces gentlemen du bien et du bon vivre ont été privés de ce qui les anime le plus :

Recevoir !

Dur pour un artiste de la réception de rester en home-office,
Dur pour un créateur culinaire de ne pouvoir montrer son savoir-faire.

La galère.

 

A défaut de pouvoir servir des coups de blanc, ils se font des cheveux blancs. « Peu importe ce qu’il en coûte » a dit le gouvernement … et pourtant … les aides tombent au goutte à goutte … à peu près autant que les évènements, plaçant tout un secteur en rade, à l’arrêt, dans l’impossibilité de travailler.

Alors oui, il y a le click & collect qui maintient à peu près à flot certains établissements ; mais tel n’est pas le cas des secteurs de la fête et des évènements dont nous ne parlons pas assez à mon goût.

Pour eux, sans autorisation de nous rassembler, impossible de faire autrement … pour les discothèques c’est (Kamel) Oualou et pour l’évènementiel … le plomb dans l’aile.
Et ce n’est pas tout … car … dès lors que le rideau est baissé, l’ensemble des petites mains en coulisse est impacté.

Au même titre que les acteurs de la culture vont bientôt se trouver privés de confiture, les producteurs de produits du terroir broient du noir.

Sans possibilité d’écouler les stocks de produits, la production se ralentit … et pourtant le rythme des saisons continue et laisse bien dépourvus ceux que l’on appelle les « petits » pécheurs, ostréiculteurs, vignerons entre autres agriculteurs.

Et oui, on ne peut plus partager un bol de cacahuètes (en même temps c’était déjà pas gégéne coté hygiène avant) et les amuse-bouches c’est quand même beaucoup de minutie et moins marrant quand on a l’obligation de diner assis, du coup on fait moins dans le caviar et plus dans le picard à la maison et dans le un bol de soupe et au lit !

ça suffit !

La fête n’est pas finie !

Lors du premier confinement, j’avais écrit qu’il fallait manger raisonnablement histoire de pouvoir revenir comme des champions au marathon de la bouffe une fois que les rades ne seraient plus en rade. Mais ça c’était avant ! Avant que ne s’essoufflent mes espoirs de voir les restos relever le rideau.

Du coup, désormais, que ce soit en pyjama ou pas, fini le thé vert et place aux levers de verre !

Hors de question de voir mon palais perdre en exigence et compétences alors place à la sélection gourmet à la maison.

Je vous vois d’ici vous dire que chez Forme Libre nous avons fini par décompenser et que nous faisons des billets en Ode à l’alcoolisme. Rassurez-vous, là n’est pas le propos, il s’agit surtout d’optimisme.

D’optimisme et d’hommage aussi. Car si on y regarde de plus près, en toute honnêteté, il y a de quoi porter un toast à tous ces hôtes professionnels du partage.

Depuis des mois, bien que notre art de vivre ait été placé aux archives, pour les As de la fête, hors de question de se mettre martel en tête ! Hors de question de se lamenter, il vaut mieux se réinventer.

Et cela fait désormais des semaines et des mois que je les vois continuer … avancer … trouver des solutions pour que toujours dure la passion.

La fête est finie,
vive la fête !

Prenez Matthieu & Pauline par exemple, ils ont mis en place tout un tas de mesures sanitaires de sorte à pouvoir satisfaire à leurs obligations en même temps que de contenter les gloutons.

Ils expliquent tout dans le podcast  » Les voix d’avenir  » ci-dessous qui, en plus que d’être intéressant, permet de voir de l’avant.

Comme Pauline Okasmaa le dit :

« Il y a toujours des solutions, le soleil reviendra, cela ne sert à rien de se plaindre … cela ne mène nulle part. Il faut faire preuve de résilience, nous sommes en bonne santé, c’est une chance. Pour le reste, faisons tous notre part et soyons créatifs !« 

Il y a de quoi être admiratifs …


De ce positivisme envers et contre tout et de ce courage qui semble pouvoir venir à bout de tout !

De cette vivacité …

Un mot qui m’amène à vous parler d’un autre duo : celui de VIF , rencontré au hasard la veille du re-confinement, qui a – à peine plus d’un an – déjà dû se repenser, se redessiner, s’agencer pour faire moins dans l’agence de vin pour professionnels et plus dans le conseil aux gens en matière de bouteilles. Il faut dire que ces deux-là, Hélène et Thomas, en ont (de la bouteille) et de l’herbe sous le pied … on en reparlera sûrement plus tard mais, en attendant, nous ne pouvons que vous conseiller de vous faire plaisir (ou d’offrir) leur coffret sélection car il y a toujours une bonne occasion pour déboucher et déguster une bonne cuvée.

A la tienne Michel !

Et d’ailleurs si un coffret vous semble trop et que point trop n’en faut en matière de picole (je suis obligée légalement d’écrire un truc comme ça sur un média ; c’est la Loi !) vous pouvez toujours faire appel à Michel, enfin à la Cave à Michel de Maxime Tischenko qui saura vous conseiller pour vous régaler le soir du réveillon, à Noël ou pour la Saint Sylvestre puisqu’on parle de prénoms.

* 36 Rue Sainte-Marthe, Paris, 75010.

Je vous avais prévenus, désormais c’est petites sélections aux petits oignons à la maison.

A ce propos, ce billet est aussi une invitation : Vous êtes les bienvenus chez moi quand il vous plaira !

Parce que Ensemble c’est tout, c’est le BA-BA (celui du Domaine de Brousse découvert au travers des vifs conseils de Thomas) et que grâce au Tagine de Marie-Jo* à emporter je peux vous recevoir à ma table avec générosité !

Et puis si vous n’aimez pas le couscous y’a Jaïs aussi et j’ai toujours la possibilité d’appeler Matthieu & Pauline à la rescousse … Et pour ceux qui, comme moi sont des p’tits mousses, Manu a eu la bonne idée d’ouvrir sa guinguette à coquilles et fruits de mer à 200 mètres de chez moi  ! Passion Poisson … et Barrak’ à huitres à la barraque ! (Rue des trois frère 75018 Paris).

Si vous avez des bons plans à partager pour les fêtes de fin d’année ou après, n’hésitez pas à le faire en commentaire. Nous sommes tous de grands gourmands et puis, je suis convaincue que nous sortirons tous de cela en nous serrant les coudes et en continuant à lever le coude à la moindre occasion car il faut continuer à tout fêter et célébrer … malgré tout.

Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année. Gourmandes et Joyeuses.

Prenez soin de vous et de vos proches et n’oubliez pas d’avoir du nez en allant montrer le bout de votre nez chez PCR & co avant d’aller offrir et chercher vos cadeaux !

© Source photos: 

– Mélanie Lenormand

– Matthieu & Pauline 

– Les paniers de la petite Laura

– Le Tagine 

– La cave à Michel

– Pinterest